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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Syndicalisme Revendication salariale ou recherche de nouvelles solidarités ?

Un séminaire sur le thème “Syndicats et organisations professionnelles au Liban: Stratégie de participation et de démocratie sociale” aura lieu aujourd’hui vendredi 30 octobre, de 9h à 16h, à la salle de conférences de l’hôtel Riviera. Organisé par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer, il vise à poser la problématique du syndicalisme libanais d’après-guerre et d’après-paix et à déterminer les perspectives d’avenir en vue de la participation démocratique, du développement et de la paix sociale. Nous publions ci-après un résumé, rédigé pour L’Orient-Le Jour, de l’exposé introductif du professeur Antoine Messarra, coordinateur de la recherche. Étudier le syndicalisme libanais d’après-guerre et d’après-paix peut être perçu comme une incitation à une politique revendicative, tant l’imaginaire collectif libanais associe les syndicats exclusivement au militantisme salarial et à la dichotomie entre capital et travail et entre patronat et salariat. Or les syndicats, et plus généralement toutes les organisations professionnelles, avec la globalisation, les mutations accélérées du travail, l’extension de la dimension éthique dans les rapports professionnels, et le recul de l’État providence en matière de politique sociale, sont et seront de plus en plus appelés à développer des solidarités multiples, à la fois professionnelles et nationales, au-delà des intérêts exclusivement pécuniaires et immédiats de leurs membres. Réflexion commune et intégrée Les syndicats, à l’instar des autres organisations sociales, exercent trois fonctions, celles de médiation, de mobilisation et participation, et de pression. Ils peuvent être subdivisés en trois catégories: les organisations professionnelles (avocats, ingénieurs, médecins, enseignants universitaires, pharmaciens, comptables…), les associations d’affaires (industriels, commerçants, banquiers, hôteliers, restaurateurs…) et les unions de travailleurs. Ces dernières, au nombre de 400 environ au Liban, varient par leur dimension, leur influence et leur organisation. Avec la mondialisation, la globalisation économique et les mutations accélérées des techniques et des conditions de travail, patronat et salariat ne sont plus des blocs parallèles et opposés, mais des partenaires qui subissent et affrontent des risques communs et des exigences partagées d’adaptation et de compétitivité. Si le nouveau Conseil économique et social s’embourbe dans la défense d’un libéralisme sauvage, du côté des organisations professionnelles d’affaires, ou dans la présentation de longs manifestes de revendications salariales, du côté des syndicats de travailleurs, sans une vision plus large de la part des uns et des autres, cela constitue l’acte même du décès du Conseil, ou du moins sa stagnation, sa paralysie ou, pire encore, l’exaspération des conflits sociaux sans une lueur de règlement négocié et consensuel. L’amélioration de la condition des travailleurs n’est pas exclusivement d’ordre pécuniaire. Il y a l’adaptation aux mutations du travail, la formation des travailleurs, la qualité et la compétitivité du travail, l’éthique professionnelle, l’impact social du travail… Du côté des organisations d’affaires, le conflit chronique et larvé entre commerçants et industriels camoufle des intérêts à courte vue. Jusqu’à quand l’Ordre des médecins peut-il rester étranger aux problèmes fort aigus de l’éthique médicale au Liban et du droit à la santé? L’Ordre des ingénieurs, à la détérioration du patrimoine architectural du Liban et au mauvais goût, qui malheureusement se généralise, des constructeurs? Le Syndicat des enseignants, au relèvement du niveau de l’enseignement, à l’amélioration du prestige social de la profession, à la promulgation d’une charte déontologique, à la défense d’une politique publique de manière que l’enseignement de qualité au Liban ne soit pas – comme il l’est actuellement – un privilège social, à la participation quotidienne au renouveau pédagogique entamé par les nouveaux programmes scolaires? Une réelle diffusion du savoir professionnel, au sens le plus large, n’est pas exclusivement du rôle des universités, mais aussi des organisations professionnelles. Un autre débat de politiques publiques Les mouvements professionnels au Liban, parce qu’ils sont plus en rapport avec la société vivante et les intérêts vitaux des citoyens, sont peut-être plus habilités que les politiciens traditionnels à poser les vrais problèmes intérieurs de la société libanaise. Ils sont ainsi appelés à réhabiliter l’exercice de la politique au Liban conçue et pratiquée en tant que lutte pour le pouvoir, trafic d’influence et rapports de force entre des acteurs, alors que la politique est, au départ, la gestion de la chose publique. L’État de droit, la politique de développement et la justice sociale ne sont pas dans l’intérêt immédiat de politiciens dont la pérennité est fondée sur des rapports de clientèle, ni des plus nantis dont le pouvoir est fondé sur l’argent. Mais la justice sociale est certainement en faveur de leurs enfants et de leurs petits-enfants, même s’ils vont leur léguer un riche héritage politique ou financier. La primarité du tempérament, qu’on reproche aux Libanais, est là. La justice sociale, voulue et défendue par tous, constitue une autodéfense. Sinon, il y a le risque de reconstruire Beyrouth pour une nouvelle marée de déplacés, d’occupants et de marginaux, venus de la périphérie et de ceintures de pauvreté. Toutefois, autant il faut prôner la justice sociale, autant il faut mettre en garde contre tout changement social par la violence au Liban. Cette vérité d’expérience implique souvent la prudence, le changement par approximations successives, tant dans des problèmes constitutionnels que pour obtenir des changements substantiels en matière de justice sociale. La paix sociale est-elle possible, sans manifestations violentes de rue, sans révolution à la bolchevique, sans manifestes revendicatifs de plusieurs mètres et qu’on sait irréalisables? L’expérience libanaise, et syndicale en particulier, montre les chances du changement, à la manière du président Fouad Chéhab, ou par des actions réfléchies, ciblées et persévérantes, à la manière de Laure Moghaizel.
Un séminaire sur le thème “Syndicats et organisations professionnelles au Liban: Stratégie de participation et de démocratie sociale” aura lieu aujourd’hui vendredi 30 octobre, de 9h à 16h, à la salle de conférences de l’hôtel Riviera. Organisé par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, en coopération avec la Fondation Konrad Adenauer, il vise à poser...