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Actualités - OPINION

Question de culture

Confrontée à une civilisation aussi riche que celle que Rome laisse deviner, la culture libanaise semble plutôt fruste. Il faut se rappeler que la grandeur des peuples ne se mesure pas seulement aux qualités intellectuelles et aux réalisations matérielles, mais aussi aux qualités de cœur. Sous des dehors rudimentaires, le peuple libanais ne manque pas de ces dernières (hospitalité, entraide, fougue, frugalité, ingéniosité, persévérance au travail, etc.), même si, au contact de la ville, certaines de ces qualités et, devrait-on dire de ces traditions, intimement liées au milieu rural, semblent s’être dégradées. Une des composantes essentielles de notre culture devrait être la convivialité. Si nous sommes pauvres pour certaines choses, soyons riches en cela. Nous devrions nous distinguer dans l’art du dialogue et rechercher tout ce qui pourrait nous aider à croître dans cette dimension. Nos modèles de rapports interpersonnels doivent mûrir, changer, s’affiner. Car une culture, c’est ceci: des modèles de pensée et de comportement, un effort d’«humanisation» de la vie sociale, et d’abord de la vie familiale, le progrès des mœurs et des institutions, la transmission de ce patrimoine. Quelle culture voulons-nous? Des cérémonies telles que celle de la béatification du P. Hardini nous force à nous poser cette question: de quelle culture sommes-nous capable? Où en est l’Eglise au Liban, dont les valeurs sont des composantes essentielles de notre culture? Le Synode était-il autre chose qu’un aréopage de docteurs se penchant sur le lit d’un malade, et essayant de diagnostiquer son mal? Il y a certainement des progrès à réaliser dans l’évangélisation de notre culture. Pour les membres de la délégation de la Ligue maronite venue à Rome pour la béatification du P. Hardini, l’avenir du Liban demeure aléatoire. «Pleurons les amis, nous ne sommes pas parvenus à faire un pays». Exprimée sous forme de boutade, cette réflexion saisie au vol est révélatrice d’un état d’esprit, d’une prise de conscience. Le Liban est encore à la recherche de lui-même, à travers un laborieux travail de discernement et d’unification.
Confrontée à une civilisation aussi riche que celle que Rome laisse deviner, la culture libanaise semble plutôt fruste. Il faut se rappeler que la grandeur des peuples ne se mesure pas seulement aux qualités intellectuelles et aux réalisations matérielles, mais aussi aux qualités de cœur. Sous des dehors rudimentaires, le peuple libanais ne manque pas de ces dernières...