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Actualités - ANALYSE

Un objectif coriace, la réforme administrative ...

La réforme administrative, annonce-t-on de partout, devra être la priorité reine du prochain régime. Pourra-t-il réussir là où tous les autres ont échoué…Et comment devra-t-il procéder ? Les antécédents sont en effet loin d’être encourageants. Parmi l’une des plus importantes réalisations du régime Chéhab, il y a eu jadis la mise sur pied d’organismes de contrôle administratif et comptable :la Cour des comptes, le Conseil de la Fonction publique, le Conseil de discipline générale, l’Inspection centrale et diverses autres inspections spécialisées comme la judiciaire ou la financière. Le tout soutenu par certains départements, comme le plan ou la direction centrale des statistiques. Ce tissu aux mailles théoriquement resserrées devait moderniser les rouages vétustes d’une Administration qui restait alors un composé de pratiques ottomanes et françaises. On pensait pouvoir à travers ces instruments de régulation et de surveillance rationaliser les services publics, les épurer, leur donner de la transparence (terme qui, à dire vrai, n’était pas utilisé à l’époque) et démultiplier leur efficience en mettant la compétence en vedette. Le recrutement, était-il prévu, ne devait s’effectuer que par voie de concours, sous la supervision du Conseil de la Fonction publique. Faisant même presque œuvre de pionnier, et alors que l’informatique était encore plutôt balbutiante, le Liban se lançait dans la mécanisation de quelques secteurs tests… Un bel édifice que la gangrène politicienne n’a cependant pas tardé à rendre inhabitable. Peu à peu, petit à petit, les interventions, les sollicitations, les pressions de la classe politique ont grippé les organismes de contrôle. Usant de prérogatives régaliennes, au titre que le pouvoir politique prend le pas sur le pouvoir administratif, divers dirigeants, présidents ou ministres ont rétabli de fait la coutume arbitraire des nominations sans voie de concours, des parachutages, en somme. Au besoin, on créait à tour de bras des emplois fictifs, des sinécures pour caser amis, partisans ou électeurs. Jonglerie qui, faut-il dire, a connu ses sommets sous la présente troïka, de l’aveu même de ses membres. Des sommes faramineuses ont été successivement gaspillées sur des projets échappant à tout contrôle comptable, par le biais d’accords de gré à gré, sans adjudication. Ministère Les organismes de contrôle étaient dépassés, paralysés. Et par voie naturelle de conséquence, un décret pris en 1976 supprimait d’un trait l’immunité originelle du Conseil de la Fonction publique et de l’Inspection centrale, dont le rôle était dès lors réduit à presque rien. En 1997, prise d’un tardif remords, l’Assemblée nationale a rétabli cette immunité, pour préserver derechef ces deux instances des immixtions politiques. Mais le texte protecteur n’est toujours pas appliqué… La présente République a créé, mais qui s’en est aperçu, tout un ministère de la Réforme administrative. Les ministres qui se sont succédé, notamment MM. Zaher el-Khatib et Anouar el-Khalil, ont travaillé d’arrache-pied à préparer des plans, très complets, très fouillés. Pour se cogner ensuite la tête contre le mur, en constatant qu’on ne voulait tout simplement pas les écouter. Ainsi, M. el-Khalil a dénoncé dans une conférence de presse le barrage dressé contre son programme par des centres de force politiques ou confessionnels. Réaliste, l’actuel titulaire du portefeuille, M. Béchara Merhej, a fait changer le nom de son département, devenu ministère du Développement administratif et non plus de la Réforme, car à son avis, celle-ci est tout simplement hors de portée. Il relève à son tour dans une déclaration publique que la nature confessionnelle du système libanais empêche les décisions politiques radicales qui seules peuvent réaliser la réforme et la modernisation de notre Administration. Un exemple récent : le programme de rotation entre directeurs généraux a été bloqué par le système de facto qui définit le partage confessionnel des postes de première catégorie. Autre problème, plus organique : le vieillissement du personnel actif (on ne parle pas des fonctionnaires fictifs recrutés récemment) dont la moyenne d’âge dépasse désormais les 55 ans. Tant qu’il s’agit d’opérer à la main, si l’on peut dire, ce n’est pas grave ;mais il est évident qu’avec un effectif aussi blanchi sous le harnais, il est plutôt difficile de passer aux avantages, incontournables, de l’informatique et même de l’internet. Parallèlement, et c’est là une évidence dont le pouvoir se rend compte puisqu’il a formé une commission à cet effet, il faut dépoussiérer et alléger les règlements ainsi que les formalités. Les hommes d’affaires en savent quelque chose : chaque fois qu’ils veulent traiter avec l’étranger et passer par les douanes, c’est un volumineux dossier, visé par plusieurs administrations distinctes, qu’ils doivent constituer. Le tout fonctionne généralement, à cause même de la complexité du labyrinthe, à coups de pots-de-vin. Aussi une simplification des procédures devrait alléger un peu la corruption ambiante. A cette nuance près qu’on n’aura pas touché là à la grosse corruption, qui éreinte les finances publiques, aux magouilles et aux contrats douteux. Mais là, c’est affaire de mentalité politique…
La réforme administrative, annonce-t-on de partout, devra être la priorité reine du prochain régime. Pourra-t-il réussir là où tous les autres ont échoué…Et comment devra-t-il procéder ? Les antécédents sont en effet loin d’être encourageants. Parmi l’une des plus importantes réalisations du régime Chéhab, il y a eu jadis la mise sur pied d’organismes de...