Massacre - Le Liban va déposer une plainte auprès du comité de surveillance Spectacle insoutenable à Janta après le passage des avions israéliens

L’aviation israélienne a commis un massacre hier près de Baalbeck en bombardant une ferme, tuant à l’intérieur une femme et ses six enfants, âgés de 1 à 16 ans. Trois autres personnes ont été blessées et une antenne de la radio du Hezbollah a été détruite. Après l’attaque, le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a indiqué que le Liban allait déposer une plainte auprès du comité de surveillance du cessez-le-feu. Dans une déclaration à la presse, M. Hoss a affirmé que ce raid «prouve une fois de plus que le Liban est la victime de la dualité de la politique internationale». «Ceux qui prônent la liberté, la justice et les droits de l’homme sont ceux-là mêmes qui fournissent à Israël ses armes de destructions», a-t-il dit. Ce raid, qui constitue une violation flagrante des arrangements d’avril 1996, est totalement injustifié puisqu’il n’a été précédé d’aucune attaque menée par la Résistance et qu’il a abouti à la mort atroce d’une femme et de ses six enfants. Nadwa Osman, 35 ans, et ses six enfants, trois garçons, Sobhi (un an et demi), Ali (5 ans) et Amine (7 ans), et trois filles, Amina (16 ans), Souad (11 ans) et Aïda (10 ans), ont été tués par un missile qui a détruit la ferme qui les abritait à Janta, à 5 kilomètres de la frontière avec la Syrie. Le père de famille, Mohammed Osman, et son fils Alaa, âgé de 14 ans, qui se trouvaient hors de la ferme lors du raid mené vers 14h40, ont échappé à ce «massacre sioniste», a précisé Saout el-Moustadhafine, la radio du Hezbollah émettant dans la région de Baalbeck. Les correspondants de presse ont pu voir les corps déchiquetés de la mère et de quatre de ses enfants, évacués vers l’hôpital de l’imam Khomeyni à Baalbeck. «C’est insoutenable. Des membres déchiquetés, brûlés, empilés les uns sur les autres», a raconté le correspondant de l’AFP, Hikmat Chreif. Un agriculteur non membre du Hezbollah Mohammed Osman, un agriculteur qui élève avec sa famille un troupeau de vaches et de moutons et travaille la terre pour le compte du propriétaire de la ferme, un officier de l’armée libanaise, Ahmed Ayoub, n’est pas membre du Hezbollah ni d’aucune formation politique, selon des témoignages concordants. Trois autres civils ont été blessés lors du raid mené par quatre chasseurs-bombardiers qui ont tiré quatre missiles air-sol sur des cibles situées entre les villages de Nabi-Chit et Nassiriyé, à 15 kilomètres au sud-est de Baalbeck. Il s’agit de Ali Mourtada, donné pour mort lors des premières informations, et d’un berger et sa femme. L’une des antennes de la radio du Hezbollah a été entièrement détruite, mais la station a continué à émettre. Huit vaches en train de paître dans la région ont également été touchées. Les armées libanaise et syrienne et les combattants du Hezbollah déployés dans la région ont dirigé le feu de leurs batteries antiaériennes contre les appareils israéliens, sans pouvoir les contraindre à prendre de l’altitude. Hier matin, la chasse israélienne avait bombardé des positions du Hezbollah jouxtant la zone occupée sans faire de victimes. Le passage de Zemraya (Békaa-Ouest), reliant la zone de sécurité au reste du Liban, avait été fermé dans les deux sens après une forte explosion dont l’origine n’a pas été déterminée. Depuis le début de l’année, l’aviation israélienne a mené plus de 120 raids. Toutefois, l’attaque contre Janta est le premier sur cette région depuis deux ans. En octobre 1997, des appareils avaient détruit une antenne de la radio du Hezbollah, qui l’avait promptement remplacée. L’agression israélienne ne coïncide pas avec une attaque du Hezbollah. Elle intervient cependant après l’annonce par le secrétaire général du parti, sayyed Hassan Nasrallah, que sa formation avait recruté 2 000 combattants de différentes communautés. Il a affirmé que des unités multiconfessionnelles, formées et entraînées par le Hezbollah ces derniers mois, sont désormais opérationnelles.