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Actualités - CHRONOLOGIE

Courants politiques - Luttes internes au CNL ? Aoun a limogé Kamal Yazigi parce qu'il s'est rendu à Baabdate jeudi (photo)

Dans une décision surprenante prise jeudi peu avant minuit, le général Michel Aoun a démis de ses fonctions le chef du comité estudiantin du Courant national libre (CNL), M. Kamal Yazigi, «parce qu’il s’est rendu au domicile du général Émile Lahoud à Baabdate» le jour de l’élection présidentielle, a-t-il dit hier à L’Orient-Le Jour lors d’un entretien téléphonique. Tout en confirmant sa «visite d’ordre privé» au domicile du président élu, M. Yazigi a pour sa part estimé dans un entretien avec notre journal, qu’il convenait de chercher ailleurs les raisons de son limogeage. Toujours est-il que la décision du général Aoun, la manière dont elle a été rendue publique et son timing, ont provoqué un malaise au sein du CNL, qui traverse depuis quelques semaines une phase critique en raison des avis partagés à l’égard du général Émile Lahoud. C’est en effet à travers la presse d’hier matin que M. Yazigi a appris son limogeage. Cela l’a d’autant plus surpris que la veille, vers 21h, il avait eu une «conversation téléphonique longue et amicale» avec l’ancien chef du gouvernement. «Je ne veux pas commenter la décision du général Aoun, que je respecte beaucoup. Il m’a confié une tâche et je crois qu’il convient d’inscrire à mon actif de nombreuses réalisations. J’espère qu’elles seront préservées», a-t-il dit. Selon lui, la visite qu’il a effectuée jeudi à Baabdate s’explique par «l’amitié qui me lie depuis longtemps à la famille Lahoud ». Le général Aoun a pour sa part expliqué que M. Yazigi a «outrepassé ses prérogatives». «Je comprend que Kamal puisse avoir des relations personnelles avec la famille Lahoud, a-t-il dit. Mais sa présence à Baabdate m’a mis dans l’embarras. J’ai reçu des dizaines d’appels téléphoniques du Liban de personnes me demandant quelle conduite il fallait adopter à l’égard de l’élection du général Lahoud. Certains ont vu dans le comportement de M. Yazigi l’expression d’une double allégeance. D’autres ont pensé qu’à travers lui, je tissais des liens avec le nouveau régime, alors que d’un autre côté je continue à tenir un discours opposant. De plus, Kamal était mon représentant personnel. C’est moi qui l’ai nommé, il n’a pas été élu. Et son limogeage n’affecte en rien la confiance et l’estime que j’ai pour lui». M. Yazigi s’efforçait en fait de rapprocher les points de vue entre le président élu et le général Aoun. Ce dernier a confirmé qu’il était au courant des relations qui existent entre l’ancien chef estudiantin de son mouvement et l’entourage du général Lahoud et des démarches entreprises par M. Yazigi pour l’amorce d’un dialogue. Volonté d’ouverture Mais le limogeage intervenu jeudi ne signifie-t-il pas un rejet de cette initiative? «Non. Pas du tout», a répondu M. Aoun. Des sources du mouvement aouniste à Beyrouth ont pour leur part indiqué que la présence de M. Yazigi à Baabdate a été exploitée par une tendance du CNL qui refuse la politique d’ouverture et de modération qu’il a entamée depuis sa désignation en janvier dernier. Le général Aoun a d’ailleurs pleinement soutenu les orientations de son chef estudiantin, qui n’a jamais caché ses «affinités de gauche», ses profondes convictions laïques et sa volonté de s’ouvrir à toutes les communautés. La désignation de M. Yazigi, un professeur d’université habitant le secteur ouest de Beyrouth, avait été perçue comme un signe de changement. Sa première tâche a été d’établir des contacts réguliers avec tous les partis politiques au Liban. Il a été un des initiateurs de la campagne favorable au mariage civil lancée par les formations laïques. Il a ensuite encouragé le mouvement aouniste à conclure des alliances avec des forces actives dans le secteur ouest de Beyrouth lors des dernières élections municipales. Le CNL avait présenté des candidats sur la liste de l’opposition conduite par M. Abdel Hamid Fakhoury et appuyée par le député Najah Wakim. M. Yazigi a également élaboré un organigramme visant à transformer le CNL en parti structuré. Le plan avait été débattu avec le général Aoun en juillet à Paris. Enfin, il a participé à l’organisation, en août dernier, du premier congrès estudiantin aouniste, auquel ont pris part plusieurs centaines de militants. Toutefois, la volonté d’ouverture de M. Yazigi, et son souci de donner au discours aouniste la dimension sociale qui lui manquait ne faisaitent pas l’unanimité des cadres du CNL. C’est dans cette même logique d’ouverture que M. Yazigi a tenté de rapprocher les points de vue entre le nouveau régime et le général Aoun, en mettant à profit l’amitié qui le lie à la famille du général Lahoud, dont le fils aîné Émile est un de ses étudiants. Mais visiblement, la force d’inertie qui existe au sein du CNL a eu raison de ses efforts.
Dans une décision surprenante prise jeudi peu avant minuit, le général Michel Aoun a démis de ses fonctions le chef du comité estudiantin du Courant national libre (CNL), M. Kamal Yazigi, «parce qu’il s’est rendu au domicile du général Émile Lahoud à Baabdate» le jour de l’élection présidentielle, a-t-il dit hier à L’Orient-Le Jour lors d’un entretien...