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Actualités - CHRONOLOGIE

Jakarta livré aux pillards et Suharto pourrait démissionner L'Indonésie sombre dans le chaos (photo)

Deux étudiants ont été tués par balles hier près de l’université de Jakarta, et trois soldats ont trouvé la mort dans un autre district alors que des milliers de pillards ont dévasté et incendié les quartiers commerciaux de la capitale Ce bilan porte à 15 le nombre de morts en trois jours d’émeutes dans la capitale indonésienne. Le président Suharto, qui a laissé entendre à mots couverts — sans trop convaincre — qu’il était prêt à démissionner «s’il n’a plus la confiance du peuple», est attendu aux premières heures de vendredi, de retour du Caire, pour affronter une des crises les plus sévères à laquelle il ait eu à faire face en 32 ans de pouvoir absolu à la tête de l’Indonésie, le quatrième pays au monde par la population avec 202 millions d’habitants. Les pillages d’hier, journée de chaos dans la métropole de 10 millions d’habitants, se sont déroulés sans intervention des militaires. A la tombée de la nuit, l’armée a même offert aux employés des banques et des grandes sociétés bloqués dans le centre moderne par l’absence des moyens de transport habituels de les raccompagner chez eux dans leurs camions grillagés. Autant les policiers étaient systématiquement pris à partie, insultés, voire lapidés, autant les militaires en tenue camouflée étaient applaudis; comme le groupe de commandos de la Marine avec leur béret amarante lorsqu’ils ont traversé, sans intervenir, une petite foule en train de dévaliser un grand magasin à la façade éventrée. Les mêmes scènes se sont répétées toute la journée devant les journalistes sillonnant Kota, la vieille ville et le quartier chinois, dont les magasins d’appareils électroniques et électroménagers ont fourni un butin de choix devant des soldats l’arme au pied. On a vu des employés d’une banque de l’ouest de la ville, la Bank Bali, lancer des liasses de billets de 10.000, 20.000 et 50.000 roupies à des manifestants pour les dissuader de prendre les locaux d’assaut. D’autres établissements, comme certaines succursales de la Bank Central Asia, du groupe Salim contrôlé par le Chinois Liem Sioe Liong, la plus grosse fortune du pays et ami personnel du président Suharto, ont été pillés puis incendiés. Le chef de l’Etat, qui a quitté Le Caire après avoir été contraint d’écourter sa visite d’Etat en Egypte, est attendu à Jakarta dans les premières heures de la matinée de vendredi. Les déclarations qu’il a faites au Caire selon lesquelles il était prêt à se retirer s’il n’avait plus la confiance du peuple n’ont pas exagérément retenu l’attention dans la capitale indonésienne où on fait remarquer qu’il a déjà tenu des propos semblables. Il avait d’ailleurs, il y a quinze jours, tenu à faire remarquer qu’il avait été, à l’unanimité, réélu en mars dernier pour un mandat de 5 ans et que son programme avait été également accepté à l’unanimité. Depuis son départ, les appels à sa démission émanent de cercles de plus en plus proches de lui, comme l’ICMI, le groupe des intellectuels musulmans. Sur le plan économique, la roupie s’est à nouveau enfoncée au-delà des 11.000 pour 1 dollar (contre 2.450 en juillet dernier), éloignant tout espoir d’une sortie de crise prochaine. Les monnaies des pays voisins — Singapour et Malaisie — ont elles aussi connu jeudi une journée particulièrement instable, secouées par l’intensification des manifestations contre le régime du président Suharto. (AFP-Reuters)
Deux étudiants ont été tués par balles hier près de l’université de Jakarta, et trois soldats ont trouvé la mort dans un autre district alors que des milliers de pillards ont dévasté et incendié les quartiers commerciaux de la capitale Ce bilan porte à 15 le nombre de morts en trois jours d’émeutes dans la capitale indonésienne. Le président Suharto, qui a laissé...