Turquie : Yilmaz appelle l'armée à ne pas s'occuper de politique

La rencontre du secrétaire au Foreign Office Robin Cook hier avec des représentants palestiniens près de la colonie de Har Homa à Jérusalem-Est a tourné à l’incident diplomatique avec Israël. xEn guise de protestation, le premier ministre Benjamin Netanyahu a annulé un dîner prévu avec M. Cook dans la soirée. De son côté, le département d’Etat, tout en soulignant qu’il n’avait pas été «consulté à l’avance sur l’itinéraire précis» de M. Cook, a cependant affirmé, par la bouche de son porte-parole James Rubin, que Washington voyait «d’un bon œil l’intérêt que l’Europe porte au Proche-Orient». «Israël est prêt à un rôle de l’Union européenne dans le processus de paix, mais pas au prix de son dialogue direct avec les Arabes. Nous ne pouvons pas accepter des pressions ni le principe d’une redivision de Jérusalem», a affirmé M. Netanyahu à l’issue d’un entretien d’une heure avec son hôte. «Il y a eu des malentendus avec M. Cook. J’ai été surpris de sa visite à Har Homa. Il devait s’y rendre en compagnie du secrétaire du Cabinet Danny Naveh, et cela n’a pas été le cas», a-t-il poursuivi. M. Cook a, pour sa part, repoussé les protestations israéliennes et affirmé qu’«il n’y a pas eu de crise, car j’ai scrupuleusement respecté le programme dont nous avions convenu». Il a indiqué avoir expliqué à M. Netanyahu le point de vue des Européens selon lequel «l’extension des colonies constitue un des obstacles au processus de paix, et les Américains partagent ce point de vue». Il a reconnu «avoir des critiques à formuler sur la politique israélienne», mais a ajouté: «Je ne suis pas hostile à Israël, et M. Netanyahu se prépare à recevoir (le mois prochain) le premier ministre Tony Blair». M. Cook a minimisé sa rencontre avec un député palestinien à Har Homa en affirmant: «Une poignée de main, c’est de la simple courtoisie». Selon la seconde chaîne privée de la télévision israélienne, M. Netanyahu a délibérément exagéré sa réaction de colère pour signifier aux Etats-Unis qu’en rendant public un projet de relance du processus de paix, ils s’exposent à un échec. Le président Bill Clinton envisagerait de demander à Israël de retirer ses troupes de zones supplémentaires couvrant 13 pour cent de la Cisjordanie, et de geler la colonisation en échange d’engagements palestiniens spécifiques dans le domaine sécuritaire, selon la presse israélienne. M. Cook s’est entretenu séparément avec des représentants israéliens et palestiniens à deux endroits situés à proximité de la colline de Har Homa, où Israël a mis en chantier l’an dernier 6.500 logements. L’entretien avec les Palestiniens n’a duré que trois minutes, en raison de la présence de militants d’extrême droite israéliens qui scandaient «Cook go home (Cook rentre chez toi)» et s’approchaient dangereusement du ministre. Peu après, des responsables officiels israéliens ont émis de vigoureuses protestations contre cette brève rencontre de M. Cook avec des Palestiniens. «Le ministre britannique a ainsi créé un précédent qui n’avait pas lieu d’être et exprimé une opinion biaisée», a estimé le directeur général du ministère des Affaires étrangères, Eytan Ben-Tzur. M. Cook avait rencontré dans la matinée le président palestinien Yasser Arafat à Gaza, et annoncé à cette occasion que l’Europe allait débloquer 8 millions de dollars pour aider au financement des forces de sécurité palestiniennes impliquées dans la lutte antiterroriste. La Grande-Bretagne assure actuellement la présidence de l’Union européenne, et M. Cook effectuait une visite d’une journée en Israël et dans les territoires palestiniens en vue de promouvoir une initiative des Quinze pour débloquer le processus de paix, gelé depuis la mise en chantier de Har Homa, il y a un an. (AFP-Reuters)