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Actualités - OPINION

Tribune Le mariage civil question de théologie ?

Que des religieux mettent en discussion le principe du mariage civil, cela se comprendrait. Mais que certains — y compris des dignitaires — placent la question sur le plan du dogme et de la théologie (déclaration d’un dignitaire le 19/3, débat au Saint-Sauveur le 20/3), cela paraît plutôt surprenant. Nous professons, en effet, que Dieu nous a créés libres, et partant responsables en raison de cette liberté: liberté de conscience, liberté d’opinion et d’expression, liberté d’adhérer, ou non, à une religion et aussi de cesser d’adhérer. Nous refusons l’exclusion: un non-croyant ou un agnostique a droit au respect autant que tout autre. Dès lors, comment veut-on le contraindre, quand il voudra fonder une famille, de se soumettre à une cérémonie religieuse laquelle n’a pas pour lui plus de valeur qu’une artificielle mise en scène? On devrait donc le dire sans ambages: l’Eglise n’est pas partie dans un débat qui ne porte atteinte ni au dogme ni à l’Institution, ni aux sacrements. Elle ne fait pas la chasse aux baptisés en les appelant: «Venez vous marier chez moi». Nous sommes un état laïc et non un état théocratique. Cela n’est pas contestable du point de vue des chrétiens. Le point de vue de l’islam n’est pas le même, et nous devons le respecter dans l’esprit de la convivialité essentielle. Pourquoi le passer sous silence puisque des voix autorisées l’ont dit sans ambages: 1- Il n’est pas permis qu’une femme musulmane épouse un non-musulman. 2- Le mariage civil (quoiqu’étant un «contrat civil») est refusé du moment qu’il est contracté devant un organe de l’Etat et qu’il n’est pas du ressort de la «chari’a». Qu’il nous soit, maintenant, permis de poser la question sous cette forme: Si le mariage civil est envisagé à titre purement facultatif, ou plus exactement optionnel, est-ce que l’islam voudra l’admettre dans un esprit de tolérance? Dans la négative, toute obstination à vouloir faire passer un tel projet serait carrément inopportune et ne contribuerait guère à l’entente nationale non encore suffisamment assise. Cependant, quelque chose pourrait alors être fait pour ne pas astreindre les non-musulmans à se soumettre hypocritement à un sacrement auquel ils ne croient pas. De même qu’en 1959, une loi fut promulguée régissant les successions pour les non-mahométans, de même on peut, sans que personne ne trouve à y redire, permettre le mariage civil optionnel — encore une fois — pour les seules communautés non-mahométanes. C’est un pis-aller, mais il soulagerait un certain nombre qui cesseraient de se voir contraints dans leur conscience.
Que des religieux mettent en discussion le principe du mariage civil, cela se comprendrait. Mais que certains — y compris des dignitaires — placent la question sur le plan du dogme et de la théologie (déclaration d’un dignitaire le 19/3, débat au Saint-Sauveur le 20/3), cela paraît plutôt surprenant. Nous professons, en effet, que Dieu nous a créés libres, et partant...