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Actualités - CHRONOLOGIE

Les réformateurs renforcent leur emprise sur la Russie

Les réformateurs ont nettement renforcé leur contrôle sur la direction de la Russie, avec la formation d’un gouvernement acquis à leurs thèses et la nomination de leur chef de file Anatoli Tchoubaïs à la tête de la première entreprise du pays, le monopole de l’électricité SEU. Une ombre au tableau: le point fort de l’équipe Kirienko — un rassemblement de jeunes technocrates, plutôt libres de toute allégeance à l’égard des partis et des empires financiers — est aussi sa principale faiblesse. D’ores et déjà en effet, les analystes doutent que le nouveau Cabinet aura l’autorité nécessaire pour appliquer la politique de rigueur qu’il prône. Les ministres devront procéder à des coupes claires dans le budget, au détriment d’un secteur public où les salaires ne sont déjà plus versés depuis parfois des mois. Le ministère des Finances a demandé jeudi une diminution des dépenses publiques de plus de 10 milliards de dollars pour compenser la chute des cours du pétrole et l’incapacité de l’Etat à collecter l’impôt. Jeudi, Boris Eltsine a nommé au total onze ministres, à l’issue d’entretiens avec M. Kirienko dans une résidence de campagne, Corki-9, dans les environs de Moscou. Mardi, il avait nommé neuf ministres et le gouvernement «est désormais formé pour l’essentiel», ainsi que l’a indiqué le porte-parole du Kremlin, Sergueï Iastrjembski. Les dernières nominations interviendront le 5 mai. Le plus jeune premier ministre de l’histoire de la Russie (35 ans) sera entouré de trois adjoints. Il s’agit du nouveau-venu Viktor Khristenko, 40 ans, chargé des questions économiques financières, et des ministres sortants Boris Nemtsov (38 ans, Energie et Grands monopoles) et Oleg Syssouïev (45 ans, Affaires sociales). Des professionnels tout aussi acquis au credo libéral conservent leur portefeuille à l’Economie (Iakov Ourinson) et aux Privatisations (Farit Gazizoulline). Une seule femme Elue du parti libéral d’opposition Yabloko à la Douma, Oxana Dmitrieva prend en charge à 40 ans le ministère du Travail. Ancienne économiste de Saint-Pétersbourg, elle était membre de la commission budgétaire de la Chambre basse du Parlement. Elle est pour l’heure la seule membre de l’opposition intégrée au sein du gouvernement. Mais le parti de Grigori Iavlinski, qui a refusé l’investiture de Kirienko, a aussitôt engagé une procédure d’exclusion à son encontre. Sans surprise, aucun communiste n’est présent dans le gouvernement. Eltsine comme Kirienko ont rejeté les appels à un gouvernement de coalition lancés par le Parti communiste. Ancien dirigeant du groupe bancaire russe Menatep Bank âgé de trente-quatre ans, Sergueï Generalov est nommé ministre de l’Energie, le poste qu’occupait Kirienko dans le gouvernement Tchernomyrdine avant d’être désigné par Eltsine pour diriger le nouvel Exécutif. Victor Semïonov à l’Agriculture, Pavel Kracheninnikov à la Justice et Victor Nekroutenko aux Ressources naturelles complètent la liste des nominations annoncées jeudi. Le ministère chargé des relations avec les pays de la Communauté des Etats indépendants a été supprimé, signe du dépérissement de la CEI, une structure qui regroupe douze des quinze anciennes républiques soviétiques et qui n’a jamais décollé depuis sa création, en 1991. «Il s’agit du gouvernement le plus homogène qu’ait eu la Russie dans son histoire d’Etat indépendant» (depuis 1991), estime l’analyste Andreï Piontkovski, directeur du Centre d’études stratégiques. «Et ce gouvernement est sans aucun doute plus proche idéologiquement d’Anatoli Tchoubaïs et d’Egor Gaïdar (les réformateurs qui ont fait basculer la Russie vers l’économie de marché) que de qui que ce soit d’autre», poursuit cet expert. Le chef de l’opposition communiste Guennadi Ziouganov a fait le même constat: «Le nouveau gouvernement est une troisième édition du gouvernement de Gaïdar avec (la marque) des dents de Tchoubaïs», a-t-il commenté avec amertume.
Les réformateurs ont nettement renforcé leur contrôle sur la direction de la Russie, avec la formation d’un gouvernement acquis à leurs thèses et la nomination de leur chef de file Anatoli Tchoubaïs à la tête de la première entreprise du pays, le monopole de l’électricité SEU. Une ombre au tableau: le point fort de l’équipe Kirienko — un rassemblement de jeunes...