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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

L'ancien président du CSM témoigne de son expérience devant les magistrats stagiaires Khairallah : la réputation du juge est sa principale richesse

Celui qu’on a surnommé «l’ermite de la magistrature» est sorti de sa discrétion légendaire pour communiquer son expérience aux magistrats stagiaires. L’ancien président du CSM, M. Philippe Khairallah — qui a occupé ce poste à une étape critique où le Liban sortait d’une longue période de déchirements — a parlé de l’éthique de ce métier qu’il a exercé pendant 35 ans, ayant commencé en tant qu’assesseur en première instance pour finir au sommet, premier président de la Cour de cassation. A un auditoire particulièrement attentif, formé essentiellement de magistrats stagiaires, il a présenté «son témoignage de vie», la sienne ayant été entièrement vouée à la magistrature, perçue comme un apostolat. Entouré du président et du directeur de l’Institut d’études juridiques, MM. Chbib Mokalled et Béchara Matta, le président Khairallah a exposé les qualités essentielles du magistrat, tout en donnant aux stagiaires des conseils pour la méthode de travail. Avec sa grande modestie, il a précisé que certains magistrats ne partagent peut-être pas sa vision de cette fonction, mais, a-t-il ajouté, « je dépose mon expérience entre vos mains. Elle m’a mené au sommet et m’a permis de dormir aujourd’hui la conscience tranquille, tout en bénéficiant du respect des autres». Commençant par évoquer la nécessité pour le magistrat de se doter d’un bagage juridique qui lui permettra d’avoir la culture nécessaire pour exercer son métier, il s’est ensuite longuement étendu sur le comportement social du magistrat. Selon M. Khairallah, un magistrat doit forcément donner l’exemple et être le premier à appliquer les lois et les règlements. Il doit aussi être un croyant, la justice étant l’une des qualités de Dieu, celui qui la pratique sur terre ne peut être en conflit avec Lui, ou ne pas respecter les valeurs humaines. Le magistrat doit donc s’engager en faveur de ces valeurs, tout comme il doit être transparent, s’attacher aux choses essentielles et non aux apparences, tant sont grands sa responsabilité et son rôle. L’homme qui, tout au long des procès qu’il a jugés, n’a jamais émis une remarque personnelle ou laissé entrevoir la moindre expression, comme s’il était au-dessus des humains, a conseillé aux jeunes stagiaires de suivre son exemple, car, a-t-il dit, «dans un procès, toute remarque, tout sourire peut être considéré comme un parti pris, en faveur de l’une ou l’autre des personnes en conflit». L’ancien président du CSM a aussi raconté comment il a choisi de garder sa réserve, sans pour autant être distant ou arrogant. Il a toujours refusé les invitations à déjeuner et à dîner, pour ne pas nouer des liens qu’il sera difficile d’ignorer lorsque l’hôte demandera une faveur. Il a conseillé aux stagiaires de rester discrets dans leur comportement et dans leur mode de vie, afin de ne pas provoquer des commérages ou même de réveiller les doutes. «On ne peut pas être juge à mi-temps, ou seulement au tribunal, il faut l’être tout le temps, car les gens guettent et ne pardonnent pas le moindre écart. Et la faute de l’un rejaillit sur l’ensemble du corps de la magistrature». M. Khairallah a aussi précisé qu’à son avis, un magistrat ne doit être membre d’aucun groupe à connotation politique, religieuse ou confessionnelle. «Un juge n’a pas de coloration. Il est neutre. Personnellement, dès ma nomination au CSM, je me suis éloigné de tout ce qui pourrait donner une indication sur mon appartenance religieuse. Car un magistrat est pour tout le Liban». En conclusion, il a déclaré: la réputation d’un juge et la confiance que les gens ont en lui sont sa plus grande richesse, c’est lui qui décide de la dilapider ou de l’augmenter. Lorsqu’un juge est contesté, c’est qu’il en est en partie responsable, et même si les doutes ne sont pas appuyés par des preuves, le fait qu’ils existent est déjà l’indice d’une faute... «Ne dilapidez pas votre capital, a affirmé le président Khairallah. C’est lui qui vous donnera les plus grandes satisfactions et qui vous permettra, lorsque viendra l’heure de la retraite, d’être en paix... » C’est effectivement un homme en paix, sans amertume et sans regrets, qui, sa conférence terminée, a rangé ses papiers et repris le chemin de sa maison. Sans tambour ni trompette, mais avec la sérénité de celui qui a accompli son devoir.
Celui qu’on a surnommé «l’ermite de la magistrature» est sorti de sa discrétion légendaire pour communiquer son expérience aux magistrats stagiaires. L’ancien président du CSM, M. Philippe Khairallah — qui a occupé ce poste à une étape critique où le Liban sortait d’une longue période de déchirements — a parlé de l’éthique de ce métier qu’il a exercé...