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Actualités - ANALYSE

Les municipales : une foire d'empoignade où toutes les passions se mêlent

La bataille de la formation des listes dans le cadre des élections municipales bat maintenant son plein. Et c’est une foire d’empoigne sans précédent depuis 1963, date du dernier scrutin du genre. En effet dans ce genre d’exercice aux clivages confessionnels ou politiques se mêlent des passions de clans, de vieilles rancunes de village qui divisent souvent les familles entre elles. Les micro-intérêts entrant puissamment en jeu, nul n’est autorisé par son entourage à se tenir à l’écart de la mêlée. La mobilisation générale qui en découle se raidit d’autant plus que les délais de campagne s’avèrent finalement très courts: jusqu’à la confirmation récente des dates par le ministère de l’Intérieur, personne n’y croyait encore assez pour se mettre résolument en campagne. A moins de trois semaines de la première étape le dimanche 24 mai au Mont-Liban, aucune coalition n’a encore été proclamée. Mais c’est justement ce stade là qui est le plus difficile, le plus tendu, du moins sur le plan politique. Car les tractations en coulisses s’accompagnent bien entendu d’une escalade verbale de positionnement et c’est sur un ton virulent que s’échangent les défis, parfois entre cousins! Des comportements, des réactions qui ne sont pas toujours impulsifs ni complètement innocents: beaucoup de protagonistes veulent en effet forcer la main à d’autres par des prises de position en flèche dès le départ, afin d’empêcher la formation de listes d’entente, que cela soit au niveau confessionnel, clanique, familial ou politique. Sur ce dernier plan, l’opposition manifeste une pugnacité certaine. «Déjeunant le pouvoir avant qu’il ne la dîne» comme dit l’adage local, elle l’accuse déjà, alors que rien n’est encore vraiment en place, d’interventions abusives sur les «clés électorales» allant des offres séductrices à l’intimidation pour torpiller les listes adverses et favoriser les loyalistes. Des reproches qui dans le fond entrent en contradiction avec le raisonnement tenu au départ par cette même opposition radicale: si elle se lance dans cette bataille alors qu’elle avait boycotté les législatives, c’est que les risques de fraude y sont presque nuls, les élections municipales se déroulant en champ trop fermé pour permettre une quelconque manipulation par le pouvoir. Toujours est-il que la formation des listes, qui doivent s’articuler autour de candidats forts représentant ce que l’on appelle les grandes familles ainsi que les principaux courants politiques du pays, est évidemment une étape capitale. A ce niveau, un cadre officiel, répondant à l’opposition affirme que «le pouvoir a le droit, voire même le devoir, d’intervenir auprès de telle famille ou de telle formation politique pour qu’elles participent à des listes cristallisant l’entente, la concorde entre citoyens.Les opposants n’ont qu’à faire de même et à tenter d’unifier leurs rangs. Tout cela est parfaitement normal, du moment que personne n’abuse de ses capacités par des arrestations arbitraires par exemple, par la triche ou par des chantages.» Ce point de vue qui prône le fair-play, est quand même contesté par l’opposition radicale dont l’un des représentants affirme que «l’Etat est tenu à une stricte, une absolue neutralité. Le pouvoir n’a pas le droit de décider pour les Libanais ce qui est bon pour eux ou ne l’est pas. Donc il n’a pas le droit de s’armer d’une prétendue recherche de l’entente via les équilibres confessionnels pour influer sur la formation des listes. La preuve flagrante c’est que le Conseil constitutionnel lui a fermement tapé sur les doigts quand il a voulu, au nom de ce même soi-disant principe des équilibres, remplacer une partie des élections par des désignations.» Certes la démocratie implique une neutralité de l’Etat. Mais c’est un idéal quasi impossible à atteindre dans un pays où tout se confond, au détriment du reste de la notion même d’Etat. Le tout est sans doute de veiller à ce que les choses n’aillent pas trop loin, pour que les municipales ne tournent pas à des règlements de comptes laissant le pays encore plus déchiré. Surtout que les rivalités à huis-clos, dans les villages comme dans les quartiers de villes, peuvent facilement provoquer de redoutables excès, voire des heurts de rue. La voie de la raison veut tout à la fois qu’il puisse y avoir compétition et que là où c’est possible l’on aide les gens à s’entendre. D’autant qu’après tout les municipales sont affaire de vie courante quotidienne, pas d’idéologie et encore moins de politique politicienne. Du moins si le but est d’assurer le meilleur intérêt des collectivités…
La bataille de la formation des listes dans le cadre des élections municipales bat maintenant son plein. Et c’est une foire d’empoigne sans précédent depuis 1963, date du dernier scrutin du genre. En effet dans ce genre d’exercice aux clivages confessionnels ou politiques se mêlent des passions de clans, de vieilles rancunes de village qui divisent souvent les familles entre...