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Actualités - ANALYSE

La corruption, une plaie aussi mondiale que chronique ...

Comme il faut bien élargir un peu son horizon, même en plein dimanche de municipales, un sage blanchi sous le harnais de la politique locale soutient que «ce n’est pas tant l’usure de 32 ans de pouvoir qui est venu à bout de Suharto que la corruption. Alliée à un népotisme forcené, qui met les Suharto à la tête de quelque 40 milliards de dollars, cette tare a fini par effriter les finances publiques et l’économie indonésienne, qui est la seule à n’avoir pas pu se relever du récent krach dans le sud-est asiatique. La monnaie indonésienne s’est effondrée, les prix ont flambé et le pouvoir y a mis du sien en faisant flamber les taxes. Au point que les Américains qui pensaient injecter 43 milliards de dollars à Djakarta se sont repris, estimant que le sauvetage ne serait pas possible si certaines conditions, à commencer par le départ de Suharto, n’étaient pas d’abord remplies. Il s’agit notamment de mettre en place une forte équipe de travail économique pour réaliser des réformes, allant dans le sens de l’épuration des mœurs publiques. Au risque d’être accusés d’immixtion dans les affaires intérieures d’un pays, les Etats-Unis n’ont donc pas hésité à précipiter l’abdication du dictateur en lui demandant de faire ses bagages sans tarder.» «La presse, poursuit cette personnalité, a évoqué en détail la fortune des six enfants de Suharto, le partage monopolistique des ressources de leur pays et leurs investissements à l’étranger. Leur concupiscence n’a rien négligé: les autoroutes à péage, les chemins de fer, les centrales électriques, la canne à sucre, les plantations de dattiers, la banque, les tankers, les usines pétrochimiques, les hôtels, les agences de voitures sans douane, les transports maritimes, le pétrole et le clou: le clou de girofle dont l’Indonésie est le premier producteur mondial. On a vu dans de nombreux cas, en Afrique, en Amérique latine ou en Europe, des familles de dictateurs s’enrichir scandaleusement. Mais on a vu également des potentats vertueux sur le plan de l’honnêteté personnelle. Personne par exemple n’a jamais dit que Franco ou Salazar étaient des nababs comme Tito, Ceaucescu, Somoza, Mobutu, Bokassa ou Trujillo. Le critère à retenir dans le domaine de l’économie n’est d’ailleurs pas tellement le système politique que l’intégrité. Pour l’essor d’un pays, un régime totalitaire honnête, au-delà de tous les abominables défauts que cela implique, reste préférable à un régime démocratique corrompu. La pire des situations c’est quand il n’y a pas une justice ou une assemblée qui se mettent en action pour sanctionner les détournements de fonds, les gaspillages, la gabegie, les pots de vin, les contrats foireux, les magouilles. Certes quand il y a oppression des libertés, le peuple souffre dans son esprit et finit souvent par se soulever. Mais quand il y a vol organisé de son potentiel, il risque à la longue d’avoir faim et c’est au moins aussi grave. On peut même dire que les gens sont souvent disposés à accepter de voir leurs libertés publiques ou privées réduites comme prix du bien-être économique. Il leur arrive même d’être dans ce sens plus royalistes que le roi, plus sévères que la loi, de s’imposer à eux-mêmes d’incroyables contraintes sociales ou individuelles pour accéder à la prospérité et la garder: on peut à ce titre citer le Japon où les travailleurs font facilement dix heures par jour, et ne prennent même pas une semaine de congé par an.» «Il ne faut en tout cas pas, souligne ce vétéran, que la démocratie serve de paravent à une corruption généralisée qui tôt ou tard se transforme en crime organisé, en mafia, en se systématisant au fil des jours. Les pays libres connaissent presque inévitablement des problèmes de ce genre, mais quand ils sont véritablement démocratiques ils finissent toujours pas réagir, comme on l’a vu en Italie et à un moindre degré en Amérique, en France et en Angleterre où personne ne peut étouffer “les affaires» une fois que la justice s’en est saisie. la force de la démocratie c’est certes de garantir les libertés et de permettre aux citoyens de s’exprimer; mais à quoi cela peut-il bien servir, si ce n’est pas suivi d’effets concrets. Il ne suffit pas, comme chez nous, que chacun soit libre de dénoncer; il faut encore qu’il y ait des suites judiciaires et politiques, pour corriger une trajectoire qui sinon mène tout droit à l’abîme économique comme à la faillite des finances publiques» A bon entendeur salut, pour ainsi dire…
Comme il faut bien élargir un peu son horizon, même en plein dimanche de municipales, un sage blanchi sous le harnais de la politique locale soutient que «ce n’est pas tant l’usure de 32 ans de pouvoir qui est venu à bout de Suharto que la corruption. Alliée à un népotisme forcené, qui met les Suharto à la tête de quelque 40 milliards de dollars, cette tare a fini par...