Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Femmes et sciences : SOS sexisme

La «bosse des maths» serait-elle une spécialité masculine? Au vu du faible pourcentage de femmes œuvrant dans les sciences et la technologie, on pourrait le croire. Pourtant, aucun gène n’explique cette disparité… mais plutôt de coriaces préjugés. C’est pour réfléchir à cette inégalité que la Commission européenne, associée au Parlement européen, organise les 28 et 29 avril les journées «Femmes et sciences». Invitées par Edith Cresson, commissaire européen à la Recherche, scientifiques et ingénieurs européennes témoigneront et proposeront des solutions pour améliorer cette situation dans l’Union. En Europe, les femmes occupent 20% des postes dans le domaine scientifique et technologique alors qu’elles sont environ 50% dans les autres secteurs. En France, si le personnel du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) compte 42% de femmes (en 1996), elles ne forment que 30% du contingent de chercheurs et ne sont que 14 (8,8%) à être directeur de recherche de classe exceptionnelle, plus haut grade de cet établissement. Tout commence à l’école où, du côté des filles, les stéréotypes ont la vie dure… Sous-évaluées par les enseignants, conditionnées à croire que mathématiques, sciences «dures» et techniques ne sont pas faites pour elles, beaucoup s’auto-excluent de la compétition, relève la commission. On a aussi constaté que les professeurs de sciences consacraient 20% de temps de plus aux garçons et interrogeaient moins les filles. Même les «grosses têtes» en jupon sont plus modestes. A résultat égal, 62% s’estiment douées contre 72% des garçons, selon une étude réalisée dans 50 lycées français par l’Association femmes et mathématiques. Si 52% des diplômés de l’enseignement supérieur européen sont des diplômées, des filières scientifiques et technologiques ne sont suivies que par 25% d’étudiantes. Dans les pays scandinaves eux-mêmes, où un tiers des parlementaires sont féminins, les chaires universitaires restent un privilège masculin (96% au Danemark et en Suède, 94% en Norvège). Des chercheuses «Dans la plupart de Etats membres de l’Union, les chiffres sont là pour dire combien les mécanismes de sélection à l’œuvre dans le système scientifique éliminent plus les femmes que les hommes», souligne Mary Osborn, professeur à l’Institut Max Planck de physique et de biochimie de Gottingen (Allemagne). Il faut qu’une «chercheuse» soit deux fois plus productive qu’un homme pour atteindre le même niveau d’évaluation, publier trois fois plus d’articles dans les journaux scientifiques les plus réputés ou vingt fois plus dans les meilleures revues de sa spécialité!, note Christine Wenneras, docteur en médecine de l’Université de Goteborg, qui parlera à Bruxelles du sexisme dans les sciences. Certes, Marie Curie, sa fille Irène, ou plus près de nous, Catherine Bréchignac, directeur général du CNRS, Marianne Grunberg-Manago, première présidente de l’Académie des sciences française, ont accédé à des postes prestigieux. Mais, globalement, elles se trouvent en minorité dans les académies des sciences ou les organisations scientifiques internationales. Onze femmes seulement, sur 441 lauréats, ont reçu un prix Nobel scientifique. Confrontées au dilemme carrière-vie familiale, elles se retrouvent dans les laboratoires face à des «patrons» masculins qui leur confient, à compétence égale, des tâches peu créatives. Résultat: les femmes publient moins et restent plus anonymes. (AFP)
La «bosse des maths» serait-elle une spécialité masculine? Au vu du faible pourcentage de femmes œuvrant dans les sciences et la technologie, on pourrait le croire. Pourtant, aucun gène n’explique cette disparité… mais plutôt de coriaces préjugés. C’est pour réfléchir à cette inégalité que la Commission européenne, associée au Parlement européen, organise les 28 et 29...