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Actualités - CHRONOLOGIE

L'investiture de Kirienko laisse une Douma humiliée et annonce un gouvernement totalement soumis au Kremlin Boris Eltsine fait le vide autour de lui (photo)

Le président russe Boris Eltsine a fait le vide autour de lui, à l’issue d’une longue crise politique qui accouche d’un Parlement affaibli et humilié, et d’un gouvernement totalement soumis au Kremlin. M. Eltsine a obligé vendredi la Douma, la chambre basse dominée par l’opposition communiste, à entériner son choix du jeune libéral Sergueï Kirienko au poste de premier ministre. Les députés ont été contraints, sous la menace de la dissolution, de se déjuger en votant pour un candidat qu’ils avaient auparavant rejeté deux fois dans les termes les plus virulents Les députés ont ainsi approuvé vendredi avec une majorité confortable la nomination de Sergueï Kirienko, cédant ainsi in extremis pour éviter la dissolution de la Douma. Après le refus radical des deux premiers votes les 10 et 17 avril, la Douma a «craqué» hier, accordant à M. Kirienko 251 voix, nettement plus que les 226 requises. Dans la foulée, le président Eltsine, se félicitant de ce que «la raison a triomphé», a immédiatement signé le décret confirmant cette nomination, et dit son espoir que le nouveau gouvernement serait formé pour l’essentiel «d’ici la fin de la semaine prochaine». «C’est notre victoire commune», a lancé le président russe à son jeune premier ministre en l’accueillant au Kremlin après sa victoire. Les députés «n’ont rien pu faire, parce que la nouvelle Russie qui se redresse a besoin d’un premier ministre» comme vous, a-t-il ajouté. Le nouveau chef du gouvernement, qui avait auparavant remercié les députés pour leur «grand courage», a précisé de son côté qu’il ferait au président des propositions «sur la structure du gouvernement et les postes principaux» mardi prochain. A la Douma, la journée a été dominée par ce qu’un des alliés des communistes a appelé «l’instinct de conservation», qui aura finalement été plus fort que l’hostilité à ce technocrate de 35 ans, issu du vivier libéral dont la Douma a fait son ennemi numéro un depuis des années. Et Boris Eltsine, dans ce nouveau bras de fer avec le Parlement, le plus sérieux sans doute depuis celui qui s’était terminé dans le sang en octobre 1993, l’a une fois de plus emporté, grâce à la Constitution ultra-présidentielle qu’il s’est taillée sur mesure il y a quatre ans. «Aujourd’hui, c’est par instinct de conservation que les députés vont voter», lâchait avant le vote Nikolaï Kharitonov, chef du parti agraire, qui, bien qu’allié des communistes, avait laissé ses députés libres de voter comme ils l’entendaient. La débandade C’est ce soutien, et celui de leur autre allié habituel, le parti agraire, qui lui non plus n’avait pas donné de consigne à ses troupes, qui a manqué aux communistes, montrant clairement les limites de cette majorité relative dont l’opposition de gauche dispose à la Douma. Du coup, ce fut la débandade. Et le résultat final a montré que même parmi les communistes, qui avaient officiellement décidé jeudi soir de voter contre, un certain nombre de députés ont préféré sauver leur siège. Le dirigeant du PC, Guennadi Ziouganov, avait pourtant mis tout son poids dans la balance. Dans un discours extrêmement émotionnel, il a longuement expliqué pourquoi son parti ne voterait pas pour un homme qui symbolise «la politique destructrice» de Boris Eltsine. «Je ne crains pas une dissolution de la Douma», a lancé un Ziouganov visiblement très ému, le visage enflammé, avant de demander au président de proposer un autre candidat pour remplacer Viktor Tchernomyrdine, le solide bureaucrate qui menait le gouvernement depuis plus de cinq ans et que Boris Eltsine a brutalement limogé avec toute son équipe le 23 mars. Après le vote, très amer, M. Ziouganov devait estimer malhonnête ce scrutin sous la menace. La séance s’était ouverte de façon plutôt austère, avec un discours très technique du candidat premier ministre expliquant comment il comptait sortir le pays du gouffre budgétaire par une politique de rigueur, mais daignant tout de même lancer aux députés, comme pour les consoler d’avance de leur défaite: «Nous avons la même responsabilité devant la Russie... Ce n’est déjà plus le programme du gouvernement, mais notre programme commun». Le chef du parti réformateur d’opposition Iabloko, Grigori Iavlinski, a réaffirmé son «non» catégorique à M. Kirienko, évoquant un pays miné par «un gouvernement faible, un président faible et autoritaire, une Douma impuissante». Le suspense, largement émoussé après la défection des alliés des communistes, a définitivement cessé lorsque les députés ont voté contre le scrutin nominal demandé par les communistes et Iabloko, et que le communiste modéré Guennadi Seleznev, bien décidé à ne pas laisser dissoudre la Douma qu’il préside, a voulu y voir l’aval d’un vote à bulletins secrets, permettant tous les marchandages. Les marchés financiers l’ont compris, et les cours sont immédiatement remontés après ce premier vote. La décision finale ensuite n’a guère provoqué de réaction.
Le président russe Boris Eltsine a fait le vide autour de lui, à l’issue d’une longue crise politique qui accouche d’un Parlement affaibli et humilié, et d’un gouvernement totalement soumis au Kremlin. M. Eltsine a obligé vendredi la Douma, la chambre basse dominée par l’opposition communiste, à entériner son choix du jeune libéral Sergueï Kirienko au poste de...