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Actualités - REPORTAGE

Aley : une opération électorale sans histoire (photos)

Le climat était hier à la détente dans le caza d’Aley où l’opération électorale s’est déroulée sans incident. Sans même un soufflet comme on dit chez nous… Pourtant, les listes de coalition du dernier quart d’heure ont volé en éclats quelques heures à peine après avoir été annoncées au milieu d’un grand tapage médiatique par les principaux pôles druzes du caza. Et, de ce fait, c’est une bataille serrée qui a eu lieu dans la plupart des localités. L’armée s’était déployée en force à Choueifat, Kahalé et à Aley même. Mais, tout au long de la journée d’hier, les forces de l’ordre, en position à proximité des bureaux de vote, n’ont pratiquement eu… qu’à organiser la circulation... Entente mort-née à Choueifat Scellée, vendredi soir, l’entente à Choueifat entre arslanistes et joumblattistes n’a pas tenu trente-six heures. Le panachage était le mot d’ordre dans le fief de l’émir Magid Arslan. La cause? Les quatre pseudo-indépendants que le PSP s’était engagé à retirer sont restés en lice. Du même coup les voix des joumblattistes se sont naturellement reportées sur ces quatre camarades de parti, et du même contrecoup les arslanistes ont panaché… En fin de journée, les habitants de Choueifat semblaient, cependant, soulagés. L’entente de principe entre les deux pôles druzes a servi au moins à pacifier la localité qui a été le théâtre, lors des législatives de 1996, d’un incident sanglant qui avait coûté la vie à Makram Arbid, garde du corps personnel de l’émir Talal Arslan. Arbid avait été abattu par un des proches du député Akram Chéhayeb. Cet incident avait mis en émoi, pendant plusieurs mois, la localité de Choueifat. Pour réduire au maximum les éventuelles atteintes à la sécurité ainsi que les possibles abus des uns et des autres, le ministre des Emigrés a consenti à ne pas désigner un chef à la liste dite du Sauvetage et à laisser donc aux membres du conseil municipal élu le soin d’élire, «en toute démocratie», leur président. Norma, 20 ans, arborant une casquette rouge et un tee-shirt blanc à l’effigie de la liste du Sauvetage, est confiante. «Le panachage ne devrait pas mener loin à Choueifat, la majorité des candidats étant des partisans de l’émir Talal». Elle ne manque pas, cependant, de reconnaître avec amertume que la machine électorale du PSP est importante et qu’une percée électorale pourrait être enregistrée dans la localité. «Le parti de Walid Joumblatt s’est structuré pendant les années de guerre», dit-elle. Un peu plus loin, un homme d’un âge certain se félicite de l’affluence des chrétiens vers les bureaux de vote. «Bien que les chrétiens n’aient pas réintégré leurs habitations dans la localité par manque de fonds, ils sont venus nombreux voter dans l’espoir d’un retour prochain», dit-il. Coalition précaire à Aley Même son de cloche à Aley où les chrétiens, dit-on, ont participé d’une manière importante, au scrutin par souci de préserver, les sept sièges qui leur sont destinés dans cette localité. «Une abstention de leur part pourrait éventuellement leur coûter très cher et les marginaliser davantage», affirme Hanadi venue à Aley pour passer le week-end et prendre part au scrutin avant de déplorer le fait que la vice-présidence de la municipalité leur a été arrachée en contrepartie de l’octroi d’un siège supplémentaire au sein du conseil municipal. L’usage en vigueur, jusqu’aux dernières élections municipales, accordait aux chrétiens six sièges dont la vice-présidence. Dans cette localité, le choix des électeurs n’est pas grand. Une poignée de candidats indépendants a mené la bataille jusqu’au bout contre la liste de «la Fidélité et de la Reconstruction», liste unique dans la localité, proclamée à partir du domicile du ministre Akram Chéhayeb à Aley. Walid, un jeune ingénieur de 30 ans, ne mâche pas ses mots. Il affirme que des notables de la région ont dû renoncer à former des listes électorales en raison des pressions que certains pôles influents ont exercé sur eux. Il parle «d’une liste préfabriquée imposée aux citoyens». C’est avec un air de mépris qu’il évoque les alliances contre nature scellées entre des partisans du PSP et d’autres des FL au sein de cette liste unique. «Le PSP planifie déjà pour les Législatives de l’an 2000 qui devront se dérouler sur base d’une circonscription unique au Mont-Liban», dit-il. Guerre de communiqués Samedi, une vive tension était perceptible à Aley, quelques heures, après la proclamation de la liste de «la Fidélité et de la Reconstruction». Le PSP et les partisans de l’émir Fayçal Arslan s’étaient livrés une guerre de communiqués. Mme Hayat Arslan a condamné en termes vigoureux la formation d’une liste unique à Aley accusant le PSP de vouloir renforcer sa mainmise sur la localité et de confisquer la décision des habitants d’Aley. Elle a reconnu avoir tenté sans succès de former une liste d’intellectuels. A présent, elle a apporté son appui aux rares candidats indépendants qui poursuivent la bataille dont Amal Rayess. Le ministre Akram Chéhayeb, rencontré dans un bureau de vote de la localité, est peu convaincant. Il se veut à égale distance des candidats qui ont été désignés par leurs familles. Kahalé et Bhamdoun-Village A Kahalé et à Bhamdoun-Village, c’est presque le même paysage électoral. Deux listes s’affrontent. L’une est soutenue par le pouvoir et l’autre représente les différentes familles du village. A Kahalé, la liste présidée par Souheil Bejjani est soutenue par le député Abdo Bejjani connu pour sa sympathie pour le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri. Paul, partisan de liste opposée, dite de «la Décision libre de Kahalé», affirme que «l’opération électorale d’aujourd’hui constitue le deuxième acte des Législatives. Les alliances sont identiques à celles de 1996», dit-il, avant de souligner que M. Abdo Bejjani n’avait pas obtenu à l’époque plus de deux cents voix à Kahalé. Il avait remporté la victoire grâce aux suffrages des joumblattistes et des partisans de M. Hariri. A Bhamdoun-Village, la bataille est extrêmement serrée. Les deux listes semblent jouir d’un appui égal de la part des électeurs. Le président sortant de la municipalité Khalil Khairallah, conduisant la première liste représentant les différentes familles, semble très populaire. «Il est crédible et honnête», affirme un ancien député de la région venu voter à son village de Aïn Trez. «Il a beaucoup œuvré pour la reconstruction de son village», dit par ailleurs Naïm, un quadragénaire avant de reconnaître que beaucoup reste à faire pour restituer à Bhamdoun son faste d’antan. Dans les heures qui viennent, seul le dépouillement des voix devrait trancher.
Le climat était hier à la détente dans le caza d’Aley où l’opération électorale s’est déroulée sans incident. Sans même un soufflet comme on dit chez nous… Pourtant, les listes de coalition du dernier quart d’heure ont volé en éclats quelques heures à peine après avoir été annoncées au milieu d’un grand tapage médiatique par les principaux pôles druzes du...