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Actualités - ANALYSE

Une course finie avant de commencer

Tel qui s’endort pape se réveille toujours cardinal… Cet axiome qui accompagne les conclaves romains de fumée — noire pour un scrutin nul, blanche pour l’élection d’un nouveau Saint-Père —, est repris en chœur par les présidentiables qui veulent encore croire en leurs chances. Mais Emile Lahoud est donné si gagnant que la plupart de ces postulants baissent les bras découragés et cessent toute campagne. Ils ont techniquement tort. Car rien n’est dit tant que le mot d’ordre n’est pas donné. Et tant que le chef de l’État, M. Élias Hraoui, n’a pas obtenu audience du président Hafez el-Assad. Un peu dépités, les proches de Baabda reconnaissent en effet que le rendez-vous, sollicité depuis plusieurs semaines et qui aurait déjà pu intervenir, a été reporté sine die par Damas. Sous le prétexte, très convaincant on s’en doute, que M. Assad — nonobstant les quatre heures d’entretien accordées récemment à M. Berry — a un programme trop chargé actuellement pour se consacrer à des interlocuteurs libanais. Mais les hraouistes, qui n’en sont pas à leur première couleuvre avalée, «espèrent fermement» que ce dernier sommet aura lieu mardi. Toujours est-il que, comme M. Berry vient de le souligner, l’intérêt se déporte maintenant d’une course présidentielle terminée avant que de commencer pour se concentrer sur la formation du prochain gouvernement. Autrement dit, pour condenser l’analyse, sur la nouvelle configuration des rapports de force internes que la composition de ce Cabinet devra illustrer. Du simple fait du départ de M. Hraoui, l’équation va changer du tout au tout à ce niveau, puisque l’actuel chef de l’État pourrait difficilement continuer à exiger la même part du gâteau ministériel, dont on lui attribue encore au moins le dixième (MM. Boueiz, Fakhoury et Barsoumian). Il est cependant encore trop tôt pour faire des pronostics. D’une part parce qu’il faut attendre pour connaître l’opinion, tout à fait essentielle, du nouveau chef de l’État. Et, d’autre part, parce qu’a priori, les bases arithmétiques mêmes sont appelées à changer, le gouvernement ne devant pas comprendre plus de vingt ministres au grand maximum, à en croire aussi bien les amalistes que les haririens. Scénario Pour le moment, on s’arrête donc plus volontiers dans les cercles politiques sur la chronique d’une élection annoncée. «Il faut prendre garde, s’écrie un ministre influent qui aime bien jouer les Cassandre, à une surprise, un parachutage inattendu de dernière heure. La déception de beaucoup serait très forte, le climat risquerait d’en être empoisonné et à terme, il pourrait y avoir un danger de sédition». Puis, se rassurant lui-même, ce ministre indique qu’au stade actuel, «on met en scène avec soin le scénario de l’avènement du général Lahoud dans ses différentes étapes. Il devra y avoir tout d’abord un décret convoquant l’Assemblée nationale à une session extraordinaire. Contrairement à ce que certains pensent, cela ne nécessite pas une réunion du Conseil des ministres, mais une concertation des trois présidents. Laquelle se fera dès le retour de M. Hariri de Washington via Paris probablement mardi, si ce jour-là M. Hraoui n’est pas à Damas. La séance pour l’amendement de l’article 49C (Constitution) devrait alors se tenir le 6 octobre. Deux jours plus tard, les députés éliraient le général». Ce ministre pense qu’avant le départ de M. Hraoui à la retraite, il y aurait, entre lui et les deux autres membres de la troïka, d’ultimes retrouvailles de réconciliation, soit à Baabda (à l’occasion de la prochaine visite officielle du président Assad) soit à Damas. Pour l’émotion, pour la forme et pour l’image de marque du chef de l’État sortant auquel, conclut-il, les Syriens vouent de la gratitude.
Tel qui s’endort pape se réveille toujours cardinal… Cet axiome qui accompagne les conclaves romains de fumée — noire pour un scrutin nul, blanche pour l’élection d’un nouveau Saint-Père —, est repris en chœur par les présidentiables qui veulent encore croire en leurs chances. Mais Emile Lahoud est donné si gagnant que la plupart de ces postulants baissent les bras...