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Actualités - REPORTAGE

Société - Les institutions spécialisées s'équipent du matériel adéquat Entre les enfants handicapés et l'ordinateur, une histoire d'amour naissante (photos)

Pour les enfants handicapés, physiques ou mentaux, la vie n’a pas fait de cadeaux. «Différents» parmi leurs semblables, ils courent le risque d’être en marge de l’évolution de leur société si celle-ci ne ressent pas la nécessité de les intégrer. Et pourtant, un exemple frappant montre à quel point ces enfants doivent être associés à toute progression : l’affinité qu’ils ont envers les jeux et programmes d’ordinateur. Récemment, des institutions spécialisées ont ouvert des ateliers d’informatique pour éduquer leurs élèves. Deux d’entre elles, Zawrak et Sesobel, nous ont ouvert leurs portes. Dans les deux institutions précitées, les ateliers d’informatique ont été installés il y a deux ans environ. Et les résultats sont remarquables. Les enfants que nous avons rencontrés étaient impatients de retrouver leur clavier et leurs programmes. Souriants, détendus, ils s’ingénient à répondre aux questions plus ou moins difficiles qui leur sont posées : reconstituer un puzzle, reconnaître les formes et les couleurs, identifier des chiffres ou des lettres… Les sons multiples, les couleurs vives, les mouvements amusent beaucoup les enfants qui, selon leurs éducateurs, captent encore mieux les notions quand elles leur sont présentées sur ordinateur. Sur les raisons de cette efficacité, Mme Nada Jamhoury, directrice pédagogique de l’Institut médico-éducatif de Zawrak, explique : «Il s’agit d’un moyen ludique, intelligent et didactique. L’ordinateur met à notre disposition des facilités pour faire passer les notions, car c’est un outil vivant. Pour des idées comme celle du temps, par exemple, l’ordinateur nous est très précieux, car il permet de montrer aux enfants le passage du jour à la nuit, vu qu’ils ne restent chez nous que de 8h à 14h». Mme Fadia Safi, directrice générale adjointe de Sesobel, trouve également que «l’ordinateur est très utile pour l’éducation de tous les enfants handicapés, mais surtout ceux souffrant d’un handicap physique, parce qu’il leur permet d’accomplir des choses qui leur auraient été difficiles par les moyens traditionnels». Elle nous raconte le cas d’un enfant très lourdement handicapé et que l’ordinateur a stimulé : «Quand il est entré à l’atelier et qu’il a jeté un regard sur l’écran de l’ordinateur, il a éclaté de rire et a manifesté une joie indicible. Lui qui n’était encouragé à faire aucun mouvement a été stimulé à bouger la main pour faire actionner l’ordinateur». L’ordinateur revalorise l’enfant Certes, l’utilisation de l’ordinateur a un impact psychologique certain sur les enfants. Mme Jamhoury constate que «les enfants sont fiers et valorisés de pouvoir utiliser l’ordinateur». «Même le regard des parents se transforme quand ils constatent ce que leurs enfants peuvent faire», poursuit-elle. «De plus, l’ordinateur dispense une éducation personnalisée avec des félicitations quand la réponse est juste et une diversité d’exercices». Évidemment, les heures d’ordinateur sont limitées et les activités qui y sont menées sont complémentaires de celles de l’enseignement plus traditionnel. Mme Jamhoury souligne : «Nous utilisons l’informatique comme science de consolidation. Nous commençons avec des méthodes appropriées». Matériel adapté Comme nous l’indique Mme Safi : «L’ordinateur stimule les enfants non seulement dans l’apprentissage. Il pousse certains handicapés lourds à réagir : bouger la main et activer la souris ou d’autres matériels». Elle précise que l’ordinateur peut être utile pour des enfants ayant différents genres de déficiences : «Pour les handicapés mentaux, le but de l’utilisation de l’ordinateur est certes éducatif, mais surtout ludique. Les déficients physiques avec un léger retard mental ont toutes les chances d’arriver à un niveau normal et même professionnel. Cependant, l’ordinateur a fait des merveilles avec les enfants autistiques parce qu’ils communiquent plus facilement avec la machine qu’avec des personnes, à leur rythme évidemment». Les logiciels utilisés lors des séances sont surtout des programmes très adaptés pour enfants (des programmes spéciaux pour personnes handicapées sont par ailleurs créés en France), avec un système d’encouragement, des chansons… Les programmes peuvent être très ciblés, comme pour apprendre une certaine lettre de l’alphabet, par exemple. Certains portent sur des leçons qui peuvent aider l’enfant à acquérir une sorte d’autonomie : à titre d’exemple, on lui montre les différentes pièces d’une maison et à quoi elles servent. Il y a aussi des jeux de mémoire, des activités artistiques, des cours de lecture ou d’écriture… Mme Jamhoury évoque l’importance d’un bon choix de logiciels. Mme Safi nous précise qu’«à Sesobel, l’ordinateur est utilisé entre autres pour l’ergothérapie, ou l’apprentissage des tâches quotidiennes, comme le fait de s’habiller par exemple». «Quelquefois, souligne pour sa part Mme Jamhoury, nous organisons des séances libres où les enfants et les adolescents ont la possibilité de s’exprimer sur un thème précis. Cela nous permet de faire passer des notions abstraites qu’il aurait été très difficile d’expliquer par ailleurs». Même le matériel en lui-même peut être adapté aux besoins des enfants, surtout ceux qui souffrent de graves handicaps physiques. Mme Liliane Dergham, responsable de l’atelier informatique à Sesobel, nous apprend qu’il y a trois sortes d’adaptation possible : • Des tables avec manivelle qui peuvent être haussées ou baissées au besoin. • Un contacteur qui remplace parfois la souris quand l’enfant ne peut pas faire actionner celle-ci. Il est beaucoup plus facile à manipuler par un simple geste de la main. Dans la même catégorie, il est possible d’ajouter un «écran magique» ou «touch window». L’utilisateur peut alors activer son écran par un simple toucher du doigt. • Des programmes adaptés : dans certains logiciels, l’éducatrice peut créer elle-même son programme et y inclure les exercices qu’elle a auparavant traités en classe. En apprenant à manier l’ordinateur, ces enfants et adolescents font plus qu’un simple apprentissage personnel : ils intègrent le monde par une nouvelle porte invitant ainsi la société moderne à modifier ses préjugés sur la différence en même temps que sa technologie.
Pour les enfants handicapés, physiques ou mentaux, la vie n’a pas fait de cadeaux. «Différents» parmi leurs semblables, ils courent le risque d’être en marge de l’évolution de leur société si celle-ci ne ressent pas la nécessité de les intégrer. Et pourtant, un exemple frappant montre à quel point ces enfants doivent être associés à toute progression :...