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Actualités - REPORTAGE

Au cours d'une rencontre solennelle à la salle Paul VI Le Pape invite les libanais à demeurer fidèles à leur engagement chrétien

Avec le pape Jean-Paul II, le Liban avait vécu l’an dernier des moments magiques, intenses, de ceux qu’on connaît une fois dans la vie. On s’en souvient encore et on se souviendra longtemps aussi des instants bénis que des milliers de Libanais ont vécu hier avec Sa Sainteté, à la salle Paul VI au Vatican. Aux Libanais qui l’ont accueilli en criant «Jean-Paul II, we love you» et en brandissant des drapeaux libanais, le Saint-Père n’a eu qu’un seul message: «Demeurez fidèles à votre engagement chrétien». Ses mots sont allés droit au cœur des Libanais. Après la rencontre, on pouvait entendre certains se promettre de «se remettre à la prière». La bénédiction papale a vite fait son effet. Le pape l’a accordée au terme de sa rencontre avec les délégations libanaises et espagnoles qui ont assisté dimanche à la messe de béatification du bienheureux Nehmetallah Kassab el-Hardini et de onze martyres espagnoles. Il est de tradition que le pape reçoive, au lendemain d’une messe de béatification, les délégations appartenant à la même nationalité des personnes devenues bienheureuses. C’est la cérémonie dite de «remerciements et de bénédiction». Sur le plan officiel, le Liban y est représenté par une délégation parlementaire conduite par M. Boutros Harb et formée de MM. Chaker Abou Sleiman, Samir Azar et Michel Moussa, ainsi que par l’ambassadeur du Liban au Vatican, M. Youssef Arsanios. La salle Paul VI contient 11.000 chaises. Pas une n’était vide. Autour du bâtiment, des milliers de Libanais qui n’avaient pas pu entrer étaient massés. Des «viva el-papa» fusent de temps en temps. La salle était pleine à craquer, une heure avant la cérémonie, prévue à 11h et demie. Au premier rang de l’assistance, ce sont les membres de la famille du bienheureux Hardini, et des bienheureuses espagnoles, ainsi que les prélats qui avaient préparé les dossiers de la béatification qui sont installés. Parmi eux, on reconnaît André Najm, le miraculé. Il a préparé un petit mot à l’adresse du pape: «Très Saint-Père, je suis André Najm, futur prêtre, qui a été guéri et qui a obtenu la grâce de Dieu par l’intercession du bienheureux Hardini. Un grand merci de moi-même, de ma famille, des Libanais et spécialement des jeunes» qui sont si chers au pape. La danse des drapeaux libanais Un tonnerre d’applaudissements annonce l’entrée du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. La danse des drapeaux libanais donne un air de fête à une salle, pourtant bien animée. Entouré de nombreux évêques maronites, Mgr Sfeir s’installe aux côtés des prélats venus des quatre coins de l’Asie pour participer au Synode sur ce continent. Un quart d’heure plus tard, c’est une foule en délire qui salue l’entrée de l’homme en blanc. Entouré de deux cardinaux, le pape se dirige lentement vers son fauteuil, saluant à chaque pas une foule qui ne tient plus en place. Les «viva el-papa» se confondent aux «Jean-Paul II, we love you» et les drapeaux libanais se mêlent aux couleurs espagnoles dans leur danse. Des fanions des «Forces libanaises» sont agités, conférant une note politique à une rencontre placée sous le signe du spirituel. A un moment donné, une banderole est brandie à bout de bras. On y lit, imprimé en rouge sang: «Libérez le Liban», «Libérez Geagea». Le patriarche ne prononce que quelques mots pour remercier le Saint-Père de sa sollicitude. «Au nom de tous les Libanais présents, de l’Eglise maronite, et de toutes les autres communautés, je vous remercie d’avoir proclamé bienheureux Hardini. La joie profonde que les Libanais ressentent n’a d’égal que leur reconnaissance à Votre Sainteté», affirme-t-il. «Après votre visite au Liban dont le souvenir reste grave dans la mémoire, et le Synode sur le Liban, voici une nouvelle marque de votre sollicitude naturelle envers nous. Les églises du Liban et d’Orient sont asiatiques et continuent de donner des martyrs. Nous vous remercions pour votre sollicitude paternelle à l’égard du Liban», ajoute le patriarche. Le discours du pape est tout aussi court. C’est peut-être la raison pour laquelle des Libanais en répétaient des phrases après la rencontre. Après avoir salué tous les Libanais présents à Rome, le pape déclare en français: «Le père Nehmetallah Hardini est une figure exemplaire pour les Libanais et un maître de vie spirituelle. Tout d’abord pour l’Eglise maronite et pour tous ceux qui sont engagés dans le sacerdoce ou la vie religieuse. Il leur montre que le premier témoignage auprès de leurs frères est celui d’une vie de prière intense, rayonnante et fructueuse, grâce à l’action de l’Esprit Saint. Il est aussi un modèle pour les familles, qui ont la tâche de transmettre la foi aux jeunes et de leur donner le goût de la prière. La famille du nouveau bienheureux a été un foyer de vocations; ses parents ont su communiquer à leurs enfants le sens de Dieu, du don de soi, de l’amour pour le Christ et pour son Eglise». Le pape invite ensuite «l’ensemble des chrétiens du Liban à suivre les traces de celui qui est une figure éminente de ce peuple bien-aimé. Chers fils du Liban, sachez demeurer fidèles à votre engagement chrétien, pour être des témoins de l’amour, de la paix, et de la miséricorde du Seigneur! Que la mère de Dieu, pour laquelle le père Hardini avait une grande affection, intercède pour vous et vous accompagne dans votre recherche spirituelle et dans l’édification d’une société toujours plus fraternelle! Je vous accorde à tous ma bénédiction apostolique». Une longue ovation ponctue le dernier mot. Le pape s’adresse ensuite à la délégation espagnole. Après une brève prière, il salue un à un les membres des familles des 12 bienheureux ainsi que les prélats qui les accompagnent et le miraculé André Najm. C’est ensuite au tour de la délégation parlementaire de saluer Sa Sainteté. M. Harb transmet au pape les vœux du chef du Parlement, M. Nabih Berry. Tout le monde est sous le coup de l’émotion. André Najm parle des deux journées libanaises au Vatican comme d’une expérience incomparable. «C’est comme si les portes du ciel se sont ouvertes, dit-il, comme si le ciel s’est étendu jusqu’à la terre». «C’est cela l’Eglise universelle», ajoute-t-il. Pour M. Boutros Harb, cette occasion «permettra encore une fois aux Libanais de réaliser que le Liban restera une source de spiritualité et de valeurs quelles que soient les épreuves qu’il traversera». Elle «rappellera aussi à la communauté internationale que le Liban souffre de l’occupation de sa partie méridionale et d’un état de fait régional qui l’empêche d’exercer pleinement sa souveraineté». La salle commence à se vider, les journées vaticanes du Liban sont sur le point de s’achever mais les fidèles s’en vont, la joie au cœur: Ils ont reçu une bénédiction spéciale du pape.
Avec le pape Jean-Paul II, le Liban avait vécu l’an dernier des moments magiques, intenses, de ceux qu’on connaît une fois dans la vie. On s’en souvient encore et on se souviendra longtemps aussi des instants bénis que des milliers de Libanais ont vécu hier avec Sa Sainteté, à la salle Paul VI au Vatican. Aux Libanais qui l’ont accueilli en criant «Jean-Paul II, we love...