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Actualités - INTERVIEWS

Chargé de la coordination pour les municipales par le Rassemblement national Massoud Achkar : les composantes de l'opposition ont conclu un pacte d'honneur pour éviter les conflits (photo)

Coordinateur du rassemblement national pour les élections municipales, M. Massoud Achkar est désormais chargé d’une lourde responsabilité. Non seulement le PNL, le courant aouniste et l’opposition Kataëb se sont mis d’accord pour lui confier cette mission, mais il jouit en plus de la confiance du Bloc national et de celle de M. Albert Moukheiber. C’est dire qu’apparemment tous ces groupes ont fermement l’intention de s’entendre et de mener jusqu’au bout la bataille des municipales. L’événement est de taille, d’autant qu’après les échecs répétés de l’opposition dite chrétienne aux élections syndicales, beaucoup avaient misé sur son effritement et son incapacité à remporter une victoire. Tout en reconnaissant les difficultés de la mission qui lui est confiée, M. Achkar estime qu’elle a des chances de réussir, d’abord parce que l’enjeu est différent et ensuite parce que les partis et courants concernés ont signé entre eux une sorte de «pacte d’honneur», les condamnant à s’entendre sur une plate-forme commune, tout en conservant chacun ses propres spécificités. Reste à savoir si face à cette détermination de l’opposition, le gouvernement ne renoncera pas à organiser les élections municipales... Tous concernés Massoud Achkar a officiellement commencé sa mission il y a deux semaines et, déjà, il est agréablement surpris par l’intérêt qu’elle suscite chez les citoyens. «Tout le monde se sent concerné par les élections municipales, dit-il, parce qu’elles touchent au quotidien des habitants, quelles que soient leurs opinions politiques». Il ajoute toutefois que beaucoup de gens ne croient pas à la tenue de ces élections, mais, face à la détermination du Rassemblement national, ils se sentent mobilisés. Achkar a entamé une série de contacts dans certaines régions, pour l’instant essentiellement le Mont-Liban et Beyrouth, avec les dignitaires religieux, les forces politiques et les notables. Il est épaulé par une équipe de travail qui effectue des recensements, ainsi que les contacts préliminaires. Mais c’est en personne qu’il doit se rendre «chez les personnalités influentes». Pour l’instant, M. Achkar se déclare particulièrement satisfait des progrès accomplis, mais il est conscient de la difficulté de l’entreprise, car, dit-il, «les municipalités sont une affaire délicate. Ce n’est pas un enjeu politique et l’approche doit englober à la fois les partis, les forces actives, les notables, le système des familles. Bref, il faut beaucoup d’habileté et de diplomatie pour éviter les multiples écueils». Massoud Achkar se sent à la hauteur de la tâche, fort de l’appui et de la confiance de la plupart des composantes de l’opposition dite chrétienne. C’est d’ailleurs la première fois que toutes ces composantes se mettent d’accord sur une personne, surtout pour une mission délicate. Le coordinateur reconnaît que pour l’instant, il n’est pas encore entré dans les détails des listes, mais il a bon espoir d’arriver à des résultats concrets sans trop de problèmes. «Pour nous, ajoute-t-il, il n’est pas nécessaire que l’un des nôtres soit élu. Pour les municipales, nous pensons que ce qui compte c’est que des hommes intègres, qualifiés et réellement représentatifs soient élus». Unité et cohésion Il sera peut-être difficile aux forces qu’il représente d’aligner des candidats sur l’ensemble du territoire libanais, mais ce qui est sûr, c’est que Massoud Achkar compte établir le maximum de contacts et créer le plus important réseau d’alliances, afin de montrer à tout le monde la dimension nationale du Rassemblement et surtout de renforcer l’unité et la cohésion des Libanais. Pour l’instant, Achkar exclut des contacts avec les loyalistes («nous sommes dans l’opposition»), avec le parti Kataëb et peut-être avec le courant des FL. Mais il n’y a pas de veto définitif, chaque municipalité ayant sa spécificité, tout est possible, dans le cadre des trois critères exigés par le Rassemblement national. Pour Achkar, le fait de vouloir se lancer dans la bataille des municipales n’est nullement en contradiction avec la position de principe du Rassemblement national. «Ce n’est pas une levée du boycott. Nous pensons simplement que les élections municipales ne sont pas un enjeu politique. Les municipalités concernent tous les citoyens. Non seulement, dans ces élections, la marge d’intervention de l’Etat est plus réduite que dans les élections législatives, mais il est indispensable de doter toutes les localités de municipalités, d’autant que l’Etat n’accomplit pas son devoir dans ce domaine. Des municipalités actives, ayant un important financement, pourront décharger l’Etat d’une partie de son rôle dans les régions et cela ne peut qu’être bénéfique pour les citoyens». Mobilisation Il reste à convaincre les citoyens eux-mêmes de se mobiliser pour ces élections. Pour l’instant, les personnes sollicitées ont parfaitement répondu à l’approche effectuée par Massoud Achkar. «Nous savons que nous n’allons pas libérer le pays à travers ces élections, déclare ce dernier. Mais nous pouvons ainsi améliorer le niveau de vie, ainsi que le cadre de vie des citoyens, leur permettre de rester dans leurs villages et leur assurer des emplois. C’est, pour nous, une approche sociale ». La mobilisation entreprise par le Rassemblement national est-elle liée à l’ouverture de la campagne pour les présidentielles? Massoud Achkar répond par la négative. «Il s’agit, pour nous, de nous occuper du quotidien. Il n’est plus possible de continuer avec des municipalités vieilles de 33 ans et souvent paralysées par la vieillesse ou le décès des membres du conseil municipal. Nous étions aussi motivés l’an dernier lorsqu’il a été question de tenir ces élections. Mais nous n’étions pas bien préparés. Cette fois, nous essayons de nous organiser, en créant des comités régionaux, avant de former des comités dans chaque village ou localité. C’est un travail de longue haleine, bien plus délicat que des élections syndicales, mais il est aussi très intéressant puisqu’il permet un contact direct avec toute la population...». C’est aussi la première tentative d’unification par la base entreprise par l’opposition dite chrétienne. Jusqu’à présent, les chefs se réunissaient et annonçaient des réconciliations alors que la base ne suivait pas. Avec ces contacts directs, il se pourrait que cela change. Et avec ou sans élections municipales, l’action de Massoud Achkar aura été très utile.
Coordinateur du rassemblement national pour les élections municipales, M. Massoud Achkar est désormais chargé d’une lourde responsabilité. Non seulement le PNL, le courant aouniste et l’opposition Kataëb se sont mis d’accord pour lui confier cette mission, mais il jouit en plus de la confiance du Bloc national et de celle de M. Albert Moukheiber. C’est dire...