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Actualités - ANALYSE

Sud : Beyrouth encore plus inquiet après le passage d'Annan

La visite de M. Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, n’a finalement apporté rien de neuf. Ce diplomate, pourtant chevronné, a en effet procédé à un tour de table purement exploratoire, sans avancer les idées qu’on aurait pu attendre de lui et sans même installer un représentant permanent pour jouer ultérieurement les go between utiles entre les parties concernées. M. Annan a «écouté respectueusement» et s’est «informé» comme si les Nations Unies venaient tout juste de découvrir le dossier Sud-Liban… Et cela alors même que s’ouvre sur ce plan une crise sans précédent, provoquée par les déclarations israéliennes sur la 425 (un tissu d’ambiguïtés, est-il nécessaire de le souligner) et par les menaces chaque jour plus violentes du tandem Netanyahu-Mordehaï. M. Annan a donc posé une infinité de questions, pour se faire répéter en détail la position libanaise par rapport à la 425, pour archi-connue qu’elle soit depuis le temps (cette résolution onusienne «immédiate» remonte maintenant à vingt ans pleins!). Il a cependant essayé de sonder un peu les intentions libanaises par rapport aux récentes propositions israéliennes qui n’ont pas semblé lui être tout à fait antipathiques… Tout dans les propos du secrétaire général montre en effet que sans aller jusqu’à reprendre à son compte ces propositions israéliennes, il pense qu’elles sont dignes de considération, ne serait-ce que parce que les choses ont changé depuis 78… Les interlocuteurs libanais de M. Annan lui ont fait comprendre qu’il n’y a pas de réponse à donner, sur le plan de la forme, à des propositions qui n’en sont pas. Dans ce sens que, comme Netanyahu devait l’avouer par la suite,en promettant d’y remédier la semaine prochaine, Israël n’a en réalité toujours pas reconnu officiellement la 425, son approbation se limitant en effet jusqu’à présent à des déclarations d’intention émanant du premier ministre et du ministre de la Défense, sans résolution du Conseil des ministres et encore moins une loi de la Knesset. Pour le fond, on le sait, le Liban se méfie, c’est le moins qu’on puisse dire, d’assertions qui sont doublement piégées. D’abord parce qu’elles assortissent de conditions l’application d’une résolution qui est inconditionnelle. Et ensuite parce qu’elles font croire qu’Israël est désireux de redonner son droit au Liban qui refuse lui-même la récupération! Donc il a été redit à M. Annan que si Israël était sérieux, il n’avait qu’à appliquer effectivement la 425 en se retirant du Sud sans poser de condition. Les responsables locaux ont de même précisé que l’initiative israélienne est purement médiatique, c’est-à-dire une simple intox de propagande destinée à redorer l’image de Netanyahu. Selon le ministre des Affaires étrangères Israël tente également de traîner le Liban à la table des négociations, alors qu’il n’y a rien à négocier, pour s’efforcer de vider la 425 de son contenu. Cependant d’une toute petite voix M. Annan, moins innocent qu’il n’y paraît, a demandé si par hasard le Liban n’avait pas déjà négocié, notamment au Maryland… Un rappel que reprend un diplomate occidental important en poste à Beyrouth. Cette personnalité souligne que «jamais depuis sa création l’Etat hébreu n’a voulu reconnaître ou appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Qu’il le fasse pour la 425, même du bout des lèvres, c’est une première dont le Liban doit savoir tirer profit, tout en prenant les précautions nécessaires pour éviter le piège si piège il y a. En effet l’Etat hébreu, c’est également connu, ne donne rien pour rien et plus précisément ne redonne aucun territoire conquis sans contrepartie. Il faut donc se méfier mais sans doute pas au point de rejeter totalement une ouverture, pour ne pas donner à Israël un prétexte de mettre de lourdes menaces à exécution tout en paraissant blanc aux yeux de l’opinion mondiale puisqu’il aura offert un retrait qu’on aurait refusé…» Et de préciser, en professionnel, qu’en diplomatie «il y a beaucoup de moyens d’avancer sur une voie déterminée sans s’engager à quoi que cela soit. Ainsi les Libanais qui ont quand même beaucoup d’amis, dont l’ONU, l’Amérique et l’Europe, peuvent s’arranger pour traiter avec les Israéliens par tiers interposés. Ils ne devraient pas en tout cas avoir l’air, en définitive, de préférer la cause du Golan syrien à celle du Sud libanais…» L’ambassadeur U.S., M. Richard Jones, est encore plus net: «pourquoi, s’est-il demandé dans une rencontre avec le Rotary du Sahel Metn, les Libanais ne reconnaissent-ils pas que la reconnaissance de la 425 par Israël mérite étude… On ne peut ignorer cette démarche et il est incompréhensible qu’on la rejette tout entière sans l’examiner. Le Liban peut en effet tenter de faire évoluer ce dossier pour en prendre ce qu’il veut et parvenir à libérer son territoire occupé…» Mais les dirigeants libanais répondent qu’au vu de l’exemple palestinien on ne peut absolument pas faire confiance à Netanyahu, laissant entendre que les Américains, eux-mêmes fortement déçus par le chef du Likoud, en savent quelque chose…
La visite de M. Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, n’a finalement apporté rien de neuf. Ce diplomate, pourtant chevronné, a en effet procédé à un tour de table purement exploratoire, sans avancer les idées qu’on aurait pu attendre de lui et sans même installer un représentant permanent pour jouer ultérieurement les go between utiles entre les parties...