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Actualités - OPINION

Liban et francophonie

Le 20 mars est la Journée de la francophonie. Pour certains, la francophonie est synonyme de lutte contre le recul de la langue française. Pour d’autres, elle incarne la nostalgie de l’époque coloniale. Cette image réductrice, tournée vers le passé, a besoin d’être corrigée. La francophonie est une notion pleine de promesses, pleine d’avenir. Née de la volonté de grands hommes, tels Charles De Gaulle, Léopold Senghor, Habib Bourguiba ou Charles Hélou, la francophonie est une organisation internationale regroupant cinquante-deux pays ayant la langue française en partage. A l’origine, la francophonie était essentiellement culturelle. Aujourd’hui elle est culturelle, économique et politique. La francophonie permet à des personnes de partager non seulement une langue mais une culture, des valeurs. Des auteurs, aussi divers que Jorge Semprun, Antonine Maillet, Taher Ben Jalloun contribuent à enrichir la culture française pour en faire une culture réellement francophone. Certains esprits étroits considèrent qu’être francophone serait renoncer, quelque part, à sa culture originelle, à son arabité, par exemple. Ceux-ci se méprennent sur le rôle de la francophonie et sur son potentiel d’ouverture. Comment faire connaître nos us et coutumes, comment faire partager aux autres nos valeurs propres, nos convictions, si l’on renonce à les véhiculer au moyen d’une langue que nous avons en commun? Dans «Le Rocher de Tanios», Amin Maalouf a plus fait pour la promotion des valeurs libanaises et de la culture arabe que la meilleure campagne officielle. A-t-il pour autant renoncé à son arabité? Cet exemple, parmi d’autres, montre à quel point la francophonie est une chance pour le Liban. Au plan économique, faire partie des pays francophones permet à chaque Etat de nouer des liens économiques spécifiques avec cinquante et un autres. Le Liban a, certes, des relations économiques anciennes avec certains d’entre eux, dont la France, mais en a-t-il avec le Vietnam? Les échanges commerciaux avec des pays comme la Roumanie, la Belgique, le Canada ou la Côte d’Ivoire sont essentiels pour le développement de son commerce extérieur. L’appartenance de ces pays à l’Organisation des pays francophones est un facteur d’intensification de ces échanges bilatéraux. Les sommets ou autres manifestations francophones qui se tiennent dans les pays hôtes sont, pour ceux-ci, une source d’activité économique non négligeable. Cette année, le Liban sera le pays hôte pour trois grands manifestations francophones: la réunion de l’Aupelf-Uref en avril, la réunion des maires francophones fin mai et celle des cours constitutionnelles en septembre. Outre les retombées économiques immédiates, ces trois manifestations seront l’occasion pour des universitaires, des hommes de lois, des politiques venus de différents horizons de découvrir le Liban d’après-guerre. Elles redonneront également au Liban une présence sur la scène internationale. Au plan politique, la francophonie a, depuis le dernier sommet de Hanoï, des ambitions claires. En se dotant d’un secrétariat permanent, en y nommant une éminente personnalité sur la scène internationale, M. Boutros Boutros-Ghali, la francophonie entend avoir un visage, une voix pour défendre des idées, des valeurs, et contribuer au rayonnement de la paix dans le monde. Le Liban, qui a une partie de son territoire occupé et qui milite pour l’application des résolutions de l’ONU, peut tirer parti de son appartenance à l’Organisation des pays francophones pour faire valoir son bon droit et faire entériner ses positions par les autres pays francophones. Avec la disparition de l’empire soviétique, le monde a cessé d’être bipolaire pour devenir multipolaire. La francophonie constitue un de ces pôles. Des hommes, des femmes, d’origine, de rare, de couleur différentes, ayant chacun leur propre culture, appartenant à des Etats répartis sur les cinq continents, communiquent au moyen d’une même langue et construisent ensemble un pôle mondial original qui se distingue par les valeurs d’humanisme, d’ouverture de tolérance, de liberté et de démocratie qu’il incarne. Cette construction ne peut se faire par une adhésion passive. Elle requiert une démarche volontariste, une conviction forte. Fiers de leur identité arabe, le Liban et les Libanais ont, dans la francophonie, une opportunité de faire rayonner leur culture, de valoriser leur savoir-faire économique, de défendre leur cause pour une paix juste et globale, et de contribuer à l’élaboration d’un espace culturel, économique et politique conforme à leurs aspirations, à leurs convictions.
Le 20 mars est la Journée de la francophonie. Pour certains, la francophonie est synonyme de lutte contre le recul de la langue française. Pour d’autres, elle incarne la nostalgie de l’époque coloniale. Cette image réductrice, tournée vers le passé, a besoin d’être corrigée. La francophonie est une notion pleine de promesses, pleine d’avenir. Née de la volonté de...