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Actualités - ANALYSE

A la recherche d'un pouvoir intègre et incorruptible

Ambassadeurs arabes et étrangers reconnaissent l’extraordinaire capacité du peuple libanais à surmonter les crises et les difficultés qui ne cessent de l’assaillir depuis le début de la guerre. En effet, le Liban a su conserver malgré tout sa position de place financière, touristique et commerciale dans la région et, jusqu’à présent, aucun pays n’a vraiment pu le supplanter dans son rôle de plaque tournante. Les diplomates susmentionnés louent aussi le dynamisme du premier ministre Rafic Hariri, entrepreneur d’une vaste entreprise de reconstruction que nul, à part lui, n’aurait pu initier tant son passé d’homme d’affaires accompli inspire confiance aux investisseurs. Mais un fait est sûr: une lutte à outrance doit être menée contre le gaspillage, la corruption, les transactions suspectes et les détournements de fonds publics qui ont souvent lieu au vu et au su de tout le monde. D’ailleurs, le président de la Banque mondiale avait mis en garde à plusieurs reprises contre la corruption dans les pays bénéficiant d’aides et de prêts internationaux. Or si le président Hariri reconnaît la tendance au gaspillage au sein de l’Etat, il avoue en même temps son incapacité à régler ce problème. Et pour cause: la structure politique du Liban est si complexe, qu’il est pratiquement impossible de demander des comptes à tel ou tel autre ministre ou fonctionnaire sous peine de provoquer une crise nationale difficile à résorber. C’est ainsi que tous les dossiers à scandale ne sont ouverts que pour mieux être refermés. On peut se douter à fortiori que la loi sur l’enrichissement illicite n’aura aucune chance de voir le jour alors qu’il s’agit là du meilleur moyen de mettre un terme à la corruption politique et administrative. C’est ce qui a fait dire à l’ambassadeur des Etats-Unis, Richard Jones, que la situation économique au Liban est grave. Dans ce cadre, l’augmentation incessante du déficit et de la dette publique, les pressions régulières sur la Livre libanaise suscitent de toute évidence une inquiétude justifiée. Mais paradoxalement, en dépit de cette situation de crise, M. Jones constate que les sociétés américaines sont de plus en plus intéressées à investir au Liban car la confiance dans le pays reste plus ou moins intacte. Intégrité et transparence Que faire donc pour installer un pouvoir fort et intègre au Liban? La solution est-elle dans l’élaboration de lois dissuasives applicables à tout contrevenant quelle que soit l’importance de sa position et de sa fonction? Ne s’agit-il pas plutôt de trouver des gouvernants réputés pour leur honnêteté? Mais un ancien ministre se demande à juste titre s’il ne s’agit pas là de vœux pieux dans la mesure où le peuple est privé de sa liberté. En effet, est-il possible dans ce contexte de sanctionner l’escroc ou le corrupteur de manière à donner l’exemple? En fait, le problème est dans la propension des régimes à pardonner les fautes et les abus des régimes précédents qui se caractérisaient aussi par un excès de gaspillage et de corruption. Tranquilles, souvent honorés par leurs successeurs, les responsables qui se suivent se ressemblent rentrent chez eux une fois leur mandat échu, confiants qu’ils ne seront nullement inquiétés par l’ouverture de tel autre dossier explosif. Que ne suit-on l’exemple des Etats civilisés où corrupteurs et escrocs sont jugés quelquefois des années plus tard? Un peuple qui oblitère de cette manière son passé n’a pas d’avenir. Inutile de rêver dans ces circonstances d’un pouvoir intègre et honnête. Les guerres seront au contraire inéluctables puisque leurs seigneurs auront été amnistiés. Le Liban a donc besoin d’un gouvernement apte à sanctionner les abus et les exactions. Pour ce faire, il doit lui-même se caractériser par sa force et son intégrité; car avant d’exiger l’application de la loi, il lui revient de donner l’exemple. Que demande le peuple? Ecœuré de toutes les rumeurs (souvent fondées) concernant la corruption et les détournements des fonds publics, il désire désespérément un président qui ferait l’impossible pour mettre fin à une situation susceptible de conduire l’Etat à la ruine, et le pays à la catastrophe.
Ambassadeurs arabes et étrangers reconnaissent l’extraordinaire capacité du peuple libanais à surmonter les crises et les difficultés qui ne cessent de l’assaillir depuis le début de la guerre. En effet, le Liban a su conserver malgré tout sa position de place financière, touristique et commerciale dans la région et, jusqu’à présent, aucun pays n’a vraiment pu le...