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Actualités - CHRONOLOGIE

Dossier financier : discorde au sommet Les projets de nouvelles taxes retirés de l'ordre du jour du Conseil des ministres pour éviter que le conflit ne s'envenime

Le projet visant à imposer une taxe de 1% sur le chiffre d’affaires des sociétés privées devait être au centre du Conseil des ministres prévu pour cet après-midi au palais de Baabda. Il a été en fait au centre de nouveaux tiraillements apparus hier entre les pôles de la «troïka», plus particulièrement entre le président Elias Hraoui et le chef du Législatif Nabih Berry, d’une part, et le premier ministre Rafic Hariri, d’autre part. Par voie de conséquence, le projet en question a été retiré de l’ordre du jour de la séance du Cabinet dans le but de ne pas envenimer encore davantage les rapports — déjà particulièrement tendus — entre les dirigeants. Du même coup, la proposition de rétablissement de «l’étage Murr», la nouvelle échelle des salaires dans le secteur public et l’imposition d’une nouvelle taxe sur l’essence ne seront pas également discutées au cours du Conseil des ministres de cet après-midi. Par contre, le président Hraoui pourrait soumettre au gouvernement (selon les sources de Koraytem) son projet de mariage civil facultatif en dépit du fait que les milieux mahométans (M. Hariri inclus) y sont fermement opposés. Afin de couper court, sans doute, à tout débat au sein du Cabinet au sujet du mariage civil facultatif, les milieux de M. Hariri laissaient entendre en soirée que tout sujet susceptible de provoquer des dissensions et des discussions fiévreuses au niveau de l’Exécutif serait automatiquement retiré de l’ordre du jour du Conseil des ministres. Cette indiscrétion a fait suite, en réalité, aux informations selon lesquelles le président Hraoui aurait informé hier soir M. Berry de sa décision de retirer de l’ordre du jour de la séance du Cabinet le projet de taxe de 1% sur le chiffre d’affaires (projet rejeté d’ailleurs une nouvelle fois, hier, par les organismes économiques). La tendance qui s’est précisée en fin de journée à ce propos était apparue dès hier matin à la faveur d’une réunion impromptue entre le président Hraoui et M. Berry, à Baabda. A l’issue de la rencontre, le chef du Législatif s’est refusé à toute déclaration. Mais des sources dignes de foi devaient indiquer en soirée que M. Berry s’est rendu au palais de Baabda pour informer le président Hraoui de son opposition à la taxe de 1% sur le chiffre d’affaires. Une telle taxe, rappelle-t-on, était prévue dans le «programme de redressement» qui avait été convenu à la fin de l’année dernière entre les pôles du pouvoir. Mais M. Berry estime que le premier ministre n’a pas respecté les engagements qu’il avait contractés sur ce plan et que, de ce fait, il n’est plus tenu (M. Berry) d’avaliser maintenant la taxe de 1%. Cette position a été communiquée par le président Hraoui à M. Hariri au cours d’un entretien téléphonique que les deux hommes ont eu dans l’après-midi. Le premier ministre est aussitôt entré en contact avec le chef du Législatif qui lui a confirmé qu’effectivement il était opposé à la taxe de 1%. Le chef de l’Etat lui-même s’est déclaré hier opposé, devant ses visiteurs, à toute nouvelle taxe susceptible de se répercuter sur le consommateur. Plus tard dans la journée, le président Hraoui a contacté par téléphone M. Berry afin de l’informer de sa décision de retirer de l’ordre du jour du Conseil des ministres le projet de taxe de 1%. Et c’est à la suite de cet entretien téléphonique que les milieux de Koraytem ont fait filtrer à la presse des informations selon lesquelles tous les dossiers sujets à controverse seraient retirés de l’ordre du jour. Les organismes économiques Comme pour bien marquer sa détermination à barrer la route à la taxe de 1%, le président de la Chambre devait conférer hier avec les ministres qui lui sont proches, en l’occurrence MM. Mahmoud Abou Hamdane, Yassine Jaber, Ayoub Hemayed et Ali Harajli, afin de leur demander de s’opposer à la taxe de 1% ou à toute autre nouvelle taxe (notamment sur l’essence). Cette position sera vraisemblablement adoptée également par les ministres proches du président Hraoui. De son côté, le ministre du Tourisme, Nicolas Fattouche, a annoncé la couleur dès hier après-midi en soulignant sans ambages qu’il voterait contre le projet de taxe de 1%. La farouche opposition qui se manifeste sur ce plan ne se limite pas aux cercles officiels et gouvernementaux. Les organismes économiques, précédés en cela par l’Association des commerçants (VOIR PAGE 12), ont publié en effet un communiqué en soirée réaffirmant leur rejet de toute taxe sur le chiffre d’affaires. Le communiqué souligne à ce propos qu’avant d’imposer de nouvelles taxes, le gouvernement ferait mieux, dans l’immédiat, d’améliorer la perception des impôts, de la taxe mécanique, et des factures d’eau, d’électricité et de téléphone. Les organismes économiques soulignent en outre que si le gouvernement s’obstine à imposer de nouvelles taxes, l’Etat devrait d’abord élaborer un plan quinquennal définissant clairement tous les projets appelés à être exécutés dans les différentes régions du pays. Mais pour le patronat, toute nouvelle taxe ne saurait porter en aucun cas sur le chiffre d’affaires. Les organismes économiques suggèrent à ce propos d’augmenter de 5% la taxe sur les bénéfices nets, pour une période transitoire bien déterminée. En tout état de cause, et compte tenu de la levée de boucliers provoquée par le projet de taxe de 1% sur le chiffre d’affaires, l’ensemble du dossier financier sera éclipsé lors du Conseil des ministres de cet après-midi afin d’éviter une éventuelle recrudescence de la tension entre les pôles du pouvoir ou au sein même du gouvernement. M. Hariri devait d’ailleurs reconnaître hier soir que son projet de taxe de 1% sur le chiffre d’affaires bute sur de nombreux obstacles du fait de la vaste opposition qu’il a suscitée. Et dans la logique des choses, la nouvelle échelle des salaires des fonctionnaires ne sera pas discutée au cours de la séance du Cabinet. Le texte du projet sera simplement distribué aux membres du gouvernement, comme l’a indiqué M. Hariri. Il pourrait être approuvé par le Conseil des ministres, selon les sources de Koraytem, dans deux semaines. Encore faut-il que les responsables officiels s’entendent d’ici là sur les moyens de financer ce réajustement des salaires dans le secteur public.
Le projet visant à imposer une taxe de 1% sur le chiffre d’affaires des sociétés privées devait être au centre du Conseil des ministres prévu pour cet après-midi au palais de Baabda. Il a été en fait au centre de nouveaux tiraillements apparus hier entre les pôles de la «troïka», plus particulièrement entre le président Elias Hraoui et le chef du Législatif Nabih...