Actualités - ANALYSE
Municipales : la coordination, hantise de l'opposition toutes tendances confondues
Par K. E., le 29 avril 1998 à 00h00
Avec la fièvre des municipales qui commence à monter, tout le monde veut «coordonner», surtout dans les rangs de l’opposition. En effet, à part la mission confiée à M. Massoud Achkar par le «courant national» (aounistes, Gemayel, PNL, opposition Kataëb), à part aussi la campagne du courant FL que coordonne M. Fouad Malek, un «Comité pour la démocratie au Liban» se propose d’harmoniser plus globalement les positions opposantes dans le cadre de la bataille électorale. Cette instance a été formée à l’issue du congrès organisé à Beit-Méry par le «Centre libanais des études juridiques et économiques» de Me Ibrahim Kanaan, toujours en… coordination avec le «Conseil national britannique pour le Moyen-Orient». Les résolutions prises lors de cette conférence, qui a regroupé des personnalités de l’Est comme de l’Ouest, soulignent qu’au cas où le pouvoir se déroberait encore une fois et éluderait les municipales ou encore y interviendrait abusivement «les institutions de l’Etat perdraient toute légitimité. Le peuple devrait donc prendre conscience de ses intérêts et se battre pour en obtenir la réalisation». Les recommandations, qui insistent en outre sur la nécessité de laisser une saine émulation se déployer à travers partis et forces politiques, reflètent bien évidemment la synthèse des exposés développés lors de ce séminaire tenu à l’hôtel Bustan. Dans son intervention, l’un des invités de marque, M. Tammam Salam, député de Beyrouth, avait appelé à une large participation populaire en signe d’intérêt tout à la fois pour la gestion du quotidien et pour la promotion de la démocratie. Député du Metn, M. Chaker Abousleiman avait souligné qu’une élection doit inciter la jeunesse à s’intéresser à la chose publique, à se préoccuper d’action collective en oubliant sa morosité et en cessant de songer à partir ailleurs… De même, les municipales doivent aider les villages à se développer. Le bâtonnier Antoine Klimos a évoqué la nécessité d’une décision nationale autonome aux côtés d’un pouvoir judiciaire protégeant les citoyens de toute oppression. M. André Chidiac a développé de son côté le point de vue du Bloc national, appelant également les Libanais, les jeunes surtout, à se mobiliser massivement pour les municipales. Me Ibrahim Kanaan a souligné pour sa part l’importance de la mise sur pied de comités populaires rassemblant diverses forces politiques pour renforcer la démocratie, le pouvoir devant de son côté rester strictement neutre… Tractations Pour en venir à la campagne elle-même, elle se trouve marquée au stade actuel par des contacts intensifiés au niveau de l’opposition en vue de la formation de listes homogènes représentant tout à la fois les familles et les courants politiques. Tâche pointue, difficile, bien qu’il existe des principes et des critères convenus. Jusqu’à présent cependant les conciliateurs et coordinateurs ont bon espoir car plusieurs forces qui jusque-là n’avaient pas pu s’entendre se disent prêtes à faire cette fois un effort pour former un front uni. En outre, c’est bien connu, dans les municipales, la capacité d’immixtion du pouvoir est proche du degré zéro, alors que dans les législatives elle est élevée. Cela pour la simple raison qu’à huis clos tout le monde se connaît, tout le monde s’accroche à son clan ou à sa branche de famille, on ne peut tromper personne ni tronquer les chiffres. Et dans un tel climat, les rangs loyalistes sont eux-mêmes divisés dans la mesure où les clivages dans les villages se rapportent à des intérêts locaux et non à des préoccupations politiques. Sauf, exception notoire, au Mont-Liban, où les divergences de toutes natures se confondent depuis toujours, les familles ayant reporté leurs rivalités par des adhésions à des partis politiques opposés comme la fameuse adversité BN — Destour ou encore Kataëb — PSNS, seuls les chamouniens et les progressistes paraissant résolus à mettre de côté pour de bon leur ancien antagonisme. C’est donc principalement dans cette partie centrale du pays que l’opposition peut prétendre livrer une bataille ayant valeur de test au pouvoir. Ce dernier, dit l’opposition, tente de justifier ses interventions au nom de la concorde, pour prévenir des heurts, thème qu’il utilise volontiers au niveau de la gestation des listes dites de coalition. Selon l’opposition, les dirigeants usent également d’un autre argument, le même qu’ils avaient essayé d’employer, sans succès, pour faire passer le principe des désignations: la nécessité de préserver les équilibres confessionnels dans la composition des conseils municipaux des grandes concentrations démographiques ou dans les villages panachés. Ils proposent donc souvent, toujours à en croire les opposants, des listes toutes faites, en base de quotas d’apparence confessionnelle mais bourrés de gens bien à eux. Pour riposter à ces tentatives, les opposants soulignent en général que leur unité de rang s’impose plus que jamais, qu’il leur faut s’organiser et monter rapidement une machine électorale efficace. Ce qui reste, à vrai dire, un pieux souhait car les municipales n’étant pas les législatives, l’unité en base de thèmes politiques est souvent difficilement réalisable…
Avec la fièvre des municipales qui commence à monter, tout le monde veut «coordonner», surtout dans les rangs de l’opposition. En effet, à part la mission confiée à M. Massoud Achkar par le «courant national» (aounistes, Gemayel, PNL, opposition Kataëb), à part aussi la campagne du courant FL que coordonne M. Fouad Malek, un «Comité pour la démocratie au Liban» se propose...
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