Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

USA - Les plus démunis doivent choisir entre la nourriture et les médicaments Noël de la faim pour des milliers de vieux new-yorkais

À pas prudents, ils progressent sous un immense drapeau américain, tendent leur plateau et reçoivent du lait, du ragoût, des légumes et un dessert : ils ont 70 ans ou plus, et font partie d’un groupe de plus en plus important à New York, celui des personnes âgées incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires. Ceux-là sont venus déjeuner au centre du troisième âge de Sunnyside, dans le quartier du Queens. Ils sont Américains, Haïtiens, Espagnols, Irlandais ou Chinois, et à un quart d’heure des lumières de Noël de Manhattan et des profits colossaux de Wall Street, sont près de 200 à patienter, dont certains n’ont pas même de quoi payer le dollar symbolique qu’on leur réclame. Le scénario se répète dans les 334 autres centres du troisième âge de la ville : chaque jour, on y sert plus de 38 000 repas, auxquels s’ajoutent près de 13 000 repas livrés à domicile à ceux qui ne peuvent plus se déplacer. En dépit des efforts de la municipalité, il y a eu, reconnaît le commissaire aux personnes âgées, Herbert Stupp, «une légère progression du taux de pauvreté chez ces personnes âgées». La démographie y joue son rôle, avec l’augmentation constante des plus de 85 ans. À Sunnyside, où l’appel se fait par haut-parleur, certains repartent avec une tranche de pain soigneusement emballée. «Je suis sûre que c’est le seul repas chaud qu’ils ont de la journée», commente la directrice du centre Maria Alejandro, en regrettant de ne pas avoir les moyens financiers de leur offrir à dîner. Le commissaire Stupp est formel : la mairie a «offert autant qu’il était possible», augmentant ces dernières années son budget pour les personnes âgées de 38 millions de dollars. Mais les besoins sont énormes. Le pourcentage de personnes âgées vivant sous le seuil de pauvreté est supérieur à New York à la moyenne nationale (16 % contre 12 %). Trois dollars par jour Dans une ville creuset de l’immigration, les minorités, traditionnellement plus pauvres, constituent une proportion grandissante des 1,3 million de new-yorkais de plus de 60 ans. Un quart de ces plus de 60 ans, soit 300 000 personnes, disposent seulement de trois dollars par jour, une fois payés leur loyer et leur nourriture, selon Bobbie Sackman, porte-parole du Conseil des centres du troisième âge (CSCS), qui défend les intérêts de ces centres. Un tiers vivent seuls. Et selon elle, vu le coût des soins médicaux aux États-Unis, certaines personnes âgées doivent choisir entre acheter leur nourriture ou leurs médicaments. «Nous venons en aide à plus de gens, mais parce que notre population vieillit, parce que le pourcentage des minorités augmente et qu’elles sont plus pauvres, la situation s’aggrave», ajoute-t-elle. Elle mentionne une récente étude, par l’État de New York, selon laquelle 70 % des personnes âgées qui auraient besoin d’un repas à domicile, n’en bénéficient pas. À Sunnyside, Maria Alejandro a récemment décidé de proposer un goûter à 14h30. Le succès a été immédiat. «J’en voyais tellement errant dans les rues, cherchant un endroit pour manger après le déjeuner», explique-t-elle. Une pensionnaire qui refuse de donner son nom, parle pourtant de la honte qu’elle ressent, à dépendre ainsi des services sociaux. «Ce n’est pas normal, pour une personne, d’avoir faim, y compris aux États-Unis», s’indigne à une table de là Ray Glanz, 82 ans, une vieille dame quasi aveugle qui fréquente le centre quotidiennement. Mais le jour de Noël, Sunnyside, comme la plupart de ces centres, sera fermé, et seuls seront livrés les repas à domicile.
À pas prudents, ils progressent sous un immense drapeau américain, tendent leur plateau et reçoivent du lait, du ragoût, des légumes et un dessert : ils ont 70 ans ou plus, et font partie d’un groupe de plus en plus important à New York, celui des personnes âgées incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires. Ceux-là sont venus déjeuner au centre du troisième âge...