Rechercher
Rechercher

Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Charles Hélou répond à Raymond Eddé : la vérité sur l'accord du Caire

Nous recevons du président Charles Hélou une longue réponse à la déclaration de M. Raymond Eddé au sujet de l’accord du Caire parue dans notre édition du 24 courant. M. Hélou écrit: «Dans «L’Orient» et dans plusieurs autres journaux, je vois ou revois une mise en cause de l’accord du Caire d’octobre 1969. Je voudrais révéler ou indiquer ce que je sais de cet accord. «Nous avons, depuis Nakoura jusqu’à la frontière nord du Liban, près de 300 km de frontières maritimes et autant et plus de frontières terrestres, outre la rencontre des nombreuses voies de détours. «Pour faire face à l’intrusion des réfugiés fédayine palestiniens et arabes, nous avions délibéré, entre le roi de Jordanie et moi-même, sur la possibilité de provoquer une réunion arabe au sommet. «Nous le déclarâmes dans un communiqué commun. Les réfugiés, devenus par la suite des combattants palestiniens, se transformaient, à partir de la guerre de 1967, en fédayine. A l’époque, le chef de l’OLP, M. Ahmad Choucairi, nous demandait de garder au Liban les réfugiés illégalement entrés sur notre territoire et qui refusaient de repartir vers les autres pays arabes. Notre infortune était que nous étions les plus accueillants de ces pays. «En dépit de nos réponses qui ne pouvaient être que négatives, M. Ahmad Choucairi rendit à Casablanca un public hommage à l’accueil fait par les autorités libanaises, et il sollicitait, pour les Palestiniens malheureux, un certain nombre de facilités supplémentaires. * * * «M. Choucairi fut remplacé, à la fin de la guerre de 1967, par M. Yasser Arafat. Celui-ci se distingua par sa fougue et son manque de considération pour les lois et le territoire de tout Etat arabe situé sur la route de la reconquête de la Palestine. A chaque incident qui se produisait au Liban, il avait la possibilité de dire: «Nous avons le droit pour nous». Les fédayine qui étaient en Jordanie multipliaient tous les jours leurs exploits et les aggravaient dans les journaux, ils étaient crus et augmentés et aggravés. «La plupart des journaux du Liban reprenaient et publiaient glorieusement ces exploits. On peut citer pour cela: «Le combat de 5 heures à la frontière israélo-jordanienne. Les puissants assauts des fédayine» (Saout el Ourouba, 9 février 1968). «Les fédayine bombardaient l’ennemi au mortier et au bazooka». «Fateh annonce la destruction d’installations industrielles et militaires à Jérusalem» (Al Moharrer 10 février). «Dayan se plaint de l’action fédaïe et en fait supporter la responsabilité aux pays arabes» (Al Chaab 15 février). «L’exemple des fédayine tombés au champ d’honneur était d’une puissance d’émotion et de contagion considérable. Accepter ainsi la mort était, certes, plus impressionnant que la donner. Plus encore: le nom de la localité où s’était déroulé ce sacrifice était par lui-même éloquent: «Karameh» signifiant, également, «la dignité». Cette dignité apparaissait comme celle de tous les Arabes. «L’Ahram du 29 mars 1968 disait: «Karameh a contribué à unir les organisations palestiniennes». «Mais la conséquence la plus décisive de cette bataille était une conférence de presse du roi Hussein qui déclarait en anticipant, de plus d’un mois, sur la déclaration de notre président du Conseil des ministres, M. Yafi: «Vous pouvez considérer que nous sommes tous des fédayine». C’était le 23 mars 1968. Le roi de Jordanie ajoutait: «La Jordanie n’est nullement responsable de l’action des fédayine». * * * «Nous n’avions pas de force internationale à nos frontières. Ce que la Jordanie refusait après l’Egypte, nous pouvions difficilement en obtenir tout de suite la réponse positive au Liban. «Mais j’ai dans mon dossier mes lettres et celles de Rachid Karamé aux membres du Conseil de Sécurité. «Notre ambassadeur à Amman, M. Ali Bazzi, nous envoyait le 23/11/1968 le texte de l’accord conclu entre les fédayine et les autorités jordaniennes. L’exaltation des jeunes «La mort d’un fédaï libanais Ezzeddine Jamal ramené au Liban ajoutait un cortège funéraire au Liban; des comités étaient constitués dans la jeunesse. Ils faisaient conduire jusqu’au plus fort l’exaltation des plus jeunes. Même les partis chrétiens ne pouvaient être en reste de l’indignation en face d’un pareil cortège. «Un seul article d’un seul de nos journaux arabes contribuait à faire éclater l’exaltation du pays contre Israël. «Ce n’est pas la peine de citer tous les articles de presse favorables aux fédayine pour marquer ce que la résistance palestinienne était, ce qu’elle représentait et ce qu’elle méritait de susciter. «Comment pouvions-nous empêcher les compagnons du martyr Ezzeddine Jamal d’imiter ceux des autres pays arabes? «Son exemple créait une secousse à travers tous les quartiers de la ville et du pays. «Déjà «L’Orient» du 28 avril 1968 évaluait à des milliers de personnes les fédayine libanais. «Dans divers milieux, la conviction s’était ancrée que le cercueil du combattant Ezzeddine Jamal était vide, ou plutôt rempli de pierres. Il est impossible de le prouver maintenant. Il est impossible de prouver le contraire. Ce qui rendit cependant l’imposture peu vraisemblable, c’est que rien n’empêchait les organisations fédaïes de mettre, dans le cercueil, à défaut d’un Ezzeddine Jamal, absent ou inexistant, un cadavre qui aurait été, bien réel celui-là. Pourquoi d’ailleurs ce cadavre n’aurait-il pas été celui de Ezzeddine Jamal lui-même, libanais de la localité de Mansourieh dans la montagne libanaise et qui, avec de très nombreux Libanais, s’était enrôlé dans les rangs du «Fateh», après s’être entraîné ailleurs? Nous faisions de notre mieux pour calmer les esprits «En avril 1968, des incidents nombreux se multipliaient entre fédayine et l’armée libanaise. Le journal «L’Orient» évaluait les fédayine à des milliers. Le président du Conseil Rachid Karamé, qui était démissionnaire depuis 7 mois, nous avait laissés durant ces 7 mois sans gouvernement, après les incidents de Beyrouth et de sa banlieue. Allait-il, après Majdel Silm, nous laisser sans gouvernement, en crise ministérielle, et aucun coreligionnaire n’acceptait de le remplacer? «Après lui, tous les musulmans du gouvernement démissionnaient. «C’était le 25 octobre 1969. * * * «J’avais étudié sans résultat valable l’exemple de Chypre divisé entre Turcs et Hellènes. Mais l’exemple n’était pas convaincant. Tout cela avait lieu une semaine avant l’accord du Caire. «Je reviens en arrière pour citer l’Agence nationale d’information de l’époque. Elle écrivait: «Le chef du gouvernement, M. Rachid Karamé, informe le président de la République de sa démission. (Agence nationale d’information. Le mercredi 22 octobre 1969). L’agence poursuivait: «Le chef du gouvernement informe le président de la République de sa démission et incite les Libanais à l’unité nationale, pour faire échec aux visées contre le Liban. Appel aux Etats Arabes pour coopérer avec le Liban. Ce matin, le chef du gouvernement désigné, M. Rachid Karamé, a été reçu par le président de la République, M. Charles Hélou, à qui il a fait savoir qu’il n’est plus en mesure d’assumer ses responsabilités. Le président Karamé a lancé un appel aux Libanais pour préserver leur unité nationale, et aux Etats arabes pour venir en aide au Liban. A la suite de son entrevue avec le chef de l’Etat, le président Karamé a fait la déclaration suivante: «Dans les circonstances délicates que traverse le pays, je trouve de mon devoir de lancer un appel aux citoyens, pour qu’ils demeurent attachés aux principes et idéaux auxquels nous croyons tous». Le facteur temps «J’ai été amené à présenter ma démission au Président de la République, à la suite des événements regrettables du 23 avril dernier, qui n’avaient pas reçu mon approbation. Ma décision d’assurer la liquidation des affaires courantes était guidée par mon désir d’éviter tout ce qui pouvait nuire au pays et par la conviction que seul, le facteur temps, pouvait éclaircir la situation et justifier ma prise de position aux yeux de l’opinion publique. «Et le président Karamé de poursuivre: «Les événements d’hier ne font que confirmer mon point de vue. Voilà pourquoi je me suis rendu ce matin à 9 heures à Beit-ed-Dine, où j’ai rencontré le Président de la République. Après avoir exposé mon point de vue sur la situation et ses développements, j’ai fait savoir à son Excellence que je n’étais plus en mesure d’assumer mes responsabilités. Ma décision n’était point dictée par un sentiment de peur ou de fuite devant les responsabilités; mais comme il est inconcevable que l’on assume la responsabilité d’un acte auquel on est étranger, de même je ne peux être tenu pour responsable d’événements contraires à mes principes et à mes convictions. «Je considère que le Liban, ce pays arabe libre et indépendant, a une mission à remplir en vue du maintien de son unité nationale et de sa défense contre toute atteinte dirigée contre lui. Par ailleurs, le Liban devra collaborer le plus étroitement possible avec ses frères arabes dans l’intérêt de tous, spécialement dans cette phase critique où nous affrontons un ennemi commun: le sionisme et l’impérialisme. Ceci devrait nous inciter à faire front commun, pour affronter tous ces dangers». «Et le président Karamé de conclure: «La mort pour la patrie est la plus noble expression du don de soi. La lutte du peuple palestinien pour recouvrer sa patrie devrait nous inciter à diriger toutes nos forces contre le sionisme et l’impérialisme. J’invite donc mes frères libanais à resserrer leurs rangs et à préserver leur unité nationale, pour empêcher nos ennemis de porter atteinte à la sécurité, la stabilité et la réputation de notre pays. «Je lance également un appel à nos frères arabes, un sincère appel, pour qu’ils se rangent à nos côtés et nous soutiennent dans ces moments difficiles. Nous serons ainsi en mesure d’atteindre nos objectifs, grâce à notre unité nationale et à l’aide de nos frères arabes». Je continue à citer l’Agence nationale d’information. Elle écrivait: «1ère Réunion à Dar El-Fatwa (22/10/1969). «Décisions prises au cours d’une réunion de personnalités musulmanes à Dar El-Fatwa. «Appui aux fédayine et condamnation de la politique américaine. A la suite de la réunion tenue à Dar El-Fatwa, sous la présidence du Mufti de la République cheikh Hassan Khaled et en présence de: cheikh Al-Akl Mohamed Abou Chakra, Rachid Karamé, Abdallah Al-Yafi, Hussein Al-Hakim, Soubhi Al-Mahmassani, Rafic Naja, Jamil Mekkawi, cheikh Mohamed Al-Daouk, Mohamed Kni’o, Amin Al-A’arayssi, Rafic Al-Ghandour, Oussamah Fakoury, Rafic Al-Tibi, Mohamed Amin Doughan, Amin Bayhum, le communiqué suivant a été publié: «Le texte du communiqué: «Suite aux événements sanglants du Sud, qui ont coûté la vie à un certain nombre de soldats et de fédayine, une réunion s’est tenue, hier soir à 19 heures à Dar El-Fatwa, sous la présidence du Mufti de la République libanaise cheikh Hassan Khaled. Plusieurs personnes, toutes libanaises, y prirent part. Elles ont affirmé assumer leur entière responsabilité envers leur patrie, le Liban, ainsi qu’envers les causes arabes, dont la principale est la cause palestinienne et l’action fédaïe. Le communiqué américain «Les discussions ont porté sur les récents événements politiques du Liban, et sur le communiqué américain relatif au protectorat étranger qu’on voudrait imposer au Liban et que tous les Libanais refusent. «Ce protectorat signifie, en effet, dans ses implications, la défense des intérêts d’Israël, le désir d’isoler le Liban sur le plan arabe et de l’empêcher de jouer son rôle naturel dans le conflit du destin commun à tous les arabes. «Les personnes présentes proclament les quatre points suivants: « 1) La condamnation de toute opposition à l’action des fédayine. Ils expriment, par ailleurs, leur profonde douleur pour les victimes tombées, durant les derniers accrochages, qui se sont produits entre les soldats libanais, nos fils et nos frères, et les fédayine, eux aussi nos frères et nos fils. «2) Refus du communiqué américain «Le rejet du communiqué américain, qui prétend détendre le territoire libanais contre toute agression, d’où qu’elle provienne, et sauvegarder sa souveraineté. Ils considèrent que ce communiqué n’est en réalité qu’une protection des intérêts israéliens, notamment après la prise de position flagrante des Etats-Unis en faveur d’Israël. Celle-ci s’est manifestée par la livraison des avions «phantom» et d’autres armements, par l’appui absolu aux Nations Unies, et par l’autorisation donnée aux citoyens américains, de s’enrôler dans l’armée israélienne, sans pour autant perdre leur nationalité américaine. «Ils refusent, par ailleurs, catégoriquement, toute intervention étrangère, américaine ou autre, dans les affaires intérieures libanaises. L’unique protection du Liban ne peut se réaliser que par l’unité nationale, le renforcement des moyens de défense, la fortification des villages frontaliers, et le service militaire obligatoire. C’est ainsi que le Liban pourra se dresser contre les visées territoriales de l’ennemi. « 3) Appui total aux fédayine «Réaffirmation de leur appui total à l’action fédaïe. Ils demandent aux Autorités libanaises de lui donner toute la liberté d’action, afin que cette action soit efficace et atteigne ses buts. Les fédayine ne sont pas les ennemis du Liban et n’ont aucune visée sur le Liban, comme le prétend la propagande ennemie. L’action fédaïe au Liban n’est, en aucune manière, une agression contre la politique libanaise. «Les personnes présentes lancent un appel à toutes les parties dans ces circonstances graves, afin d’assumer leurs responsabilités historiques. Ils leur demandent d’agir avec sagesse, pour préserver l’unité nationale. Le moment présent ne doit pas être celui des luttes intérieures; les armes des Arabes, tous les Arabes, doivent être dirigées contre l’ennemi. «Ils lancent, par ailleurs, un appel aux responsables libanais, pour que le Liban assume ses responsabilités militaires entières, en coordination avec ses frères arabes, dans un esprit de grande compréhension et de sincérité. « 4) Cette première réunion est considérée comme préliminaire à d’autres réunions prochaines, qui grouperaient toutes les parties nationales et personnalités nationales, qui n’ont pas pu être convoquées à celle-ci, à cause du manque de temps. «Quant aux autres réunions, elles portaient les mêmes confirmations que la première. Manifestations populaires «A cette étape, nous avions aussi en même temps les manifestations populaires dans les pays arabes, 100.000 en Syrie, 200.000 en Irak, autant de manifestations en Jordanie et ensuite au Caire, en Lybie, on nous envoyait des télégrammes de protestation, le Président Nasser nous comblait de deux lettres successives auxquelles j’avais répondu, j’étudiais avec les experts des Affaires étrangères la situation en Chypre en envisageant sérieusement toutes les situations. «Quant à la future situation libanaise, j’avais déjà envoyé, en 1967 tantôt seul tantôt avec Rachid Karamé, des lettres aux gouvernements du Conseil de Sécurité et aussi au secrétaire général de la ligue arabe et enfin à Sa Sainteté le Pape. «Rien n’y fit, alors j’envisageais une entente libano-fedayine. M. Rachid Karamé restait réellement le plus modéré des adversaires des fédayine. Nous nous réunîmes moi-même et lui ainsi que les plus hautes autorités de l’armée. «Dois-je signaler que durant 7 mois nous n’avions de gouvernement ni de ministres mais que j’avais malgré tout chargé Karamé de la formation du nouveau gouvernement. Je voulais ainsi coupé court à l’anti-propagande consistant à dire que notre conflit moi-même et Rachid Karamé était fait pour me débarrasser du président du Conseil. Nous désignâmes une délégation composée de Rachid Karamé président de nouveau en exercice ainsi que deux officiers supérieurs et le Secrétaire général des Affaires étrangères M. Nagib Sadaka et je dictais moi-même une dépêche rendant possible un arrangement libano-fédaï mais sans aller plus loin, les officiers étaient le chef d’Etat major de l’armée Youssef Chemayet et un officier du deuxième bureau. «Je refusais d’aller moi-même en Egypte malgré les sollicitations de l’ambassadeur de l’Egypte auprès de moi. «La délégation changea l’identité des délégués. Le général Chemayet ayant renoncé à partir, ce fut le général Boustani commandant en chef de l’armée qui le remplaça. Il remplaça aussi le chef du gouvernement au dernier moment comme je l’ai dit. «M. Sadaka, secrétaire général des Affaires étrangères, remplaça le troisième homme de la délégation. «Arrivés en Egypte, les délégués se heurtèrent semble-t-il à une manifestation egypto-fédayine qui les obligea à accepter plusieurs dispositions des ordres qu’ils avaient reçus par moi-même et par Rachid Karamé. «Du Caire, Nagib Sadaka revient au Liban en déclarant qu’il se passait en Egypte des changements qu’il ne pouvait pas approuver. «Le général Boustani chef intérimaire de la délégation prit la responsabilité de continuer la mission. «Cela explique qu’il y avait plusieurs dispositions nouvelles: ce sont les 4 premières de l’accord du Caire en faveur des Palestiniens se trouvant au Liban et plusieurs autres dispositions satisfaisant les fédayine. «L’article13: La Partie palestinienne déclarait que l’autorité libanaise continuerait à exercer ses pouvoirs et sa responsabilité sur tout le territoire libanais, en toutes circonstances. «Mais cela explique que l’office du deuxième bureau ait pu inventer de fausses rumeurs concernant le fait que le président Nasser aurait demandé au général Boustani si le texte de l’accord du Caire est celui-là même qui lui a été présenté et accepté. «Simple mensonge fréquent! parmi les officiers du 2e bureau et dont j’ai révélé l’imposture au Liban lorsque j’ai déclaré que le général Boustani avait été reçu par Nasser bien avant la commission de la délégation palestinienne, que l’accord n’avait pas encore été établi et que Nasser ne pouvait pas interroger Boustani sur quelque chose de non existant: au Liban, au retour du général Boustani, je reçus celui-ci et je renonçai à signer l’accord du Caire, tous les juristes sérieux auraient commencé par demander s’il avait été signé par moi (ce qui n’était pas vrai); quant à l’exposé devant la Chambre, il ne pouvait être que très bref et signalant uniquement ce qui pouvait être signalé. «Ainsi le Liban maintint sa présence avec ses frères arabes sans autre engagement réel de sa part. Ainsi le texte du prétendu accord du Caire fut apparemment maintenu sans qu’il fut juridiquement accepté par le Liban. Trois ans après mon départ «Trois ans après mon départ, le président Frangié fit bombarder plusieurs campements fédayine. Il n’en fut nullement empêché par l’existence de l’accord du Caire, mais par une démarche des ambassadeurs arabes auprès de lui. Ainsi également le président Frangié fit présenter en 1976 une motion constitutionnelle remplaçant dans son esprit l’accord du Caire qui fut approuvé par la plupart des députés. «Un peu plus tard, les premiers ministres aux congrès de Muhammadieh (le Marok 29-30/8/82 et à Tunis le 26/6/1982 ont pu soutenir que l’accord du Caire n’engageait pas le Liban. «Tout cela fut accompli jusqu’à l’abrogation, le 14 juin 1987. Cette abrogation a eu lieu contrairement à l’opinion de quelques ignorants d’une manière unilatérale, sans le consentement réciproque des chefs fédayine. «Comme le dit le professeur Antoine Kheir le 8 novembre 1986, l’accord du Caire n’étant approuvé ni par le gouvernement libanais ni par la Chambre libanaise, n’existait pas. «De même, le président Sélim Hoss avait déclaré le 14 décembre 1982 à la presse que la présence syro-palestinienne devait cesser au Liban. «Mieux que tout cela, le ministre Youssef Jebran qui était ministre de la Justice et de l’Information, du 16 juillet 1979 au 25 octobre 1980 dans le gouvernement présidé par M. Sélim Hoss, a déclaré à l’ambassade même du Liban, à Paris, et en réponse à une question d’un diplomate français: «L’accord du Caire n’existe pas». «J’ai un document établi le 12 juin 1970, deux mois avant mon départ de la présidence, et près de 6 mois après la signature de l’accord du Caire. «Ce document présente et approuve les propositions du ministre de l’Intérieur, M. Kamal Joumblatt: — Application de l’accord du Caire par toutes les parties. — Interdiction du lancement des fusées à partir du territoire libanais. —Prévoir des subventions pour les habitants du Sud, afin d’empêcher leur exode, etc.. «Ces propositions faites par M. Kamal Joumblatt, avec l’approbation de M. Rachid Karamé, c’est-à-dire les leaders libanais qui étaient les plus favorables aux fédayine, mettent fin à toute discussion. «J’aurais, pour terminer provisoirement ma réponse à «L’Orient» et à d’autres journaux, cité non seulement M. Pierre Gemayel et divers hommes politiques et juristes de son camp, mais la déclaration considérable de l’ancien président Camille Chamoun, ministre des Affaires étrangères et de l’Intérieur en 1976: «A la place du président Hélou, j’aurai agi comme lui». «J’aurai encore un mot à ajouter à ceux qui veulent bien l’écouter: c’est la maxime prononcée, il y a deux siècles déjà et qui est de Danton: «On n’emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers». Je n’invente rien, et j’ai fait de mon mieux pour n’offenser personne».
Nous recevons du président Charles Hélou une longue réponse à la déclaration de M. Raymond Eddé au sujet de l’accord du Caire parue dans notre édition du 24 courant. M. Hélou écrit: «Dans «L’Orient» et dans plusieurs autres journaux, je vois ou revois une mise en cause de l’accord du Caire d’octobre 1969. Je voudrais révéler ou indiquer ce que je sais de cet...