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Actualités - REPORTAGE

Service public - L'OEB peut se targuer d'un bilan positif L'eau de Beyrouth est saine, mais tout peut se gâter d'ici dix ans (photos)

Engagé dans un flot de projets, manifestant un dynamisme exceptionnel, le directeur général de l’Office des eaux de Beyrouth (OEB), M. Rizk Freiha nous immerge dans un monde de haute technicité, d’un intérêt vital, celui du système d’approvisionnement en eau de la région du Grand Beyrouth. La question de la qualité de cette eau, qui désaltère plus d’un million d’habitants, ainsi que les moyens de son assainissement sont au cœur même des préoccupations de cet office. Une bonne nouvelle qui mérite d’être immédiatement annoncée: l’eau potable de Beyrouth, au goût bien plus agréable que celle d’Europe ou des États-Unis, est d’une propreté irréprochable. Cette réalisation, obtenue au terme d’un travail assidu, est également le fruit de la bonne gestion d’un service public considéré comme l’un des plus vitaux. Le directeur général nous raconte une «histoire d’eau» pas comme les autres .... Résidus de sable De l’ambition, de la probité et une rigueur implacable, tels semblent être les ingrédients-clé de cet office, tenu d’une main de fer. Avec beaucoup de passion, documents à l’appui, M. Freiha relate les diverses étapes qui ont amené son équipe de travail à réhabiliter, en un laps de temps relativement court , le système de gestion et de distribution d’eau aux habitants de la ville. Devenue vétuste, et érodée après 18 années de guerre mais aussi, à cause de son ancienneté (les équipements ont 130 ans d’âge!), une grande partie de la tuyauterie a été remise en état, une autre ajoutée au réseau après l’installation de nouvelles canalisations. Ce sont quelque 500 km de tuyauterie qui ont été ajoutés par l’OEB, soit l’équivalent d’un 1/3 des installations qui existaient déjà. Les nouvelles installations, en grande majorité en ‘fonte ductile’ (un matériau imperméable à la pollution externe), ont l’avantage d’assurer un acheminement de l’eau en toute sûreté, car elles servent de bouclier étanche en empêchant les déchets et résidus de s’infiltrer. Ainsi, l’eau arrive à nos robinets aussi propre et saine que lorsqu’elle a quitté la station de traitement (Dbayé). Rénovée à l’initiative de l’OEB, la station, tellement bien entretenue qu’on pourrait la confondre aisément avec une résidence privée, abrite un laboratoire des plus sophistiqués qui est précisément responsable de la qualité des eaux que nous recevons à Beyrouth. Une équipe d’experts, formée à l’étranger, supervise et contrôle de près le traitement de l’eau acheminée à partir de Jeïta, principale source qui approvisionne en large partie la région de Beyrouth. Une fois recueillie dans les réservoirs de Dbayé, cette eau (à peu près 250 000 m3) est traitée puis analysée quotidiennement avant d’être distribuée par les voies d’adduction. «Alors que la moyenne de chlore autorisée, selon les standards internationalement appliqués, est de l’ordre de 1,5%, l’eau de Beyrouth n’en contient pas plus de 0,6%, indique M. Freiha, d’où une indication supplémentaire sur sa salubrité». Eh oui, les Beyrouthins peuvent se targuer d’avoir une eau des plus propres et surtout, une eau potable qui n’a pas un goût de chlore prononcé. Quant aux résidus de sable charrié parfois «par accident» par les robinets, M. Freiha met cette déficience sur le compte «des coupures d’électricité, qui provoquent l’arrêt du mécanisme de pompage. Dès que ce dernier est réactivé, il provoque des remous brutaux au fond des réservoirs et aspire les résidus. Le même phénomène se produit, quand le niveau d’eau devient très bas (surtout en été). Les réservoirs, poursuit le directeur général, ne peuvent être nettoyés qu’une fois tous les trois ans, car l’opération de nettoyage coûte 8 000 dollars...». Conclusion pratique: le mécanisme de pompage est conçu pour des pays où les interruptions d’électricité ne sont pas fréquentes. La solution proposée est «d’ouvrir le robinet quelques secondes» pour laisser passer ces ‘corps intrus’, ô combien indésirables dans nos verres d’eau. «Une chose est cependant certaine, affirme fièrement le directeur de l’OEB, aucun cas de maladie due à l’eau n’a jamais été rapporté depuis la création de l’OEB». Pas de pollution industrielle Tout n’est pas pour autant aussi rose. Bien que le Liban, contrairement à la majorité des pays industrialisés, ne connaîsse pas de pollution chimique vu que le secteur industriel n’est particulièrement développé. La pollution bactériologique, elle, existe bel et bien et peut même constituer un danger grave à l’avenir si une solution pour le traitement des déchets, des égouts et des eaux usées, n’est pas trouvée entre-temps. Ce type de pollution peut à la longue devenir une véritable menace pour l’eau que nous consommons. Si le système de tuyauterie a été, en partie, réhabilité, «le risque que des installations cèdent un jour, ou perdent en étanchéité existe», affirme M. Freiha. Par conséquent, le degré de pollution relativement élevé en certains endroits de la ville, pourrait affecter l’eau canalisée. Le directeur général met également en garde contre le problème des carrières, des déchets, des égouts et fosses septiques à fond perdu, qui affectent les nappes phréatiques profondes et polluent l’eau acheminée vers Dbayé. Ce problème deviendra encore plus menaçant, dans la mesure où , «dans les dix ans à venir, le mécanisme de traitement de Dbayé ne pourra plus assurer l’épuration d’une eau dont le taux de pollution aura atteint une moyenne très élevée». D’où la nécessité d’agir immédiatement en trouvant les solutions adéquates. La règle, selon laquelle les fosses septiques, par exemple, doivent être rendues hermétiques grâce à une couche étanche de béton, est rarement respectée, et nombre de villes et villages continuent de lâcher leurs eaux usées dans la nature...Quant aux eaux des égouts, elles connaissent le même sort dans la majorité des régions libanaises, y compris à Beyrouth, c’est-à-dire qu’elles sont déversées dans les cours d’eau et dans la mer, le système de traitement des eaux usagées n’étant pas encore mis au point. Halte au gaspillage Mis à part la question de la pollution, un autre problème se pose aujourd’hui à l’OEB: l’approvisionnement de Beyrouth en eau, qui consomme en moyenne 330 000 M3 par jour. Pour pallier au manque, il est nécessaire d’accroître aujourd’hui les ressources hydrauliques. En plus de nouveaux projets en gestation, qui consistent à exploiter de nouvelles ressources en eau (voir encadré), l’OEB a réussi, sous l’impulsion de son directeur, ‘à fermer les robinets’ face au gaspillage qui coûtait à l’administration plusieurs milliers de M3 comptabilisés en perte (fuite à partir des tuyauteries anciennes), ou en utilisation frauduleuse très courante en période d’hostilités. «De 65%, nous avons réussi à réduire le gaspillage jusqu’à 22%», indique M. Freiha. À noter que l’OEB pourra bénéficier dans un proche avenir d’un système de ‘Comptabilité analytique’ qui sera mis au point avec l’aide d’experts français, un moyen de rationaliser au plus haut degré les dépenses, les coûts et le mode de facturation, d’où un meilleur contrôle de la comptabilité générale. «Contrairement à d’autres services publics, nous avons adopté le système d’augmentation progressive des factures (10% par an), afin que le consommateur ne ressente pas les effets d’une telle décision», dit-il. Le résultat est manifeste : une comptabilité bien équilibrée, sinon excédentaire des projets d’investissement et de réfection continuellement en chantier, une eau bien propre, bref une administration qui a fait ses preuves!
Engagé dans un flot de projets, manifestant un dynamisme exceptionnel, le directeur général de l’Office des eaux de Beyrouth (OEB), M. Rizk Freiha nous immerge dans un monde de haute technicité, d’un intérêt vital, celui du système d’approvisionnement en eau de la région du Grand Beyrouth. La question de la qualité de cette eau, qui désaltère plus d’un million...