A l'aube du XXIe siècle

L’Orient-Le Jour occupe une place spéciale au sein de la presse libanaise. L’Orient a été fondé en 1924 par Georges Naccache et Gabriel Khabbaz et Le Jour a été fondé en 1934 par Michel Chiha. Après sa mort survenue en 1954, Le Jour avait été repris en 1965 par Pierre Eddé et Ghassan Tuéni. Puis, en 1971, les deux quotidiens avaient fusionné sous le titre L’Orient-Le Jour. Dans quelques mois, nous fêterons le 75e anniversaire de notre journal qui est le doyen, à la fois de la presse libanaise et de la presse du Proche-Orient. Pendant près de 75 ans, ce journal a continué à paraître sans interruption, tout en préservant son indépendance, son objectivité et son intégrité, en dépit de toutes les vicissitudes et de tous les dangers, tant durant le Mandat que depuis l’Indépendance et enfin, pendant les événements qui ont ensanglanté notre pays. Si nous avons pu nous maintenir et surmonter tous les obstacles de ces dernières décennies, en particulier durant les pires moments de la guerre, c’est grâce à l’équipe de journalistes, et à leur tête Amine Abou-Khaled, Issa Goraieb et Camille Menassa, qui font ce journal; à leur sens du devoir, à leur abnégation, à leur courage et à leur honnêteté intellectuelle. Je ne peux oublier Pierre Eddé et Ghassan Tuéni, à qui je rends ici hommage, qui se sont dévoués à ce journal et qui lui ont permis de survivre dans des circonstances souvent intenables. Lorsqu’en 1990, à l’époque la plus sombre de la guerre, Ghassan Tuéni, qui était contraint de se consacrer plus spécialement au Nahar, m’a demandé, en ma qualité de principal actionnaire, de prendre la présidence et la direction générale du journal, j’ai continué sur la voie de mes prédécesseurs et j’ai tenu à ce que L’Orient-Le Jour préserve son indépendance à l’égard de tous, y compris de moi-même, et poursuive son combat pour la liberté, la justice et la démocratie. Grâce aux efforts de tous, à la fidélité de nos lecteurs, à leur nombre croissant et à la confiance de nos annonceurs, L’Orient-Le Jour entre dans une nouvelle phase de son histoire et aborde avec sérénité l’aube du XXIe siècle, avec l’espoir de parvenir à la paix juste et globale à laquelle nous aspirons. Je ne peux m’empêcher, pour terminer, d’avoir aujourd’hui une pensée émue pour Michel Chiha qui a marqué notre jeunesse et qui a tracé la voie que nous devons suivre.