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Actualités - CHRONOLOGIE

Un laboratoire dans l'espace Mission des sept astronautes à bord de Columbia : étudier les causes de l'insomnie et les effets de l'apesanteur sur le système nerveux

Une ménagerie imposante; un laboratoire spatial, Neurolab; sept passagers, dont une passagère, qui vont jouer les cobayes orbitaux: la navette américaine Columbia emporte dans ses soutes, aujourd’hui jeudi, tout l’attirail permettant d’étudier la partie la plus mystérieuse du corps humain, le système nerveux. Pendant plus de seize jours, les sept membres de l’équipage de Columbia vont se livrer en orbite terrestre à une série de 26 expériences qui devraient non seulement ouvrir la porte d’une nouvelle ère de la conquête spatiale mais aussi, la NASA l’espère, favoriser la mise au point de nouveaux traitements contre des maux aussi répandus sur Terre que les troubles du sommeil ou de l’équilibre. «Je crois que le Neurolab constitue la réunion la plus complexe et la plus sophistiquée d’expériences en matière de sciences de la vie jamais conduite par la NASA», a résumé l’un des responsables scientifiques de la mission, Jerry Homick, au cours du point de presse. Fruit d’une coopération aussi large qu’inédite lancée il y a neuf ans à l’initiative des Américains, le Neurolab rassemble aujourd’hui les compétences et le savoir-faire d’ingénieurs, de biologistes et de médecins non seulement américains mais aussi français, allemands, japonais, italiens, canadiens, espagnols, belges, autrichiens et néerlandais. Dans les quelques mètres cubes du laboratoire Spacelab posé au fond de la soute de Columbia, cet assemblage unique de «cerveaux» des quatre coins de la planète a mis au point, pour une facture de 130 millions de dollars dont 99 payés par les seuls Etats-Unis, le programme de recherche le plus ambitieux jamais mené en orbite. La mission des astronautes de la navette sera ainsi l’occasion d’une longue série de «premières» spatiales et scientifiques qui donnent un avant-goût du travail qui sera accompli au siècle prochain dans les laboratoires de la station spatiale internationale (ISS). Criquets et escargots Dans ses soutes, Columbia emportera notamment la plus imposante ménagerie jamais réunie dans un vaisseau spatial. Plus de 1.500 criquets, 223 poissons, 152 rats, 135 escargots et 18 souris gravides permettront à l’équipage d’observer les premiers pas de jeunes rats en l’absence de gravité ou de manipuler le bistouri pour les premières dissections de l’histoire de la conquête spatiale. Les six passagers et la passagère de Columbia joueront eux aussi les cobayes orbitaux. Certains surveilleront leur sommeil avec de nouveaux appareils particulièrement prometteurs pour les Terriens insomniaques. D’autres chausseront des lunettes projetant un environnement virtuel pour étudier la façon dont l’homme distingue le haut du bas lorsqu’il flotte en l’absence de gravité. Autant d’expériences destinées à améliorer la connaissance du système nerveux. «La gravité est présente constamment sur Terre. Il a donc été jusque-là très difficile d’explorer son rôle sur le développement et le contrôle des mouvements», explique Chris Platt, de la Fondation nationale des sciences (NSF). «Le Neurolab autorise des expériences uniques qui vont éclairer la façon dont l’absence de gravité peut conduire à certaines anomalies», ajoute-t-il. Bien sûr, la NASA devrait être la première bénéficiaire de la moisson scientifique de Columbia. Surtout dans la perspective d’un vol habité vers Mars ou de l’installation d’une base sur la Lune. «Dans cinquante ou cent ans, nous irons sur d’autres planètes grâce à des informations obtenues sur le Neurolab», estime l’astronaute Rick Linnehan, qui orchestrera les travaux scientifiques à bord de Columbia. Mais la NASA, toujours prompte à justifier le moindre dollar dépensé au nom du contribuable, espère aussi en tirer quelques bénéfices pour Monsieur Tout-le-Monde. «Comme les astronautes qui retournent sur Terre, beaucoup de gens souffrent sur Terre d’une tendance à s’évanouir en se mettant debout, note ainsi le Dr Mary Anne Frey. Bien que notre objectif ne soit pas curatif, des millions de personnes bénéficieront un jour de notre travail».
Une ménagerie imposante; un laboratoire spatial, Neurolab; sept passagers, dont une passagère, qui vont jouer les cobayes orbitaux: la navette américaine Columbia emporte dans ses soutes, aujourd’hui jeudi, tout l’attirail permettant d’étudier la partie la plus mystérieuse du corps humain, le système nerveux. Pendant plus de seize jours, les sept membres de l’équipage de...