Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Indonésie : un nouveau président sous haute surveillance (photos)

L’usure de trente-deux ans d’un pouvoir contesté, la crise économique, la révolte des étudiants, l’ultimatum lancé par le Parlement, enfin les pressions internationales — essentiellement américaines — ont fini par avoir raison du président indonésien Suharto, qui a cédé sa place jeudi à son numéro deux Yusuf Habibie. Ce changement dans les formes constitutionnelles a mis fin provisoirement à la spirale dangereuse de la crise politico-financière. Mais le nouveau chef de l’Etat a aussitôt été placé sous haute surveillance, à l’intérieur comme à l’extérieur Censé achever le quinquennat que venait d’entamer Suharto, il y a à peine deux mois, à l’âge de 76 ans, Habibie, qui passe pour son fils spirituel, pourrait n’être qu’un chef d’Etat transitoire. Le Golkar, le partir au pouvoir, n’a pas exclu que son mandat soit abrégé «en fonction de la dynamique politique que connaîtra le pays». D’ores et déjà, le Golkar tient à lui adjoindre un vice-président et son leader, Harmoko, l’a prévenu que le Parlement surveillerait étroitement sa politique et que la dynamique des réformes ne devait plus s’arrêter. Le dirigeant musulman Amien Rais, qui avait pris la tête de la croisade contre Suharto, a rencontré Habibie peu après sa prise de fonctions et, tout en précisant qu’il restait dans l’opposition, a estimé qu’il fallait lui «donner sa chance de démontrer qu’il est un bon président». «Je partage l’avis des étudiants pour qui Habibie pourrait ne pas être un bon remplaçant. Mais je veux être réaliste et je souhaite que les étudiants le soient aussi. C’est trop de demander la démission immédiate de Habibie», a ajouté Rais, qui revendique 28 millions de sympathisants. Précisément, les étudiants indonésiens, dont les manifestations des dernières semaines avaient fortement préparé la chute de Suharto, ont accueilli celle-ci dans la joie mais semblaient divisés sur l’attitude à tenir face à une suite qu’ils n’ont pas choisie. Si Rama Pertama, un de leurs leaders, a déclaré «rejeter» l’accession au pouvoir d’un homme du sérail, la direction de l’association islamique des étudiants indonésiens s’est gardée de récuser le nouveau président, se bornant à exiger de lui des «réformes substantielles et aussi rapides que possible». Promesses Dans son premier discours, le nouveau chef de l’Etat a aussitôt promis une série de mesures politiques et économiques. Il s’est ainsi engagé à réexaminer des lois très controversées contre la subversion et a annoncé que le gouvernement — appelé à être formé aujourd’hui vendredi — appliquera les réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI). Le transmission du pouvoir de Suharto à Habibie bénéficie du soutien crucial de l’armée, a indiqué à la télévision son chef, le général Wiranto, en précisant que les militaires «préserveront activement la sécurité nationale». Le calme régnait dans les rues de Djakarta des heures après le changement de pouvoir et l’armée avait desserré sensiblement l’étroit quadrillage qu’elle avait mis en place dans la capitale pour éviter le renouvellement des violentes manifestations de la semaine écoulée. La plupart des pays se sont réjouis ouvertement de l’effacement de Suharto avant que la situation ne devienne hors de contrôle, certains le félicitant même de sa «sagesse», comme le chancelier Helmut Kohl où le gouvernement néerlandais. Le président Clinton, qui lui avait donné le coup de grâce en l’invitant mercredi par la voix de Madeleine Albright à ne pas s’accrocher au pouvoir, a estimé que sa décision «offre l’occasion d’engager un processus vers une transition démocratique réelle pour l’Indonésie». La communauté internationale semble estimer en effet avec une belle unanimité que le départ du vieux général ne met pas un point final au régime autoritaire indonésien et souligne que la démocratisation doit se poursuivre. «Nous allons continuer à soutenir les efforts du peuple indonésien en faveur de la réforme», a assuré le premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto. Le gouvernement français a souhaité que la démission de Suharto «permette de mettre en œuvre les réformes politiques et économiques indispensables». Le gouvernement russe a noté que «le processus de stabilisation politique de ce pays n’est manifestement pas encore achevé» et «souhaité au peuple indonésien la solution la plus rapide des problèmes politiques auxquels il fait face afin de lui permettre de pouvoir se consacrer avec succès à surmonter la difficile crise économique».
L’usure de trente-deux ans d’un pouvoir contesté, la crise économique, la révolte des étudiants, l’ultimatum lancé par le Parlement, enfin les pressions internationales — essentiellement américaines — ont fini par avoir raison du président indonésien Suharto, qui a cédé sa place jeudi à son numéro deux Yusuf Habibie. Ce changement dans les formes...