Le dissident Wang Tingjin condamné à deux ans de camp de travail

Le dissident chinois Wang Tingjin a été condamné la semaine dernière à deux ans de camp de travail, a annoncé mardi une organisation de défense des droits de l’homme, deux jours après la libération de Wang Dan. Wang Tingjin, un professeur de mathématiques de 43 ans, a été condamné «pour trouble à l’ordre social» mardi dernier, le jour même de son arrestation par la police de Bengbu (Anhui, est), a indiqué le centre d’information sur les droits de l’homme et le mouvement démocratique en Chine. La femme de Wang Tingjin, sans nouvelles de son mari depuis son arrestation, n’a appris que lundi de la police locale qu’il avait été envoyé dans un «centre de rééducation par le travail» à Nanhu (Anhui). Cette condamnation «montre que les autorités chinoises jouent un double jeu pour tromper l’opinion publique internationale: d’un côté on relâche Wang Dan, de l’autre on condamne ceux qui ne sont pas connus», commente le Centre d’information, une organisation basée à Hong Kong. Wang Tingjin avait été arrêté une première fois le 6 février en compagnie de Wang Bingzhang, un dissident exilé aux Etats-Unis qui était rentré clandestinement en Chine deux semaines plus tôt. Alors que Wang Bingzhang était réexpulsé rapidement vers les Etats-Unis, Wang Tingjin était relâché un mois plus tard. Trois autres dissidents, Zhang Rujun et Yang Qinheng à Shanghai, et Wang Donghai dans la province du Zhejiang (est), avaient également été placés en détention pendant plusieurs jours pour avoir rencontré Wang Bingzhang. La détention plus longue de Wang Tingjin avait conduit plusieurs opposants chinois à entamer une grève de la faim devant le siège des Nations Unies à New York. La condamnation de Wang Tingjin est la troisième à frapper un dissident en autant de semaines, rappelle le Centre d’information. Yang Qinheng, de Shanghai, et Shen Liangqing, de l’Anhui, ont ainsi été condamnés respectivement à trois ans et deux ans de camp de travail, une sentence administrative infligée sans procès. Yang Qinheng était accusé d’avoir lu une lettre sur l’antenne de Radio Free Asia, une station américaine fréquemment brouillée par les autorités. Dans sa lettre, le dissident appelait à la mise en place de syndicats libres pour protéger les travailleurs chinois en butte aux licenciements massifs du secteur public. Shen Liangqing était lui accusé d’avoir pris contact avec le Centre d’information de Hong Kong, avec l’organisation américaine Human Rights in China ainsi qu’avec des journalistes étrangers. Lundi, 12 dissidents du Zhejiang ont critiqué les conditions de la libération de Wang Dan, le principal dirigeant des manifestations étudiantes de Tiananmen en 1989. Il est «stupide et méprisable de prendre les dissidents comme éléments de négociation pour obtenir des gains politiques», écrivaient ces dissidents dans une lettre ouverte au ministère de la Justice. (AFP)