Primakov aux syndicats : ne coulez pas le bateau Russie ...

À la veille d’une grande journée de manifestations populaires contre la détérioration du niveau de vie, le premier ministre russe Evguéni Primakov a lancé mardi soir un vibrant appel à la stabilité et à la discipline dans un pays en pleine crise (VOIR AUSSI PAGE 10). Dans sa première allocution télévisée depuis sa nomination à la tête du gouvernement, il a déclaré qu’il comprenait les frustrations de ceux de ses compatriotes qui s’apprêtaient à manifester. «Mais ne faites pas chavirer le bateau dans lequel nous sommes tous embarqués. La mer est trop houleuse», a-t-il ajouté. La Russie a besoin de calme, d’union, de stabilité et de discipline pour sortir de la crise, a-t-il affirmé, demandant à ses compatriotes d’œuvrer pour le bien de tous. Les syndicats et le Parti communiste russes ont annoncé hier qu’ils mobiliseraient des dizaines de millions de grévistes et de manifestants pour aujourd’hui mercredi. Des responsables syndicaux ont estimé que leur mouvement serait le plus important organisé depuis la chute de l’Union soviétique. Face à la baisse du niveau de vie, les manifestants défileront pour réclamer le paiement des salaires et des retraites, et la démission du président Boris Eltsine. Primakov s’est engagé à payer arriérés de salaires et retraites «jusqu’au dernier kopeck» et à verser les salaires actuels dans leur totalité et à temps. Il a toutefois laissé entendre que le gouvernement n’avait toujours pas de programme économique cohérent pour venir à bout de la crise. «Le programme est en gestation, il y en aura un, a-t-il assuré, ajoutant que son volet financier dépendait des négociations avec créanciers et investisseurs». Guennadi Ziouganov, le chef du Parti communiste, a annoncé 40 millions de grévistes, dont 10 millions dans les rues. Le vice-président de la Fédération des syndicats indépendants, Alexeï Sourikov, a estimé pour sa part qu’au moins 28 millions de personnes participeraient «d’une manière ou d’une autre au mouvement». Les employés de l’usine de retraitement des déchets nucléaires de Snejinsk, ceux des chantiers navals de St Petersbourg, ou encore ceux de l’usine aéronautique Chkalov de Novossibrisk, en Sibérie, ont prévu de cesser le travail pour une heure ou une journée.