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Actualités - CHRONOLOGIE

Clinton en Afrique : un acte de contrition sur l'esclavage

Le président Bill Clinton, adoptant le ton de la contrition, a exprimé hier en terre africaine les regrets de l’Amérique pour la traite des Noirs, et pour avoir commis le «péché» d’ignorer trop longtemps le continent (VOIR AUSSI PAGE 9). «Si on remonte à l’époque où nous n’étions pas encore une nation, les Américains d’origine européenne ont reçu les fruits de la traite des esclaves. Nous avons eu tort à ce sujet», a-t-il dit en choisissant soigneusement ses mots. M. Clinton, qui se trouve jusqu’à aujourd’hui en Ouganda dans le cadre d’une tournée de 11 jours dans six pays d’Afrique noire, avait rencontré dans la matinée le président ougandais Yoweri Museveni, un leader très controversé. On ignorait toujours, dans la soirée, s’il l’avait incité à améliorer sa performance en matière de démocratie et de droits de l’homme, l’Ouganda étant officiellement «une démocratie sans parti». Mais le point d’orgue de la journée aura été la brève allocution qu’il a prononcée dans l’école Kisowera du petit village de Mukono, à environ 30 km de Kampala, devant plusieurs centaines de personnes, en majorité des enfants aux uniformes scolaires à dominante rose. Vêtu d’un costume sombre et portant cravate, M. Clinton, qui souffrait visiblement de la chaleur, avait d’abord esquissé à son arrivée quelques pas de danse pour accompagner une troupe de jeunes danseurs, pour la plus grande joie du public. Le thème du discours en était l’annonce d’un programme d’aide à l’enseignement en Ouganda d’un montant de 120 millions de dollars sur deux ans. Mais M. Clinton, qui était accompagné de M. Museveni et de leurs épouses respectives, a débuté son discours sur le plan moral, celui du péché. Tout en affirmant qu’il valait mieux «ne pas trop s’appesantir sur le passé», il a affirmé que les Etats-Unis «n’ont pas toujours fait ce qui est juste pour l’Afrique». Il a également exprimé les regrets de l’Amérique pour avoir soutenu durant la guerre froide des régimes qui ne le méritaient pas. Il a expliqué que durant la guerre froide, Washington traitait les pays africains «plus en fonction du camp dans lequel ils se trouvaient dans la lutte entre les Etats-Unis et l’Union soviétique qu’en fonction de ce qu’ils faisaient pour les aspirations de leurs peuples». Il s’agissait là d’une allusion claire au soutien des Etats-Unis à des régimes corrompus et dictatoriaux qui avaient le mérite, à leurs yeux, d’être anticommunistes. Mais il est ensuite remonté bien plus loin dans le temps, à l’époque de la traite des Noirs, qui avait vu des millions d’Africains emmenés de force aux Amériques pour y être vendus. «Nous avons eu tort à ce sujet», a-t-il dit. L’expression de regret a été brève et mesurée et les mots sans doute pesés longtemps à l’avance. Son porte-parole, Michael McCurry, avait, en effet, annoncé avant le départ de M. Clinton de Washington que le président ne présenterait pas d’«excuses» à l’Afrique pour l’esclavage. Il avait un moment envisagé de présenter de telles excuses l’an dernier à la communauté noire américaine — les plus de 30 millions de descendants de ces esclaves — à l’occasion du lancement d’un «dialogue racial», mais y avait vite renoncé en raison de la polémique que cela risquait de déclencher. L’un de ses porte-parole de la Maison-Blanche, Joe Lockhart, a souligné qu’il ne s’agissait pas d’excuses et qu’il n’y en aurait pas. «C’est une reconnaissance de quelque chose qui est évident pour quiconque dans le monde, le mal qu’a représenté le commerce des esclaves», a-t-il dit. M. Clinton a ensuite dénoncé ce qu’il a estimé être «le pire péché que l’Amérique ait jamais commis à l’égard de l’Afrique», à savoir «le péché de la négligence et de l’ignorance». M. Clinton se rendra mercredi au Rwanda pour y rendre hommage aux victimes du génocide de 1994, avant de revenir en Ouganda pour y participer à un sommet avec une demi-douzaine de leaders régionaux. (AFP, Reuters)
Le président Bill Clinton, adoptant le ton de la contrition, a exprimé hier en terre africaine les regrets de l’Amérique pour la traite des Noirs, et pour avoir commis le «péché» d’ignorer trop longtemps le continent (VOIR AUSSI PAGE 9). «Si on remonte à l’époque où nous n’étions pas encore une nation, les Américains d’origine européenne ont reçu les fruits de...