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Actualités - INTERVIEWS

Les femmes dans la mêlée municipale Tête de liste sans rivale à Bteghrine Myrna Murr : priorité au social et à l'écologie (photos)

Certes, il ne s’agit pas d’une véritable bataille électorale: Myrna Michel Murr est pratiquement assurée de devenir, le 24 mai, présidente du conseil municipal de Bteghrine (Metn) vu que, dans ce village, une seule liste, la sienne, a été formée. Mais, pour la fille du ministre de l’Intérieur, la véritable bataille c’est de se lancer dans l’arène publique et d’être sous les feux des projecteurs; car si elle a le caractère bien trempé, c’est avant tout une femme toute simple, consciente des atouts mais aussi des inconvénients découlant de la position politique de son père. La chose publique, Myrna Murr y est habituée depuis l’enfance. Et aussi loin que remontent ses souvenirs, elle se rappelle avoir vu plein de monde dans la maison paternelle. Dès l’âge de 7 ans, elle a commencé à s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle et, depuis, elle a suivi attentivement l’action de son père, notamment sur le plan social. C’est, d’ailleurs, cette action-là qu’elle a souhaité poursuivre en posant sa candidature à la municipalité de Bteghrine. Il ne faut pas chercher bien loin ses mobiles, elle déclare que, très franchement, l’idée lui est venue naturellement, comme une suite logique au fait qu’elle a grandi dans une famille qui s’est toujours intéressée au domaine public. Son père l’a encouragée. Même s’il y avait eu une liste rivale, elle aurait maintenu sa candidature «car, en famille, nous n’avons pas l’habitude d’éviter les batailles». Mais il se trouve qu’à Bteghrine, nul n’a voulu se présenter contre elle ou même faire en sorte qu’il y ait une bataille municipale. Dans ce village où les Murr sont implantés depuis longtemps, tout le monde se connaît et on y vit presque en famille. Comme dans la plupart des villages, les enjeux familiaux sont donc plus importants que les considérations politiques, même si, selon elle, trois partis sont présents dans la localité: le PSNS, le PCL et le Baas. Deux autres femmes sur la liste Dans la composition de sa liste (le conseil municipal de Bteghrine compte 15 membres), Myrna Murr a tenu compte de l’existence de ces partis, mais elle a surtout choisi des représentants des principales familles et des différents ordres professionnels. Elle a tenu à avoir avec elle deux autres femmes, car, sans être féministe, elle croit profondément à l’égalité entre l’homme et la femme, au moins dans le domaine de l’intelligence et elle ne voit aucune raison à ce que la femme ne participe pas à l’action publique. Se serait-elle présentée si elle n’avait pas été la fille du ministre de l’Intérieur? «Je ne sais pas, répond-elle avec le sourire. Si j’étais née dans une famille de musiciens, j’aurais sans doute fait de la musique. Mais comme j’appartiens à cette famille, il est normal que je m’intéresse au domaine public». Le plaisir de la victoire ne sera-t-il pas terni par le fait que sa liste sera élue d’office? «La démocratie, dit-elle, c’est aussi de laisser les gens libres de présenter leur candidature ou non». Myrna Murr s’étonne de la tendance générale visant à politiser les élections municipales. «Pour moi, ajoute-t-elle, l’enjeu n’est nullement politique. Le conseil municipal doit œuvrer en vue de l’amélioration des conditions de vie au village. Et cela concerne tous les habitants quelles que soient leurs allégeances politiques». D’ailleurs, la candidate Murr ne cache pas son souhait de voir tout le monde coopérer avec elle. «Une seule main ne peut rien faire et l’activité du conseil municipal concerne tout le monde». Myrna Murr a des projets grandioses pour son village. Sa priorité est d’essayer de protéger la nature. Il faut donc, selon elle, préserver les espaces verts et augmenter leur nombre. «Pour cela, il faudrait que les gens reprennent conscience de l’importance des arbres, ce don de Dieu». C’est que Myrna est croyante, sans emphase ni affectation. Elle le dit d’ailleurs simplement, expliquant que, pour elle, tous les hommes doivent être égaux et contribuer à l’amélioration du village. Elle évoque ensuite ce qu’elle envisage de faire, d’autant que 80% des habitants de Bteghrine vivent sur place été comme hiver. «Je souhaite développer les activités culturelles, sportives et artistiques. Il existe actuellement au village un terrain de volley-ball. Je voudrais en construire un autre pour le basket. Il est temps que les jeunes qui ont connu la guerre puissent se dépenser dans de nouvelles activités. Je voudrais aussi créer un centre de musique et peut-être, si j’en ai les moyens, un centre d’informatique. Mais le projet auquel je tiens le plus, c’est la construction d’une bibliothèque municipale. Car la culture est à la base de tout et l’ignorance mère de tous les maux. C’est la culture qui permet de prendre conscience de la nature». J’accepte les critiques justifiées Préserver la nature, éduquer les esprits, sont donc en tête de ses préoccupations. Il y en a une troisième: redonner aux gens le sens du beau sévèrement mutilé pendant la guerre. Une guerre qui a visiblement marqué la jeune candidate en lui donnant encore plus le désir d’aider les autres pour tenter de réparer les dégâts. Comment le village a-t-il accueilli sa candidature? «Bien, je crois, répond-elle laconiquement. Bteghrine a beau être un village de la montagne, ce n’est quand même pas le bout du monde. Le fait qu’une femme se présente au conseil municipal n’y a pas provoqué de remous...». Même si c’est la fille du ministre de l’Intérieur? «Je le crois aussi, dit-elle. Vous savez, pour moi, mon père est un idéal. Si je peux faire 0,1% de ce qu’il a accompli dans le domaine social, je m’estimerai satisfaite». Comment réagit-elle lorsque son père est critiqué? Myrna Murr se tait, sourit et, après avoir réfléchi, déclare: «Lorsque les critiques sont justifiées, je les accepte, mais lorsqu’elles me paraissent injustes, cela me blesse. J’ai le sentiment qu’il s’agit de quelqu’un d’autre». En fait, c’est plutôt en entendant Myrna Murr parler de son père qu’on a le sentiment qu’il s’agit d’un autre homme, différent de son image publique. Elle raconte longuement son côté humain, attentionné, soucieux du bien-être des autres et ce sont ces qualités-là qu’elle voudrait développer en elle, dans son rôle de présidente de conseil municipal. Sa famille ne risque-t-elle pas de pâtir de ces nouvelles fonctions? «Ma plus jeune fille, qui a dix ans, commence à s’angoisser, craignant que je ne sois plus disponible pour elle, mais l’aînée, qui a quinze ans, le prend plutôt bien...». Le fait que son ex-mari, Gébrane Tuéni, compte présenter sa candidature à Beyrouth a-t-il joué un rôle dans sa décision? Là, Myrna rit franchement. «Il faudrait peut-être inverser la question... En tout cas, je ne sais même pas s’il se présentera effectivement...». Cela la dérange-t-il d’être en quelque sorte la candidate du pouvoir? «Ce n’est pas ainsi que je perçois les choses, dit-elle franchement. En matière de municipalité, il n’y a pas de loyalistes et d’opposants. Tout le monde doit travailler et j’espère que toutes les mains du village s’uniront pour construire un avenir meilleur».
Certes, il ne s’agit pas d’une véritable bataille électorale: Myrna Michel Murr est pratiquement assurée de devenir, le 24 mai, présidente du conseil municipal de Bteghrine (Metn) vu que, dans ce village, une seule liste, la sienne, a été formée. Mais, pour la fille du ministre de l’Intérieur, la véritable bataille c’est de se lancer dans l’arène publique et...