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Actualités - ANALYSE

Un scrutin qui éclipse tous les problèmes, dont la prorogation

Les municipales sont le meilleur des cache-misère: bien que les fins de mois restent aussi difficiles à boucler, plus personne ne parle de la crise socio-économique ou ne songe à vérifier les assertions gouvernementales se vantant d’une réduction du déficit budgétaire… La «révolte des affamés» s’est tout aussi engourdie que la croisade contre le mariage civil menée tambour battant par les pôles religieux ou que la campagne hraouiste pour une réforme constitutionnelle. La session parlementaire du printemps va se terminer sans signe apparent d’approbation de la nouvelle échelle des salaires dans le secteur public ni, par ailleurs, d’un amendement double de l’article 49 C ( Constitution) pour permettre un troisième mandat Hraoui ou l’élection du général Lahoud. On doute du reste que le quorum puisse être désormais assuré Place de l’Etoile pour une quelconque séance de travail, ces messieurs députés étant accaparés par les municipales. Mais ils promettent de compenser, une fois la course terminée et en vue des présidentielles, par une session extraordinaire d’été qui ferait siéger en permanence jusqu’à la fin de l’année une Chambre du reste appelée à se retrouver en session ordinaire en octobre. Certains vacanciers impénitents suggèrent toutefois que l’on se contente début juillet d’une rallonge minime pour expédier le double amendement à tout hasard et voter les projets urgents ou importants dont le ministre d’Etat Elias Hanna a établi la liste. Pour ce qui est de l’article 49, une source gouvernementale rappelle qu’«en session extraordinaire, il appartient au chef de l’Etat de prier le gouvernement de transmettre un projet d’amendement à la Chambre, cela conformément à l’article 76 C. En session ordinaire, une motion signée par dix députés au moins peut demander l’amendement, conformément à l’article 77 C. Il faut alors un vote aux deux tiers des membres de l’Assemblée aux fins que le président de la Chambre transmette au Cabinet le souhait de le voir établir un projet de loi…» Une procédure de navette un peu surréaliste et d’autant plus longue que si l’Exécutif est réticent, il dispose de quatre mois pleins avant d’être obligé de rédiger le projet de loi demandé. La personnalité gouvernementale citée signale cependant que l’on aurait plutôt tendance à laisser la question pour la session ordinaire d’octobre, «cela pour les raisons suivantes: — Le chef de l’Etat ne semble nullement désireux d’user de sa prérogative exclusive en session extraordinaire de saisir le gouvernement d’une demande d’amendement de l’article 49. — Si le débat devait s’ouvrir fin juin ou début juillet, la bataille des présidentielles serait ipso facto lancée pour de bon, provoquant une tension préjudiciable à la saison touristique. — De plus la campagne favoriserait tout naturellement, une fois le double amendement intervenu, les courants qui militent pour la prorogation ou pour l’avènement du général Lahoud. Et la question apparaîtrait même tranchée si l’amendement devait être simple, portant soit sur la reconduction soit sur le feu vert à la candidature d’un fonctionnaire en exercice. Il est donc normal que les amis de tous les autres candidats potentiels, et ils sont nombreux, s’opposent à une procédure rapprochée dans le temps. Du reste les décideurs conseillent de temporiser et ne souhaitent en tout cas pas, selon toute apparence, une élection anticipée. La période transitoire serait en effet trop prolongée pour qu’il n’y ait pas une déperdition d’énergie dont pâtirait le nouveau régime, confronté pour de longues semaines à des contradictions avec le régime partant. Dès lors, il n’est pas exclu que l’élection se fasse le plus tard possible, pour que la passation des pouvoirs soit aussi immédiate. Il est donc probable que si amendement il doit y avoir, et ce sera une question d’opportunité que les décideurs trancheront, cela ne soit pas avant la session ordinaire d’automne, par le biais d’une motion parlementaire», indique cet officiel qui conclut en soulignant que «les décisions finales seront très probablement prises en fonction de l’évolution de la situation régionale car à chaque cas de figure devrait correspondre un type de chef d’Etat différent, soit un homme tranquille, soit un homme à poigne…»
Les municipales sont le meilleur des cache-misère: bien que les fins de mois restent aussi difficiles à boucler, plus personne ne parle de la crise socio-économique ou ne songe à vérifier les assertions gouvernementales se vantant d’une réduction du déficit budgétaire… La «révolte des affamés» s’est tout aussi engourdie que la croisade contre le mariage civil menée...