Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie : Yilmaz déterminé à croiser le fer avec l'armée

Entre le gouvernement de Mesut Yilmaz et l’armée turque, l’épreuve de force est déjà engagée et nul pour l’heure ne sait sur quoi elle pourrait déboucher. En termes inhabituellement directs, le premier ministre avait appelé mardi les militaires à «s’occuper de leurs affaires». A quoi le général Erol Ozkasnak a répondu hier qu’il était du devoir de l’armée de défendre la laïcité. Mercredi encore, une douzaine de députés de la majorité et de l’opposition ont réclamé un débat sur des rumeurs selon lesquelles l’armée ferait pression sur le gouvernement de tendance conservatrice pour qu’il durcisse sa position à l’encontre des islamistes. L’armée turque, très puissante et qui se considère comme la gardienne de la laïcité de l’Etat, a fait trois coups d’Etat, en 1960, 1971 et 1980, officiellement pour «protéger l’Etat» contre des «menées subversives». En février 1997 lors d’une réunion du MGK, les généraux avaient exigé du gouvernement, alors dirigé par l’islamiste Necmettin Erbakan, un plan d’action contre la montée du fondamentalisme religieux. Cette campagne avait abouti en juin à la démission de M. Erbakan, qui refusait d’appliquer ce plan, et son remplacement par M. Yilmaz à la tête d’une coalition de gouvernement prolaïque. La dispute de l’armée avec M. Yilmaz dure depuis la semaine dernière et a provoqué dans la presse des allégations selon lesquelles les militaires pourraient vouloir le renverser. Ces derniers avaient toutefois démenti, le week-end dernier, toute intention de déclencher un putsch. Il reste que le Conseil national de sécurité (MGK), organe politico-militaire par lequel l’armée exerce son influence sur la politique du pays, est convoqué pour le 27 mars. Selon la presse, cette réunion risque de mal se passer pour M. Yilmaz, les militaires étant mécontents de la prestation du gouvernement, qu’elle juge trop molle, dans la lutte contre le fondamentalisme. Trois raisons «M. Yilmaz se croit en position de force pour trois raisons», a déclaré un analyste politique, Dogan Akin. l «Il croit son gouvernement de coalition indispensable car le Parlement morcelé actuel ne peut pas produire de Cabinet de rechange dans lequel les islamistes ne seraient pas présents», a-t-il dit. Le parti islamiste de la Vertu (Fazilet), continuation de celui de la Prospérité (Refah) aujourd’hui dissous, est le plus nombreux à l’assemblée, mais l’armée ne lui permettrait pas de faire partie du gouvernement. «Une prise du pouvoir par les militaires qui dissoudraient le Parlement aurait de graves conséquences pour la Turquie et M. Yilmaz pense qu’ils ne peuvent se le permettre», a ajouté M. Akin. l «Deuxièmement, M. Yilmaz veut dire aux Occidentaux que, même s’il doit à l’armée son arrivée au pouvoir l’an dernier, il n’est pas l’homme des militaires et il défend la démocratie». l «Troisièmement, a-t-il ajouté, M. Yilmaz veut gagner la sympathie des électeurs religieux, dont beaucoup ont été irrités par la dissolution du Refah» par la Cour constitutionnelle pour activités contraires au régime laïc. «Mais l’armée n’est guère susceptible de rester silencieuse devant le défi de M. Yilmaz. La crise pourrait bien s’aggraver», a conclu M. Akin. Incidents Dans la journée d’hier, des affrontements violents ont opposé à Istanbul et Ankara la police à des centaines d’étudiants gauchistes, qui protestaient contre la condamnation à de lourdes peines de prison d’étudiants qui avaient manifesté à l’intérieur du Parlement. Plus de 300 manifestants ont été arrêtés, selon l’agence Anatolie.
Entre le gouvernement de Mesut Yilmaz et l’armée turque, l’épreuve de force est déjà engagée et nul pour l’heure ne sait sur quoi elle pourrait déboucher. En termes inhabituellement directs, le premier ministre avait appelé mardi les militaires à «s’occuper de leurs affaires». A quoi le général Erol Ozkasnak a répondu hier qu’il était du devoir de l’armée de...