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Actualités - CHRONOLOGIE

Le PC défie Eltsine au risque d'une dissolution de la Douma Kirienko premier ministre, même en cas de rejet de son investiture (photo)

Les commmunistes russes ont arrêté leur décision finale hier: ils ont décidé de s’opposer en bloc à la candidature de Serguei Kirienko au poste de premier ministre — une décision qui rend problématique l’investiture de ce dernier. La décision du P.C. russe a été prise en dépit d’un ultime appel lancé par le président Boris Eltsine. Mais si la partie semble jouée, il n’en reste pas moins que le poulain du chef de l’Etat formera un nouveau gouvernement, que le vote de la Douma aujourd’hui vendredi lui soit ou non favorable. Une telle situation sera rendue possible grâce à une Constitution taillée sur mesure pour Boris Eltsine et qui lui donne de très larges pouvoirs. L’article 111 de la Constitution prévoit dans son alinéa 4 qu’après trois rejets de la candidature du premier ministre par la Douma (Chambre basse du Parlement), le président nomme le premier ministre, dissout la Douma et convoque des élections. Cette disposition a permis au premier vice-premier ministre par interim Boris Nemtsov de déclarer cette semaine: «Le premier ministre sera dans tous les cas confirmé dans ses fonctions vendredi, et la formation du (nouveau) cabinet des ministres commencera alors». «Cette Constitution a été conçue par et pour le président, c’est pourquoi ses pouvoirs sont énormes. La Russie est une République superprésidentielle», estime Nikolaï Petrov, un analyste de l’antenne moscovite du centre américain Carnegie. Le président peut ainsi ignorer une première motion de censure des députés contre le gouvernement: la Douma doit confirmer par une seconde motion votée dans les trois mois son souhait de sanctionner le gouvernement. Dans ce dernier cas, le président a encore le choix soit d’accéder à leur demande, soit de dissoudre la Douma. Hier, on donnait pour certaine la dissolution de l’assemblée après le vote d’aujourd’hui, donné pour hostile à Kirienko, lequel ne disposerait que du soutien de 159 députés de droite et du centre, alors qu’il a besoin d’au moins 226 voix. A l’issue d’une réunion houleuse de sept heures, le plénum du comité central du Parti communiste a demandé à ses 134 élus de voter contre l’investiture de M. Kirienko et exigé que le vote d’aujourd’hui vendredi soit public et non à bulletins secrets, pour éviter tout risque de débauchage de députés par le Kremlin. Pour leur part, les deux partis alliés des communistes ont décidé de ne pas donner de consigne de vote à leurs députés. Les parlementaires du Parti agraire (35 députés) et ceux de Pouvoir du peuple (44 députés) ne voteront donc pas solidairement avec leurs collègues communistes. Dans la journée, le président russe avait téléphoné au chef du PC Guennadi Ziouganov pour appeler sa formation à la conciliation et lui demander de «penser non pas au parti mais à l’Etat et à la stabilité» du pays. Une démarche qui, à l’évidence, n’a pas abouti au résultat escompté. Depuis le début de la crise politique en Russie déclenchée il y a un mois par le limogeage du gouvernement de Viktor Tchernomyrdine, c’est la première fois qu’il est fait état d’un coup de téléphone entre les deux hommes, qui étaient rivaux lors de la dernière présidentielle de 1996 remportée par Boris Eltsine. En cas de rejet de la candidature de Kirienko — et donc de dissolution de la Douma —, la Russie, prédisent les observateurs, entrerait dans une période d’instabilité politique et dans sa crise la plus grave depuis octobre 1993, quand Boris Eltsine avait envoyé l’armée mater le Parlement rebelle issu de l’époque soviétique. Elle surviendrait à un moment où le pays est très fragilisé économiquement par le contre-coup de la crise asiatique, le poids de sa dette et la masse des salaires impayés.
Les commmunistes russes ont arrêté leur décision finale hier: ils ont décidé de s’opposer en bloc à la candidature de Serguei Kirienko au poste de premier ministre — une décision qui rend problématique l’investiture de ce dernier. La décision du P.C. russe a été prise en dépit d’un ultime appel lancé par le président Boris Eltsine. Mais si la partie semble jouée,...