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Actualités - ANALYSE

Une troïka en pleine empoignade et un pouvoir disloqué

On en reste ébahi: la troïka n’écoute même plus les décideurs! Ils en ont réuni les piliers, les ont longuement écoutés, leur ont demandé de mettre de côté tout sujet litigieux, les ont mis dans une même limousine pour qu’ils regagnent de conserve Beyrouth pour sceller leur énième réconciliation… Et les voient repartir de plus belle dans des querelles de coqs. Des divisions étalées au grand jour lors des débats du dernier Conseil des ministres. Le chef de l’Etat a en effet tenu à y présenter, hors programme, son projet de mariage civil facultatif si controversé. Tout de suite contesté du reste par le chef du gouvernement qui a réclamé le gel de ce dossier explosif. Sans succès, le président de la République insistant pour un vote qui d’ailleurs devait lui être largement favorable, sans que cela augure d’une suite positive puisque le président du Conseil peut indéfiniment bloquer un éventuel projet de loi en refusant de le contresigner. En cours de discussion, les deux hommes ne se sont pas ménagé petites piques et fines allusions, rendant très perceptible pour les témoins présents la tension qui marque actuellement leurs rapports. «Il est clair, indique ainsi un ministre, que M. Elias Hraoui a été fortement agacé par les propos que M. Rafic Hariri a cru devoir tenir devant la Ligue maronite au sujet du profil du prochain président. Il y voit sans aucun doute une pierre dans son jardin car lorsque le chef du gouvernement affirme que le futur hôte de Baabda devra être accepté par les chrétiens et devra les représenter vraiment cela signifie que ce n’est pas le cas actuellement. D’ailleurs, dans son intervention officielle, même en Conseil des ministres, M. Hraoui n’a pas pu s’empêcher de soulever ce point en posant la question: «Est-ce que je ne représente pas ma communauté? Est-ce que je n’ai pas une base chrétienne?» C’est donc dire combien il y est sensible». Selon un autre ministre, «ce qui s’est passé en Conseil des ministres est manifestement le résultat d’un arrangement entre le président Hraoui et le président Berry qui a prié les membres du Cabinet qui sont de son bord de soutenir la tentative du chef de l’Etat. Ce dernier a, dans ce cadre, tenu la promesse consistant à adresser à la présidence de la Chambre, parallèlement au vote sur le mariage civil et pour bien montrer que ce projet entre dans un cadre plus global, une note la priant d’engager la procédure pour la formation du haut comité chargé de mettre au point le processus d’abolition du confessionnalisme politique, conformément aux dispositions de l’article 95 C (de la Constitution). On sait en effet que par idéologie en quelque sorte M. Berry plaide lui-même pour une telle déconfessionnalisation politique, dont le mariage civil serait une étape». Ce ministre ajoute que «M. Hariri cache mal qu’il est indisposé par cet accord entre les deux autres membres de la troïka, surtout qu’ils ont pris soin de ne pas le consulter. Du reste, à son avis, des sujets aussi délicats nécessitent impérativement un large consensus sans quoi il vaut mieux ne pas les aborder. Et comme le mariage civil suscite à tout le moins le courroux des autorités religieuses, il aurait fallu selon M. Hariri le mettre de côté pour le moment, comme il l’a expliqué lors du Conseil. Il étaye son plaidoyer par son propre exemple: devant l’opposition des organismes économiques et des autres dirigeants, n’a-t-il pas pour sa part gelé le projet de surtaxe d’un pour cent sur le chiffre d’affaires? Mais pour les hraouistes, les deux questions ne sont pas comparables. Ils font valoir en effet que le mariage civil n’est pas histoire d’un simple décret pris unilatéralement et qu’il doit aller à la Chambre pour y être discuté démocratiquement, la majorité décidant ensuite au nom du peuple s’il faut ou non l’adopter. Ils ajoutent que le bons sens et les réalités occurrentes, démontrés par la multiplication des incidents sectaires même dans le domaine du sport, montrent qu’il faut commencer à agir de manière concrète en faveur de la déconfessionnalisation et de l’esprit civique. Donc, qu’il faut entamer le processus par un acquis tangible répondant sans aucun doute au vœu d’une écrasante majorité de citoyens, 80% à en croire Baabda.…». Une autre source indique que «certains de ses fidèles conseillent à M. Hariri de riposter au tandem Hraoui-Berry en ouvrant un nouveau front politique, à savoir la préparation d’une nouvelle loi électorale qui prévoirait que tout le pays ne formerait qu’une seule circonscription. Et en même temps, on mettrait en chantier une nouvelle législation sur les partis, pour favoriser les formations non communautaires et non régionales, ce qui ne devrait pas beaucoup plaire au leader d’Amal…». Il y a en effet beaucoup de sujets de discorde qu’on peut encore «inventer» à loisir, comme si les problèmes en souffrance ne suffisaient pas…
On en reste ébahi: la troïka n’écoute même plus les décideurs! Ils en ont réuni les piliers, les ont longuement écoutés, leur ont demandé de mettre de côté tout sujet litigieux, les ont mis dans une même limousine pour qu’ils regagnent de conserve Beyrouth pour sceller leur énième réconciliation… Et les voient repartir de plus belle dans des querelles de coqs. Des...