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Actualités - CHRONOLOGIE

Bien que les risques d'un déséquilibre confessionnel persistent On reparle d'un consensus à Beyrouth (photo)

Comme prévu, le dossier des municipales, et plus particulièrement le problème posé par les impératifs d’équilibre confessionnel à Beyrouth, ont été au centre des débats du Conseil des ministres qui s’est tenu hier soir au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui. Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a soulevé le cas de Beyrouth au cours de la séance, suggérant un amendement urgent de la loi électorale de manière à découper la capitale en plusieurs circonscriptions restreintes. La proposition de M. Boueiz n’a pas été retenue par le gouvernement, le président Hraoui, le chef du gouvernement et la plupart des ministres estimant que les électeurs beyrouthins sauront préserver l’équilibre confessionnel dans la composition du nouveau conseil municipal de Beyrouth. L’option préconisée par M. Boueiz — et appuyée par de nombreux pôles d’influence chrétiens — ayant été écartée, les démarches et les tractations seront désormais concentrées sur la recherche d’une formule de liste consensuelle qui puisse assurer une répartition des sièges du conseil municipal de Beyrouth à égalité entre chrétiens et musulmans. Cette dernière option ne saurait toutefois garantir totalement l’équilibre confessionnel souhaité. L’électorat chrétien risque en effet de se partager entre la liste soutenue par le pouvoir — qui regrouperait des candidats désignés par certains partis et courants chrétiens — et celle que le courant «aouniste» se propose de former avec d’autres fractions de l’opposition parlementaire anti-Hariri. Cette dispersion des voix chrétiennes pourrait vraisemblablement aboutir à l’élection d’une forte majorité de candidats mahométans inscrits sur les deux listes concurrentes. Le pouvoir se retrouverait ainsi avec un conseil municipal beyrouthin totalement déséquilibré, ce qui constituerait une grave atteinte au principe de la coexistence intercommunautaire. Ce sont de telles appréhensions — partagées par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, ainsi que par l’ensemble des pôles d’influence chrétiens — qui ont poussé M. Boueiz à soumettre hier soir au Conseil des ministres sa proposition de découpage de la capitale en plusieurs circonscriptions. Le chef de la diplomatie a souligné que le gouvernement était en mesure d’approuver une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence qui serait immédiatement transmise au Parlement afin d’amender la loi électorale. Mettant en garde contre les dangers de l’organisation du scrutin à l’ombre du découpage actuel, M. Boueiz a souligné que les électeurs mahométans concentreront vraisemblablement leur vote sur les candidats sunnites, ce qui aboutira à un déséquilibre confessionnel. M. Boueiz a été soutenu dans sa proposition par les ministres Elie Hobeika et Akram Chehayeb. Vœux pieux Le président Hraoui a pris alors la parole pour souligner qu’un tel risque aurait pu être écarté si le projet initial de désignation d’un tiers de certains conseils municipaux — dont celui de la capitale — avait été approuvé. Abondant dans le même sens, M. Hariri a affirmé sa détermination, en tant que député de Beyrouth, à empêcher que le scrutin ne débouche sur un déséquilibre entre chrétiens et musulmans. M. Boueiz devait alors rétorquer que les propos de M. Hariri ne constituent que des vœux pieux, nul ne pouvant garantir l’issue du vote. Le débat entre les membres du gouvernement ayant mis en évidence une forte majorité contre la proposition de M. Boueiz, celle-ci n’a pas été soumise au vote et n’a donc pas été retenue. Dès le début de la matinée, le premier ministre avait déjà donné le ton de la séance du cabinet en affirmant que le scrutin de Beyrouth ne serait nullement ajourné et qu’il aurait lieu sur base du découpage actuel. De source bien informée, on indique que M. Hariri craint que le projet de report du scrutin et de révision du découpage de Beyrouth cache une volonté de discréditer le gouvernement en semant le doute sur le bon déroulement des opérations électorales. A l’issue de la réunion, le ministre de l’Information Bassem el-Sabeh devait d’ailleurs faire allusion, en réponse aux questions des journalistes, à une telle éventualité. Il a ainsi souligné que certains ministres craignent que les objections soulevées au sujet de la circonscription de Beyrouth n’aient pour but de «troubler le déroulement des opérations électorales». Les contacts avec l’opposition chrétienne C’est donc dans un tel contexte que les efforts en vue de parvenir à un consensus se poursuivent au plus haut niveau. L’ancien ministre Fouad Boutros est au centre de ces tractations. Il doit tenir ce matin une nouvelle réunion avec les représentants des Kataëb, du Tachnag et du courant des «Forces libanaises». M. Boutros entreprend également des contacts à ce propos avec certaines fractions de l’opposition chrétienne anti-Taëf, dont notamment l’ancien leader des Kataëb, M. Elie Karamé. Mardi soir, M. Hariri avait tenu une réunion de travail consacrée au problème de Beyrouth avec M. Boutros ainsi qu’avec les représentants des Kataëb et des «Forces libanaises», MM. Karim Pakradouni, Simon Khazen, Bernard Jerbaka, Toufic Hindi, Joe Sarkis et Alfred Madi. L’éventualité d’un report du scrutin à Beyrouth a été soulevée au cours de cette rencontre par les représentants du courant des F.L.. Le chef du gouvernement a cependant souligné qu’une telle solution n’était pas envisageable dans la pratique, faute de temps (le scrutin à Beyrouth est prévu pour le 7 juin prochain). De source digne de foi, on indique que la recherche d’une formule de liste consensuelle bute principalement sur le refus de M. Hariri d’inclure dans cette liste des candidats membres de partis politiques. Cette attitude de la part du premier ministre a été violemment critiquée hier par plusieurs partis qui se sont élevés, dans un communiqué de presse, contre «les tentatives du premier ministre d’imposer son diktat à Beyrouth et d’écarter les partis afin de marginaliser la vie politique dans le pays». Le communiqué précise sur ce plan que les partis désigneront aujourd’hui leurs candidats au conseil municipal de Beyrouth. En apparence, les démarches entreprises en vue d’aboutir à un consensus semblent ainsi buter sur de nombreux obstacles de taille. Mais les espoirs d’un déblocage sur ce plan ne sont pas totalement perdus. C’est ce qu’a affirmé hier M. Tammam Salam, député de Beyrouth, qui sera l’un des piliers de la liste consensuelle en gestation. L’optimisme prudent manifesté par M. Salam est partagé par les milieux du premier ministre qui affirmaient hier soir que «le climat est plutôt positif» et que M. Boutros présentera dans les quarante-huit heures à M. Hariri la liste des candidats chrétiens, telle qu’établie (par M. Boutros) avec les responsables des partis chrétiens. Notons à ce sujet que les Arméniens insistent pour être représentés par 4 membres (sur les 24 que compte le conseil municipal), ce qui laisserait alors aux autres communautés chrétiennes 8 sièges. En tout état de cause, on indiquait hier soir de source proche des F.L. que la situation devrait se décanter effectivement dans les quarante-huit heures, la réunion prévue ce matin au domicile de M. Boutros étant sur ce plan cruciale pour la suite des événements. Les résolutions du Conseil des ministres Pour en revenir à la séance du Cabinet, elle s’est tenue en l’absence des ministres Bahige Tabbarh, Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, Talal Arslane, Chahé Barsoumian, Yassine Jaber, Fawzi Hobeiche, Nadim Salem et Hagop Demerdjian. Le communiqué officiel Après la fin de la réunion, le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, a donné lecture du communiqué officiel indiquant que le Conseil des ministres, après avoir examiné l’ordre du jour, a pris les décisions suivantes: — Autoriser l’Institut national de garantie des dépôts à devenir actionnaire dans une société garantissant les crédits octroyés aux petites et moyennes entreprises. — Réorganiser le ministère du Travail. — Modifier les conditions de nomination de certains fonctionnaires du ministère des Finances. Désormais, les contrôleurs fiscaux devront être titulaires de diplômes universitaires. — Participer au capital de la société arabe des industries pharmaceutiques et des équipements médicaux. — Définir les catégories sociales qui pourront bénéficier de la loi sur l’habitat. — Autoriser le ministère des Ressources hydrauliques et électriques à prendre les mesures nécessaires pour adjuger le projet de construction du réseau de canalisation d’eau potable dans la localité de Kfarchima. M. Sabeh a précisé que le Conseil des ministres a ensuite évoqué des questions ne figurant pas à l’ordre du jour. «Le président de la République a dit que le Liban a gagné le pari de la stabilité et de la paix nationale dont nous avons jeté les bases il y a neuf ans(...), a déclaré le ministre. Ce qui a été réalisé dimanche dernier (les élections municipales au Mont-Liban) constitue la plus grande réalisation du processus d’édification de l’Etat et de ses institutions et renforce la participation des citoyens à l’opération de construction à travers la réactivation des pouvoirs locaux. Ces pouvoirs jouent un rôle très important au niveau du développement des villes et des villages et consolident le sens de la responsabilité chez les citoyens». Hommage au ministre de l’Intérieur M. Hraoui a ajouté que la participation massive aux opérations de vote reflète «la confiance des citoyens dans leur Etat et dans l’avenir». Le président de la République a rendu hommage au ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, et à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette consultation, notamment les services de sécurité qui ont assuré le climat nécessaire. «Nous sommes fiers de cette réalisation marquée par la liberté et l’intégrité (du scrutin) et par la neutralité du pouvoir, a-t-il dit. Candidats et électeurs, loyalistes et opposants, tous ont reconnu que le processus électoral s’est déroulé dans les meilleures conditions». Le chef de l’Etat a demandé au ministère de l’Intérieur et à toutes les administrations concernées de coopérer pour assurer la réussite des autres phases du scrutin. M. Hariri a pris la parole à son tour pour rendre hommage aux responsables et aux notables de Beyrouth qui insistent sur la nécessité de garantir l’équilibre national dans la capitale.
Comme prévu, le dossier des municipales, et plus particulièrement le problème posé par les impératifs d’équilibre confessionnel à Beyrouth, ont été au centre des débats du Conseil des ministres qui s’est tenu hier soir au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui. Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a soulevé le cas de Beyrouth...