Les femmes dans la mêlée municipale Candidate des verts à Choueifate Hyam Moucharrafié : l'environnement, au coeur des débats (photo)

Les «verts» se lancent dans la bataille municipale: cinq candidats sur l’ensemble du territoire dont une femme, Hyam Moucharrafié, à Choueifate. C’est dire que les mouvements écologiques prennent au sérieux cet enjeu. Pour en convaincre les derniers sceptiques, il n’y a qu’à entendre parler Mlle Moucharrafié, qui évoque avec passion, l’importance de l’environnement, «au moins au niveau des conseils municipaux». Sa candidature n’est donc nullement le fruit du hasard ou une initiative individuelle. Militante au sein de l’association écologique «La tribune verte» (qui avec une dizaine d’autres associations forme le mouvement «La rencontre verte»), elle a tenu de nombreuses réunions avec ses compagnons avant de se décider. «Après de longues discussions, le mouvement a estimé qu’il est nécessaire de participer à ces élections, d’autant que le conseil municipal a un grand rôle à jouer au niveau de l’environnement.» Pour bien montrer ses options claires en faveur d’une société plus juste et plus égalitaire, notamment entre les hommes et les femmes, le mouvement a choisi de présenter la candidature de Hyam Moucharrafié à Choueifate. Elle est donc l’un des 47 candidats aux 18 postes de membres du conseil municipal. Mais ce grand nombre ne l’effraie pas, même si la bataille s’annonce serrée. C’est qu’à Choueifate, aux traditionnels clivages familiaux et politiques se greffent souvent des conflits tribaux. Toutefois, dans cette localité mixte, chrétiens et druzes vivent en grande harmonie et le vice- président du conseil municipal est traditionnellement chrétien. Hyam Moucharrafié ne cache pas ses options politiques, au contraire, elle les revendique, sans craindre que cela ne la prive d’une partie des électeurs. «Il faut être conséquent avec soi-même, dit-elle. En tant que militante pour le respect de l’environnement, j’estime que le ministre Walid Joumblatt est un pionnier dans ce domaine. En 1996, lors de la campagne pour les législatives, il avait interdit l’affichage de photos dans tout le Chouf, pour préserver la beauté des lieux. Et il a toujours tenu à respecter l’environnement et la nature.» A Choueifate, les problèmes écologiques ne manquent pourtant pas. Il y a eu d’abord le cas de l’incinérateur de Amroussiyé (localité voisine), contre lequel Hyam et son groupe se sont battus. Et finalement, ils ont eu gain de cause, l’incinérateur ayant été remplacé par une usine de tri des ordures. Certes, selon Mlle Moucharrafié, il s’agit d’une solution provisoire, l’idéal étant que le tri des ordures se fasse dans les maisons pour qu’à Amroussiyé il n’y ait plus qu’une usine de compostage, c’est-à-dire de traitement des ordures ménagères, mais du moins est-ce un début. Appui de Joumblatt Toutefois, l’adhésion de la candidate Moucharrafié aux thèses de Walid Joumblatt ne se limite pas à ses positions en faveur du respect de l’environnement. «Personnellement, dit-elle, je crois dans la démocratie, la laïcité, l’égalité... autant de principes que défend le parti de M. Joumblatt.» Ce dernier a d’ailleurs clairement appuyé sa candidature, heureux d’encourager les femmes à se lancer dans le domaine public. «Par contre, ajoute-t-elle, un groupe de dames s’est rendu à Khaldé (chez l’émir Talal Arslane) pour essayer d’obtenir son appui à des candidatures féminines, mais la seule réponse a été: pour l’instant, je préfère ne pas aborder ce sujet...» Pour Hyam Moucharrafié, il n’y a donc pas à hésiter. Même si cela risque de lui faire perdre des voix? «Ces voix n’étaient de toute façon pas avec moi», répond-elle. Pour l’instant, elle ne figure sur aucune des listes en présence, pour la bonne raison qu’à deux jours du scrutin, celles-ci n’ont pas encore été annoncées, mais elle pense qu’elle sera forcément sur la liste joumblattiste qui adoptera son programme écologique. Et, pour elle, c’est ce qui compte. Aujourd’hui, pourtant, tous les candidats évoquent dans leurs programmes des objectifs écologiques, n’a-t-elle pas le sentiment qu’on lui vole ses idées pour des raisons uniquement électorales? «Je trouve très bien que les candidats soient contraints de placer les questions de l’environnement parmi les priorités de leurs programmes respectifs. Cela signifie que les citoyens sont de plus en plus sensibles à ces problèmes. En tant que militante en faveur du respect de l’environnement, j’estime que c’est déjà une grande victoire. Et si j’échoue aux élections municipales, je continuerai à militer dans le domaine écologique. Si les vainqueurs ne tiennent pas leurs promesses, je serai là pour leur demander des comptes». Hyam Moucharrafié affirme qu’en tant que femme, sa candidature a été très bien accueillie. «Les habitants de Choueifate souhaitent avoir une femme dans leur conseil municipal, dit-elle. Il y a d’ailleurs une autre candidate et nous coopérons ensemble, par solidarité féminine.» Ce n’est donc pas sa condition de femme qui gêne Hyam dans sa campagne. Ni même l’aspect politique de la bataille: «On a beau dire, souligne-t-elle, mais, à mon avis, les élections municipales ont un volet politique prononcé et personnellement ,cela ne m’effraie nullement. Au contraire, je suis une personne engagée, (même si elle n’est pas membre du Parti socialiste progressiste) dans la politique et dans la protection de l’environnement». Non, ce qui la gêne c’est que la bataille prend parfois des aspects tribaux qui n’ont rien à voir avec l’intérêt de la municipalité et celui des citoyens. «Mais j’ai l’appui de ma famille, et de toutes les personnes concernées par l’environnement à Choueifate», affirme-t-elle. Dans deux jours, elle saura si cela suffit pour être membre du conseil municipal dans cette localité.