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Actualités - CHRONOLOGIE

A Beit Chabab, la liste Sami Toubiya en appellerait au conseil d'Etat

Baabda, Hadeth et Beit Chabab devront donc attendre jusqu’au 28 juin pour élire leurs conseils municipaux, le ministère de l’Intérieur ayant découvert à la dernière minute que les listes électorales de ces trois localités étaient incorrectes. Du moins, telle est la raison officielle invoquée pour le report, mais pour beaucoup de personnes concernées par les élections dans ces trois localités et notamment à Beit Chabab, le motif véritable est tout autre: «L’Etat n’a pas réussi à former des listes fortes face à celles de l’opposition», dit-on. Si les candidats aux conseils municipaux de Baabda et de Hadeth semblent se résigner à attendre jusqu’au 28 juin, ce n’est pas le cas pour ceux de Beit Chabab: la liste indépendante formée par cheikh Sami Toubiya et soutenue par l’opposition aouniste a décidé de présenter, lundi, devant le Conseil d’Etat, un recours invalidant la décision du ministère de l’Intérieur. On s’attendait depuis jeudi déjà à un report des élections à Hadeth: ce jour-là, il était apparu que les noms de 2.000 électeurs des quartiers de Sebnay et de Haret el-Botom, relevant de la municipalité de Hadeth, ne figuraient pas sur les listes d’électeurs. Mais c’est l’ajournement du scrutin à Beit Chabab qui a surpris. Là aussi, le ministère a découvert, à quarante-huit heures du scrutin, que ses services ont omis d’ajouter aux listes d’électeurs de Beit Chabab les noms de 300 électeurs d’une localité adjacente: Mar Boutros-Kraym el-Tine. Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a officiellement annoncé le report hier matin. «Conformément à la décision du Conseil des ministres du 20/5/1998, le ministère de l’Intérieur a publié des arrêtés stipulant l’ajournement des élections des conseils municipaux et de moukhtars, pour des raisons en rapport avec la sécurité et la régularité des opérations électorales à Baabda-Louayzé-Fayadiyé, Hadeth-Sebnay-Haret el-Botom et Beit Chabab-Mar Boutros Kraym el-Tine», selon l’arrêté, qui fixe au 28 juin la date du scrutin dans les trois localités. Les réactions hostiles au report des élections à Beit Chabab ne se sont pas fait attendre. A «L’Orient-Le Jour», cheikh Sami Toubiya a affirmé que la liste qu’il préside a décidé de présenter lundi un recours devant le Conseil d’Etat, précisant que ses avocats ont commencé à préparer le texte. A Beit Chabab, trois listes étaient en lice. L’une d’elles, présidée par M. Emile Habchi el-Achkar (incomplète) est soutenue par le courant aouniste mais il est pratiquement difficile de coller une étiquette politique aux deux autres, qui comprennent chacune des candidats proches de l’opposition. Celle présidée par M. Toubiya bénéficie du soutien des différents courants de l’opposition. L’autre, conduite par M. Elias Moussa el-Achkar, est soutenue par le ministre de l’Intérieur et elle est considérée comme étant «la liste du pouvoir». La situation peut paraître à prime abord confuse, voire étrange, mais il faut comprendre qu’à l’instar de plusieurs autres régions libanaises, ce sont les susceptibilités locales et les considérations d’ordre familial qui priment et qui justifient parfois les alliances entre des courants politiques opposés. Si M. Toubiya désigne sa liste comme étant indépendante parce qu’elle regroupe des personnalités non affiliées à des courants politiques et choisies en fonction de leurs aptitudes, son rival reconnaît qu’il a voulu former «une coalition de partis». Sa liste est formée des partisans du Kataëb et d’un candidat proche du courant aouniste. Elle était supposée grouper parmi ses membres des candidats du PSNS, mais jusqu’à hier, le parti n’avait pas nommé ses candidats au sein de cette liste qui est donc demeurée incomplète. A Beit Chabab, selon les rumeurs, c’est parce qu’il n’a pas été possible de compléter cette liste et pour empêcher celle qui est soutenue par l’opposition de remporter les élections que l’Etat a préféré reporter le scrutin dans cette localité. Aux yeux de M. Toubiya, le report n’est nullement justifié: «Mar Boutros Kraym a son propre registre foncier. Elle est donc indépendante de Beit Chabab et avait toujours son moukhtar», déclare-t-il à «L’Orient-Le Jour», ajoutant que Beit Chabab avait depuis 1890 sa propre municipalité. Il précise aussi que Beit Chabab-Mar Boutros Kraym el-Tine «n’ont même pas été fusionnées pour former une municipalité nouvelle afin qu’on ajoute les noms de ses électeurs» (300) aux listes électorales de Beit Chabab. «Intervention de l’extérieur du village» M. Toubiya confie qu’on a tenté de le convaincre de prendre sur sa liste des candidats du PSNS soutenus par M. Murr, mais qu’il avait refusé de le faire parce qu’il était contre «une intervention de l’extérieur (du village) dans les élections de Beit Chabab». Dans cette localité, des efforts avaient été déployés pour former une seule liste de coalition: «Mais ils voulaient que cette liste soit composée de six candidats du PSNS, de quatre autres proches de M. Murr et de deux de notre part, ce que nous avons refusé», dit-il. Il insiste sur le caractère indépendant de sa liste, affirmant que si elle est appuyée par l’opposition, «c’est parce que cette dernière est proche de nos options beaucoup plus que celles de la deuxième liste». Critiquant vivement le report des élections, M. Toubiya souligne le mécontentement que la décision du ministère a fait naître parmi la population. Ce sentiment se traduira, selon lui, par un vote de dépit dans d’autres villages du Metn: les électeurs bouderont les candidats proches du pouvoir. Plus laconique, M. Elias el-Achkar explique à «L’Orient-Le Jour» qu’une partie des habitants de Mar Boutros-Kraym el-Tine vote à Beit Chabab parce que leur état civil est enregistré dans ce village, ce qui explique que leurs noms doivent figurer sur la liste d’électeurs de cette localité. Il rejette tout autre interprétation politique de la décision du ministère de l’Intérieur et explique que la liste qu’il a formée est neutre et qu’elle regroupe tous les partis représentés à Beit Chabab. M. Achkar reconnaît toutefois que sa liste est restée incomplète. «Nous avons voulu laisser trois places vacantes aux candidats du PSNS», dit-il. Jusqu’à hier, le parti ne les avait pas nommés. D’autres figures opposantes se sont élevées contre le report des élections à Beit Chabab. MM. Pierre Amine Gemayel et Michel Samaha estiment que c’est parce que les listes électorales dans ce village «ne sont pas du goût du pouvoir que le scrutin a été reporté». M. Gemayel accuse le pouvoir d’avoir voulu imposer des candidats du PSNS sur l’une ou l’autre des deux listes. «Il n’a pas réussi et a préféré ajourner les élections dans cette localité», ajoute-t-il.
Baabda, Hadeth et Beit Chabab devront donc attendre jusqu’au 28 juin pour élire leurs conseils municipaux, le ministère de l’Intérieur ayant découvert à la dernière minute que les listes électorales de ces trois localités étaient incorrectes. Du moins, telle est la raison officielle invoquée pour le report, mais pour beaucoup de personnes concernées par les élections...