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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidence - Pas de Liban sans libertés, affirme le chef de l'Etat Lahoud voit dans la presse un allié (photo)

Le président de la République, le général Émile Lahoud, ne voit pas dans la presse un pouvoir qu’il faut museler ou dont il faut se méfier, mais un auxiliaire utile susceptible de l’aider à mieux «voir» pour mieux «gouverner». C’est, en substance, l’idée qu’il a développée devant une délégation de l’Ordre de la presse qu’il a reçue hier au palais de Baabda. Le général Lahoud ne s’est pas contenté de réaffirmer devant ses interlocuteurs son attachement à la liberté de la presse, principe qu’il a évoqué à plusieurs reprises depuis son élection à la tête de l’État. Il a aussi exposé sa conception des relations avec les médias. Celle-ci repose sur deux idées principales. Le président Lahoud considère d’abord qu’un journaliste ne doit pas être poursuivi pour ses idées, partant du principe que c’est par ses actes qu’une personne peut répondre aux critiques, surtout si elles sont diffamatoires. Il envisage ensuite de tenir des rencontres régulières avec les journalistes dans la mesure où ces derniers peuvent parfois «en savoir plus» qu’un responsable. Les points développés par le général Lahoud ont été rapportés au terme de l’entretien par le président de l’Ordre de la presse. Conduite par M. Mohammed Baalbacki, la délégation a tenu à rencontrer le général Lahoud pour lui souhaiter «plein succès» dans ses nouvelles responsabilités nationales et pour lui présenter ses vœux à l’occasion des fêtes de fin d’année. D’emblée, le chef de l’État a fait remarquer devant ses visiteurs qu’il sait très bien, «tout comme l’ensemble de la population, les sacrifices consentis pour le Liban par les hommes de la presse». Et d’ajouter : «Je tiens à vous affirmer, catégorique : “Le Liban n’existe pas sans liberté”. Il ne s’agit pas là d’un simple slogan pompeux qu’on lance, mais d’un acte de foi et d’une méthode de travail qui s’exprimera par des actions». Cité toujours par M. Baalbacki, le président Lahoud a situé dans le cadre de ces nouvelles orientations la décision du gouvernement d’autoriser de nouveau les manifestations, conformément aux lois en vigueur. «Si le citoyen a le droit de manifester pour exprimer un point de vue, qu’en est-il alors du droit des journalistes à exprimer le leur par la plume? Je suis sûr qu’une personne n’ayant rien à se reprocher ne craint pas la plume, aussi diffamatoire ou calomnieuse soit-elle, car ce sont les actes et non pas les paroles qui importent». «Les actes, mon seul juge» Les membres du conseil de l’Ordre ont longuement applaudi lorsque le général Lahoud a annoncé «sans équivoque» qu’il n’engagera pas de poursuites contre des journalistes durant les six années de son mandat. «Cela ne me dérangerait aucunement si quelqu’un dit ce qu’il pense (à propos du président). Mes actes seront le seul juge. Si je parviens à prouver par mes actes que mes détracteurs se trompent, que m’importe le qu’en-dira-t-on, surtout s’il s’agit de ma personne?». Le chef de l’État a ensuite fait part à ses visiteurs de son intention de tenir des rencontres régulières avec les membres du conseil de l’Ordre de la presse ainsi qu’avec des journalistes, à titre individuel. «Je sais parfaitement qu’un dirigeant ne peut pas tout voir, contrairement au journaliste qui peut, de par sa fonction, en savoir beaucoup plus qu’un responsable. Ces rencontres serviront en définitive l’intérêt du peuple. Le président est à la tête de l’État pour servir le peuple par ses actes et c’est ainsi qu’il peut gagner la confiance et la sympathie de ses compatriotes», a déclaré le général Lahoud, cité par M. Baalbacki. Le chef de l’État a conclu en affirmant que pour parvenir à régler les problèmes qui se posent à l’échelle nationale, «il est primordial que le front intérieur soit fort». «Les Libanais, a-t-il ajouté, doivent œuvrer comme un seul homme pour renforcer ce front, sur lequel nous comptons surtout, pour le redressement du Liban». Auparavant, M. Baalbacki avait mis l’accent sur le rôle que joue la presse pour répercuter les sentiments et les vœux de l’opinion publique, soulignant que les médias avaient traduit fidèlement l’appui de la population à l’élection du général Lahoud à la tête de l’État. Après avoir indiqué que les journalistes resteront au service de l’État et de la société, M. Baalbacki avait mis l’accent sur le fait que les contacts continus entre les médias libanais et la présidence de la République «constituent le meilleur moyen permettant à la presse d’assumer parfaitement ses responsabilités nationales». Le président de l’Ordre a noté que l’opinion publique, «qui fait confiance au président, tend à donner au pouvoir la chance de concrétiser les points développés dans le discours d’investiture, mais reste dans l’expectative et observe». «Gare au black-out» «L’instrument idéal pour observer et contrôler reste la presse aux côtés du Parlement» , a-t-il déclaré, estimant qu’il est du droit des Libanais et de la presse de suivre les moyens qui seront mis en œuvre par le pouvoir pour libérer les secteurs occupés par Israël, pour assurer aux habitants du Liban-Sud les éléments nécessaires à leur résistance, pour venir à bout du confessionnalisme politique et pour régler les problèmes que posent la crise socio-économique et le déficit budgétaire. Selon M. Baalbacki, la guerre lancée par le régime contre la corruption ne sera couronnée de succès que dans le cadre du respect des libertés, en particulier de la liberté d’information. «Le black-out médiatique est l’allié le plus fort de la corruption», a-t-il affirmé. M. Baalbacki a conclu en demandant au président Lahoud de parrainer la cérémonie qui sera organisée au palais de l’Unesco, le 6 mai prochain, date à laquelle le Liban commémore le souvenir des martyrs de la presse. En fin d’après-midi, le général Lahoud a reçu le chef du gouvernement nigérien, M. Ibrahim Mayaki, en visite officielle depuis quelques jours au Liban.
Le président de la République, le général Émile Lahoud, ne voit pas dans la presse un pouvoir qu’il faut museler ou dont il faut se méfier, mais un auxiliaire utile susceptible de l’aider à mieux «voir» pour mieux «gouverner». C’est, en substance, l’idée qu’il a développée devant une délégation de l’Ordre de la presse qu’il a reçue hier au palais de...