Diplomatie - Washington cherche à relancer les négociations Moratinos : contacts euro-US sur le Liban

Au Liban, quatrième étape de sa tournée moyen-orientale, l’émissaire européen au Moyen-Orient, M. Miguel Angel Moratinos, n’était pas porteur d’idées nouvelles pour le déblocage des volets libanais et syrien des négociations de paix avec Israël. Il a toutefois communiqué aux présidents Émile Lahoud et Sélim Hoss, les résultats de ses entretiens à Washington, avec les responsables américains qui examinent, a-t-il dit, une formule pour relancer les négociations sur les volets libanais et syrien. «La situation dans la région est difficile, mais je ne perds pas espoir de parvenir à une solution», a-t-il déclaré sur le perron de Baabda. M. Moratinos qui s’est successivement entretenu avec le président de la République et le chef du gouvernement dans la matinée, a indiqué qu’il est venu au Liban juste après l’élection du général Lahoud à la magistrature suprême et la formation du nouveau Cabinet «pour affirmer l’intérêt que l’Union européenne porte à ce pays et à la poursuite de ses efforts avec les autorités libanaises afin de tenter de relancer les pourparlers de paix avec Israël et de consolider le développement politique, social et économique au Liban». M. Moratinos s’est dit résolument optimiste quant à un règlement dans la région, avant de souligner que les États-Unis veulent débloquer les volets libanais et syrien du dialogue avec Israël. Il a ainsi révélé qu’il s’était rendu récemment à Washington en compagnie du ministre autrichien des AE, M. Wolfgang Schüssel, (dont le pays préside actuellement la troïka européenne) pour débattre avec le secrétaire d’État américain, Mme Madeleine Albright, son adjoint pour les affaires du Moyen-Orient, Martin Indyk et le coordonnateur américain pour les pourparlers de paix, Dennis Ross de la formule adéquate pour un déblocage des volets libanais et syrien des pourparlers avec Israël. M. Moratinos n’a pas révélé devant la presse la teneur de ses conversations à Washington, indiquant qu’il en a fait part au président Lahoud. Il se rendra aujourd’hui à Damas, a-t-il déclaré, pour débattre avec les dirigeants syriens des possibilités qui s’offrent en vue de la reprise des négociations. Selon lui, l’Union européenne n’épargnera aucun effort pour aboutir à un règlement, indépendamment de l’évolution des négociations israélo-palestiniennes. Il a toutefois fait remarquer qu’une dissociation des deux volets libanais et syrien des négociations de paix, ainsi que les violations de l’espace aérien libanais par la chasse israélienne ne favorisent pas une reprise du dialogue rompu depuis février 1996. Plus tard dans la journée, M. Moratinos a indiqué que l’Europe aura à jouer un rôle croissant dans l’instauration de la paix, sans que cela signifie pour autant une quelconque rivalité avec les États-Unis, coparrains, comme on le sait, avec la Russie, du processus de paix. Selon lui, ce qu’il entreprend dans le cadre de ce processus ne représente que 10 % de ses capacités. M. Moratinos a tenu ces propos au cours du déjeuner offert en son honneur au restaurant Al Dente par l’ambassadeur d’Allemagne, M. Peter Wittig, en présence notamment du représentant de la Commission européenne, M. Dimitris Kourkoulas et de quelques journalistes. Auparavant, M. Moratinos a reçu au siège de la Commission européenne à Achrafieh, les chefs des missions diplomatiques européennes accrédités au Liban. Il leur a fait part des efforts qu’il déploie pour faire redémarrer le processus de paix et a répondu à leurs questions à ce sujet. Interrogé au cours du déjeuner au sujet d’une relance par Washington du dialogue avec Israël, il a indiqué que les Américains sont bien conscients que l’État hébreu accorde la priorité aux garanties et la Syrie à un repli israélien du Golan. Selon lui, la solution pour un redémarrage du dialogue entre la Syrie et Israël consisterait en un mécanisme de négociation portant sur ces deux questions. Pour en revenir à ses entretiens avec le général Lahoud et M. Hoss, l’émissaire européen a indiqué qu’il s’est fait deux nouveaux amis au Liban, «deux personnes aux styles très différents», a-t-il ajouté. Les deux lui ont expliqué la position libanaise quant à l’application inconditionnelle de la résolution 425 et la concomitance des volets libanais et syrien des négociations de paix. M. Hoss a en outre chargé M. Moratinos de demander à Israël de «mettre fin aux activités de son aviation dans l’espace aérien libanais». C’est ce que l’émissaire européen a indiqué à la presse à sa sortie du Grand Sérail, ajoutant avoir promis à M. Hoss de le faire pour «créer les conditions politiques nécessaires à une relance des négociations».