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Actualités - REPORTAGE

Présidente de l'Ordre des pharmaciens Marie-Leila Khoury : la défaillance du système de contrôle des médicaments favorise l'anarchie (photo)

Pour la troisième fois en moins de dix ans, le Dr Marie-Leila Khoury se retrouve à la tête de l’ordre des pharmaciens. En 1991, elle a assuré pendant six mois la présidence par intérim, à la suite du décès du Dr Georges Baroudi, avant d’être élue au mois de septembre de la même année pour un mandat de trois ans. Le 20 septembre dernier, elle est réélue, par 738 voix contre 376 à son concurrent Rafic Hachache, à la faveur d’un scrutin anticipé, après la démission du poste de la présidence du Dr Michel Abela. Le Dr Marie-Leila Khoury s’assigne deux priorités pour son nouveau mandat: application stricte de la législation régissant l’exercice de la profession de pharmacien et élaboration d’un projet d’amendement des lois en vigueur de manière à renforcer le contrôle des médicaments mis en vente sur le marché. Son grand atout: sa disponibilité et sa détermination à réhabiliter l’image du pharmacien ternie quelque peu aux yeux du citoyen à la suite des multiples scandales qui ont éclaté récemment au sujet de l’importation de médicaments périmés ou frelatés au Liban. Selon le Dr Khoury, la défaillance du système de contrôle et de surveillance des médicaments favorise l’anarchie sur le marché où toutes sortes d’infractions sont commises. Si la présidente de l’ordre des pharmaciens reconnaît que l’importation des médicaments par le biais du négoce parallèle autorisé en vertu des arrêtés 544 et 1/90, pris par le ministre Jamil Kebbé et amendés par le ministre Marwan Hamadé, peut contribuer à faire baisser les prix des produits médicamenteux, elle estime nécessaire voire impératif que les dossiers des usines de fabrication de médicaments importés par cette voie soient étudiés par le comité technique relevant du ministère de la Santé à l’instar des médicaments dont la demande d’inscription au ministère de la Santé est faite par les importateurs patentés. «L’étude ainsi engagée constitue une garantie pour le consommateur. Cette procédure devrait être appliquée à tous les produits pharmaceutiques importés avant qu’une autorisation de mise en vente ne soit accordée à qui de droit», dit-elle avant de mettre l’accent sur la nécessité d’activer le bureau national du médicament. Le Dr Khoury souligne l’importance de renforcer le contrôle des pharmaciens-inspecteurs à la douane. Une permanence de deux jours par semaine de ces pharmaciens-inspecteurs du ministère de la Santé au port et à l’AIB est insuffisante. Vu la profusion des produits para-pharmaceutiques introduits dans le pays sous le label de produits pharmaceutiques (un phénomène qui pourrait constituer un réel danger pour la santé publique), le Dr Khoury préconise la formation de comités mixtes de pharmaciens relevant de l’ordre des pharmaciens et du ministère de la Santé qui seraient chargés d’établir un inventaire des produits disponibles sur le marché en vue de les classifier à nouveau en produits médicamenteux ou produits para-médicamenteux. Ces derniers, rappelle-t-on, sont introduits au Liban sans autorisation préalable du ministère de la Santé par le biais du ministère de l’Economie. Liste des médicaments essentiels Selon la présidente de l’ordre des pharmaciens, la mise à jour de la liste des médicaments essentiels est nécessaire. Il existe plus de 6000 noms de médicaments essentiels qui ne sont plus disponibles sur le marché. «Cette mise à jour, qui pourrait contribuer à limiter quelque peu l’anarchie sur le marché des médicaments, doit prendre en compte les médicaments génériques et la découverte des nouvelles molécules indispensables au traitement de certaines maladies», souligne-t-elle avant de prendre en exemple l’OMS qui établit régulièrement sa liste de médicaments essentiels en choisissant la meilleure molécule, le meilleur prix et la meilleure qualité de produits. Industrie pharmaceutique Abordant le volet de l’industrie pharmaceutique au Liban, le Dr Marie-Leila Khoury considère qu’il est prioritaire, pour plus d’une raison, d’encourager l’industrie nationale dans ce domaine industrie qui a été pionnier dans le monde arabe. L’extension de l’industrie pharmaceutique nationale activerait les recherches scientifiques, créerait de nouveaux emplois pour les pharmaciens devenus surnuméraires en raison du nombre important de jeunes qui sont fraîchement diplômés chaque année, et contribuerait éventuellement à casser les prix des médicaments importés. Il est indispensable de conquérir de nouveaux marchés pour assurer la survie des fabriques déjà existantes. «A ce niveau, les initiatives demeurent limitées et d’ordre privé alors que l’Etat devrait faire appliquer le principe de réciprocité à l’égard des pays arabes notamment à l’égard de la Jordanie, de la Syrie et de l’Egypte, le Liban important des médicaments des pays précités», dit-elle avant de souligner que les usines pharmaceutiques libanaises ne fonctionnent qu’à 10% de leur potentiel. Une législation stricte Répondant à une question au sujet de l’implication de certains pharmaciens dans les scandales d’importation de médicaments frelatés ou périmés, le Dr Marie-Leila Khoury invite ceux qui pointent des doigts accusateurs vers certains pharmaciens de les désigner nommément. Le cas échéant, il serait préférable, dit-elle, de s’abstenir de faire des déclarations qui sème la panique parmi les citoyens et porte atteinte à la réputation de l’ordre des pharmaciens du Liban. Elle rappelle par ailleurs que les prix des médicaments sont fixés par le comité des prix du ministère de la Santé. La présidente de l’ordre des pharmaciens qualifie de «stricte» la loi régissant l’exercice de la profession de pharmacien affirmant par ailleurs que la législation définit d’une manière explicite les produits médicamenteux dont la commercialisation devrait se faire dans une officine appartenant à des pharmaciens ayant une autorisation du ministère de la Santé et inscrits à l’ordre des pharmaciens. En ce qui concerne les maisons d’importation, celles-ci peuvent appartenir à un non-pharmacien à condition que celui-ci soit associé à un pharmacien alors que seuls les médecins et les pharmaciens sont habilités à ouvrir des laboratoires médicaux. Quant au propriétaire d’une industrie pharmaceutique, il devrait, conformément à la législation en vigueur, nommer un pharmacien au sein du conseil d’administration de l’usine, et trois autres à la tête des services de production, de la recherche et du contrôle des produits. En réponse à une question, le Dr Khoury affirme qu’elle est déterminée à faire appliquer les règlements concernant les permanences de nuit des officines où la présence d’un pharmacien est obligatoire.
Pour la troisième fois en moins de dix ans, le Dr Marie-Leila Khoury se retrouve à la tête de l’ordre des pharmaciens. En 1991, elle a assuré pendant six mois la présidence par intérim, à la suite du décès du Dr Georges Baroudi, avant d’être élue au mois de septembre de la même année pour un mandat de trois ans. Le 20 septembre dernier, elle est réélue, par 738 voix...