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Actualités - CHRONOLOGIE

Joumblatt se démarque de la classe politique et opte pour le boycottage

Les réserves du ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, au sujet de l’accession du commandant en chef de l’armée, le général Émile Lahoud, à la présidence de la République, n’ont pas manqué d’étonner (VOIR PAGE 3). M. Joumblatt est effectivement la seule personnalité de l’équipe issue de Taëf à avoir contesté l’élection du général Lahoud, sans compter qu’en adoptant une position aussi tranchée, il se démarque nettement de Damas qui a joué comme on le sait le rôle-clé pour conduire le commandant en chef de l’armée au palais de Baabda. D’ores et déjà, la question que d’aucuns se posent est de savoir ce que sera la relation à l’avenir entre le ministre des Déplacés, et les dirigeants syriens et quelle sera la réaction de ces derniers à sa prise de position. De sources informées, on précise que M. Joumblatt n’avait pas caché devant les responsables syriens ses réserves quant à l’élection du général Lahoud, et les avait informés qu’il boycotterait les réunions du Conseil des ministres et du Parlement qui seraient consacrées à l’amendement de la Constitution au cas où le choix du commandant en chef de l’armée serait arrêté. C’était il y a deux semaines, bien avant le sommet Assad-Hraoui. Selon des sources proches du ministre des Déplacés, M. Joumblatt avait répercuté dans son discours du dimanche certaines des idées qu’il avait formulées devant ses interlocuteurs syriens en parlant d’un «prix politique pour sa coopération avec le futur président, si coopération il y a…» et en notant que «sa voix coûte cher». Les visiteurs de M. Joumblatt justifient ses réserves par une série de données. Pour commencer, le commandant en chef de l’armée n’a rien «accordé» au ministre au cours des neuf dernières années, pour qu’il se tienne à ses côtés, que ce soit sur le plan politique ou au niveau de la Troupe. Plus encore, des officiers ont été tenus à l’écart parce qu’ils sympathisaient avec M. Joumblatt durant la guerre. Ce dernier reproche aussi au commandement de l’armée et, de manière plus générale, aux services des forces régulières de s’être mêlés du dossier druze, notamment en appuyant le cheikh Akl druze par intérim, cheikh Bahjat Ghaith (à l’époque où un conflit l’opposait au ministre des Déplacés) en soutenant les partisans de son rival politique, Talal Arslan, dans les villages de la montagne et en favorisant l’établissement d’alliances dirigées contre lui dans le principal but de l’affaiblir. C’est ainsi qu’il perçoit l’appui apporté selon lui par la Troupe à son rival aux élections législatives, M. Nagi Boustany. Cité par ses visiteurs, M. Joumblatt aurait affirmé: «Je ne veux rien d’eux. Qu’ils me laissent seulement en paix». Opposé de tout temps à la présence de militaires au Pouvoir, le ministre des Déplacés l’est encore plus à celle du général Lahoud. Selon ses visiteurs, il estime que l’armée se mêlera davantage de politique sous le régime du général Lahoud. «Comme ce dernier n’est pas soutenu par un parti ou une force politique, il tablera forcément sur l’institution militaire pour consolider son régime», aurait-il dit devant ses visiteurs. Contrairement à la majorité des hommes politiques qui se sont jusque-là félicité du choix du général Émile Lahoud, le ministre des Déplacés exprime beaucoup de scepticisme quant à la capacité du prochain régime à régler les problèmes épineux qui se posent dans le pays. Il réprouve de ce fait l’aura dont le général Lahoud – qui est perçu comme un sauveur – a été entouré et qui est susceptible, à son avis, d’affaiblir la vie politique dans le pays en la liant à une personne. M. Joumblatt s’attend de plus à ce que la «troïka» du pouvoir renaisse à la faveur de l’élection du commandant en chef de l’armée à la présidence de la République, ce qui aura pour effet, à ses yeux, de le maintenir loin du pouvoir de décision au lieu qu’il ne soit considéré comme un pôle politique. Il rappelle que c’est pour cette raison qu’il avait pratiqué l’opposition au cours des deux dernières années.
Les réserves du ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, au sujet de l’accession du commandant en chef de l’armée, le général Émile Lahoud, à la présidence de la République, n’ont pas manqué d’étonner (VOIR PAGE 3). M. Joumblatt est effectivement la seule personnalité de l’équipe issue de Taëf à avoir contesté l’élection du général Lahoud, sans compter...