Bagdad dénonce la servilité des arabes à l'égard des USA (photo)

Le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz a dénoncé l’attitude «servile» des Etats arabes face à l’hégémonie américaine au Proche-Orient et les a invités à ne plus respecter l’embargo imposé par l’ONU à Bagdad depuis bientôt huit ans (VOIR AUSSI PAGE 12). «Non seulement les Etats arabes appliquent les résolutions (imposant des sanctions à l’Irak), mais ils appliquent aussi la volonté de l’Amérique et l’interprétation américaine de ces résolutions au lieu de leur interprétation légale», a déclaré Aziz dimanche soir lors d’une conférence réunissant des dirigeants arabes à Bagdad. Le vice-premier ministre irakien a déploré que certaines capitales arabes coopèrent avec Washington. «Il est regrettable de dire que des pays arabes ont mis en œuvre l’embargo contre l’Irak comme s’ils étaient les détenteurs de la résolution et que la plupart d’entre eux continuent de l’appliquer». «Ces (Etats arabes) qui acceptent la légitimité américaine ne doivent pas s’attendre à ce que l’Amérique cesse sa politique diabolique à leur encontre, parce qu’ils ont accepté le rôle que joue l’Amérique. L’Amérique menace ses alliés et ceux qu’elle nomme ses alliés de la même manière qu’elle menace ses ennemis». L’embargo imposé en réaction à l’invasion du Koweit en 1990 a été reconduit par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Par ailleurs, des manifestants arabes ont brûlé hier à Bagdad le drapeau israélien et dénoncé la politique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à l’égard de l’Irak. Les manifestants, membres de partis politiques et organisations syndicales arabes réunis à Bagdad pour apporter leur soutien à l’Irak, se sont rassemblés devant le siège des Nations Unies dans la capitale irakienne, ont brûlé un drapeau israélien et dénoncé le maintien de l’embargo. La manifestation a été organisée en même temps que des funérailles de 52 enfants irakiens morts selon les autorités par «manque de médicaments» en raison des sanctions internationales. Plusieurs funérailles collectives ont été organisées en Irak ces derniers mois dans le but de mobiliser l’opinion contre les sanctions imposées en août 1990 après l’invasion du Koweit par les troupes irakiennes. Le Conseil de Sécurité a maintenu le 28 avril l’embargo contre l’Irak en dépit des protestations de ce pays qui réclame sa levée immédiate. L’embargo pétrolier ne pourra être levé que lorsque l’ONU aura certifié que ce pays ne possède plus d’armes nucléaires, chimiques et biologiques ni de missiles d’une portée supérieure à 150 km. (Reuters, AFP)