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Actualités - ANALYSE

Les décideurs en appellent au bon sens des parties libanaises ...

Les voyageurs retour de Damas — et ils sont toujours nombreux — indiquent en chœur que «les décideurs sont fortement préoccupés par l’inconscience, la légèreté de notre caste politique, dirigeants en tête. Ils estiment qu’il est grand temps que l’ensemble des parties libanaises se rende compte de la gravité de l’heure, des dangers qui planent sur le Liban comme sur la région. Les Syriens s’étonnent que rien ne soit vraiment fait ici pour bâtir enfin l’Etat des institutions prévu dans Taëf, loin des tensions confessionnelles qui marquent notamment les rapports entre dirigeants. A tous les niveaux on les entend critiquer la mentalité empoisonnée qui règne ici et s’étonner que le sectarisme semble gagner même le secteur sportif. Les Syriens relèvent que dans un tel climat de divisions, pour ne pas dire de haine, il est évidemment impossible de réaliser l’entente interlibanaise et d’édifier un véritable Etat-nation». «Les Syriens, poursuivent ces sources, nous disent: «les Libanais viennent nous trouver pour se plaindre de ci ou de ça, de celui-ci ou de celui-là. Rares d’entre eux sont ceux qui viennent avec des idées pour améliorer la situation. La plupart veulent que nous venions à leur secours ou que nous les soutenions contre leurs rivaux et cela nous indispose fortement…»» Dans le même sens exactement un cadre supérieur du parti Baas syrien rencontrant dernièrement une personnalité libanaise lui a confié: «J’en suis presque à refuser de recevoir des visiteurs venant de Beyrouth. Je sais trop à l’avance ce qu’ils vont me demander et je n’ai pas un gros effort d’imagination à déployer, avant qu’ils franchissent la porte de mon bureau, pour pressentir le ton geignard qu’ils vont adopter. Ils ne veulent en général pas comprendre qu’il m’est difficile de prendre parti et qu’ils feraient mieux de laisser leurs petits problèmes derrière eux au Liban. J’essaie de concilier et de réconcilier autant que faire se peut, mais après tout je ne dirige pas une boutique de raccommodage…» Toujours selon le même témoin, cette personnalité syrienne dénonce sévèrement «ce tic libanais qui consiste à tout confessionnaliser, même les sujets les plus minuscules. Chez nous en Syrie, le confessionnalisme nous ne savons pas ce que c’est et nous ne voulons absolument pas le savoir. Nous sommes très conscients en effet qu’il nous serait impossible d’être un Etat digne de ce nom si nous devions permettre à de tels instincts corrosifs de s’exprimer». Tout en reconnaissant le bien-fondé de telles remarques, un opposant libanais rappelle pour sa part que «cette déplorable montée en puissance du confessionnalisme, est une conséquence directe du système appliqué après Taëf et que la troïka illustre à la perfection, puisqu’elle consacre un partage confessionnel du pouvoir, en marge de la Constitution et même contre ses dispositions. Tout en effet se décide ou se défait entre les trois présidents, au mépris des prérogatives du Conseil des ministres comme de l’ Assemblée nationale. Autre caractéristique hautement déplorable du système: en cas de conflit, au lieu d’en référer aux institutions nationales, on recourt à l’arbitrage extérieur, comme cela s’est encore vu tout récemment à l’occasion du sommet élargi de la semaine dernière tenu à Damas où il a fallu rabibocher MM. Berry et Hariri. Comment parler après cela, après cet abandon volontaire du pouvoir de décision, de souveraineté bien comprise…Au point où nous en sommes, au point où nous en restons depuis huit ans, force nous est de constater que Taëf a certes permis de mettre fin aux hostilités domestiques, ce qui est un immense bienfait, mais n’a pas dégagé les fondements d’un Etat solide. Il est regrettable en quelque sorte que les Syriens fassent ce constat mieux que nous et s’aperçoivent que leurs innombrables solliciteurs libanais ont finalement tendance à les entraîner dans des querelles d’intérêts dont ils n’ont que faire…» Toujours par rapport à la position de Damas, une source loyaliste confirme pour sa part que «dans cette phase préparatoire des présidentielles, un soin particulier est apporté à détendre les relations avec la partie la plus directement concernée, à savoir la communauté maronite et avec l’Est politique. Désormais les décideurs tiennent à souligner qu’ils sont équidistants de toutes les parties locales et qu’ils n’en favorisent aucune au détriment d’une autre…».
Les voyageurs retour de Damas — et ils sont toujours nombreux — indiquent en chœur que «les décideurs sont fortement préoccupés par l’inconscience, la légèreté de notre caste politique, dirigeants en tête. Ils estiment qu’il est grand temps que l’ensemble des parties libanaises se rende compte de la gravité de l’heure, des dangers qui planent sur le Liban comme...