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Actualités - ANALYSE

Sourde inquiétude chez les professionnels du cirque

Savonarole en vue…C’est presque le sauve-qui-peut dans la fourmilière. Le ton est à l’austérité. Et cela ne convient pas beaucoup à nombre de professionnels de la politique… Ainsi, nombre de politiciens, mais aussi de dirigeants, avouent en privé que l’approche adoptée par le président élu à leur égard les rend un peu perplexes, songeurs et inquiets. Ils voient bien ses objectifs globaux et comprennent qu’il leur faudra coopérer, du moins tant que les décideurs continueront à alimenter l’état de grâce dont bénéficie le général. Mais ils se demandent comment s’arranger pratiquement avec le moralisme accentué dont se teinte la nouvelle dynamique. Non pas qu’ils soient contre l’assainissement, mais parce qu’à leur sens, il ne faut pas y aller trop fort trop vite, pour ne pas casser des rouages indispensables au fonctionnement de la machine. Et pour ne pas s’aliéner irrémédiablement les différents, les puissants pôles d’influence ou lobbies dont les intérêts seraient lésés par un nettoyage trop chirurgical. Le sentiment de léger malaise et de confusion «vient aussi, dit un ministre, du fait que le président Lahoud n’a pas des antennes dans le milieu politique pour le renseigner et pour fournir en contrepartie des indications sur ses tendances précises. Il n’a pas non plus de conseillers-image ou communication classiques. Son équipe, son cabinet, est apparemment constituée de militaires dont nous ne savons que très peu de choses, et qui ne semblent pas particulièrement désireux de frayer avec nous. Cela signifie, dans une phase aussi intense pour les plans de carrière et la gestation d’un nouveau ministère, que le cordon ombilical est coupé entre l’offre et la demande. Autrement dit, les politiciens comme nous sont tout simplement frustrés parce qu’ils n’ont aucun moyen d’approcher le centre de décision pour postuler un portefeuille. Quand on est habitué au bazar, l’impossibilité de marchander peut vous rendre malade…» Carte blanche Et certains le sont plus que d’autres. Plus précisément, le sas du sous-marin s’ouvre, grâce au «Sésame» que lui procure la Constitution, devant M. Rafic Hariri qui, en tant que prochain président du Conseil, se trouve seul autorisé à parler Cabinet avec le président élu. Les non-haririens râlent donc devant ce «privilège». Ils en ont fait tout un plat et les milieux officiels ont été obligés, pour les faire taire, de proclamer que les entretiens entre les deux hommes ne se déroulent pas «en perspective» mais dans le présent. Entendre que c’est seulement en sa qualité d’actuel chef de gouvernement, et pour informer le nouveau chef de l’État des dossiers, que M. Hariri le rencontre régulièrement. Bien évidemment, à partir d’une telle réfutation, on ne peut attendre de M. Hariri qu’il fasse des confidences sur la composition du prochain Cabinet, puisqu’il est supposé ne rien en savoir. Personne donc n’a encore pu percer sur ce sujet les intentions du régime. D’autant que les habituels visiteurs libanais de Damas en reviennent avec une indication majeure : le général a carte blanche totale, jouit d’une confiance si parfaite que les autorités syriennes ne lui demandent même pas de les tenir au courant. Il reste ce que le général veut bien révéler, à savoir les grandes lignes : pour être ministre sous son règne, il faut justifier de trois qualités de base : expérience, compétence, intégrité. Pas nécessairement dans cet ordre, dans ce sens que les départements techniques devront être confiés à des spécialistes éprouvés tandis que les ministères politiques auront à leur tête des hommes d’une impeccable probité, même s’ils ne devaient pas être des tacticiens de génie. On voit que les jongleurs ont raison de s’inquiéter. D’autant que certains prêtent au nouveau régime de vouloir créer, dans son souci de régulation, un «ministère de la Société civile», pour donner aux corps constitués de cette société le pas sur les politiciens. Et entamer la promotion de l’État civil, impliquant à terme l’abolition du confessionnalisme politique, par une dépolitisation progressive. Et générale.
Savonarole en vue…C’est presque le sauve-qui-peut dans la fourmilière. Le ton est à l’austérité. Et cela ne convient pas beaucoup à nombre de professionnels de la politique… Ainsi, nombre de politiciens, mais aussi de dirigeants, avouent en privé que l’approche adoptée par le président élu à leur égard les rend un peu perplexes, songeurs et inquiets. Ils voient...