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Actualités - REPORTAGE

Justice - Un libanais et une française se disputent devant les tribunaux la garde de leurs deux filles Père-mère-enfants : l'impossible triangle

On connaissait déjà la triste histoire de Betty Mahmoody et le best-seller qu’elle en a tiré «Jamais sans ma fille». Si, à l’époque, de nombreuses lectrices en avaient été émues, la plupart d’entre elles croyaient que de telles histoires n’arrivent pas dans la réalité. Et pourtant ! Après le rocambolesque enlèvement au Liban d’un petit garçon par sa mère française et la longue bataille juridique qui s’ensuivit, après aussi le feuilleton des aventures de la mère brésilienne voulant récupérer ses deux enfants cachés au Liban par leur père, c’est une nouvelle histoire de ce genre qui occupe aujourd’hui les tribunaux français et libanais. Conflit de compétence, conflit d’intérêts et surtout volonté de protéger leurs citoyens, les tribunaux français et libanais se retrouvent face à une situation complexe, dont les enfants d’un couple déchiré sont les principales victimes. Relations dégradées Fadi S. (Libanais) et Fernande J. (Française) se sont mariés civilement à New York le 30 janvier 1987.Ils se sont ensuite installés en France en 1988. Fadi est avocat international et son épouse française est orthodontiste. De leur union, ils ont eu deux petites filles, Mélodie née en 1988 et Annabelle née en 1993. Au bout de quelques années, la relation se dégrade entre les deux époux, chacun en attribuant la responsabilité à l’autre. Profitant d’un séjour de sa femme aux Antilles, F.S. essaie de s’emparer de ses deux filles pour les emmener à Beyrouth. En raison de l’opposition de la directrice de l’école de Mélodie, il ne parvient pas à ramener l’aînée de ses filles, mais il a plus de chance avec la benjamine, le 2 janvier 1997. Divorce aux torts partagés Revenue en catastrophe en France, Fernande introduit aussitôt une action en divorce auprès des tribunaux civils de Paris et réclame la garde de ses deux filles. Les tribunaux français prononcent le divorce aux torts de Fadi le 14 mai 1998, lui enjoignent de restituer Annabelle à sa mère et le condamnent à une forte amende et à deux ans de prison pour vol et usage de faux. Révolté, Fadi porte son affaire devant les tribunaux libanais. La Cour d’appel de Beyrouth, présidée par le magistrat Marwan Karkabi, décide le 18 août dernier de prononcer le divorce aux torts partagés et accorde la garde de Mélodie à sa mère et celle d’Annabelle à son père. Cette décision, pour étrange qu’elle soit, est dictée selon les attendus du jugement par une volonté d’être pragmatique. La Cour sait très bien que dans ce genre de situation, l’exequatur du jugement des tribunaux français ne peut être obtenue et la réciproque est vraie. C’est pourquoi elle a préféré trouver un compromis acceptable pour les deux parties, d’autant que le double procès, en France et au Liban, a donné lieu à un déballage des plus sordides entre les ex-époux, hautement préjudiciable pour les enfants. Résultat :les Français crient à l’incompétence des tribunaux libanais pour statuer sur cette affaire et ces derniers invoquent des articles du code libanais de procédure pénale pour justifier leur position. L’affaire a pris une telle ampleur que, selon certaines sources, le président français Jacques Chirac l’aurait évoquée avec le président du Conseil, Rafic Hariri, au cours de sa dernière visite à Beyrouth, en mai, à l’occasion de l’inauguration de la conférence des maires francophones. Tout comme, d’ailleurs, l’ambassadeur du Brésil au Liban aurait évoqué, avec les autorités libanaises, le cas de sa compatriote privée de ses enfants, emmenés par leur père , Atef Abbas. Solution équitable? Sans remettre en cause les relations libano-françaises, le cas de Fadi et Fernande pose quand même un important problème, à la fois humain et juridique. Déjà la partie française a décidé de se pourvoir en cassation au Liban, mais, selon les experts en droit, la loi libanaise reconnaît clairement la compétence de ses tribunaux pour statuer sur ce genre de dossier. Quel sera, dans ce cas, l’avenir de Mélodie et Annabelle? C’est tout le problème des couples mixtes, de nationalités et d’horizons différents, qui se pose à travers leur cas. Un problème auquel il est hélas difficile de trouver des solutions vraiment équitables.
On connaissait déjà la triste histoire de Betty Mahmoody et le best-seller qu’elle en a tiré «Jamais sans ma fille». Si, à l’époque, de nombreuses lectrices en avaient été émues, la plupart d’entre elles croyaient que de telles histoires n’arrivent pas dans la réalité. Et pourtant ! Après le rocambolesque enlèvement au Liban d’un petit garçon par sa mère...