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Actualités - CHRONOLOGIE

Schrôder met fin à l'ère Kohl Allemagne : la génération de l'après-guerre au pouvoir (photos)

Le social-démocrate Gerhard Schröder a mis fin dimanche aux 16 années de l’ère du chrétien-démocrate Helmut Kohl, plus ancien chef de gouvernement européen en activité. Avec le très médiatique Gerhard Schröder, 54 ans, c’est un homme issu des générations de l’après-guerre qui arrive au pouvoir: la volonté de «changement», de «nouveauté», de «modernité» a triomphé de «la sécurité» et de «la continuité» incarnées par Helmut Kohl, 68 ans. Pour le vieux lutteur, qui avait déjà mis au tapis cinq rivaux sociaux-démocrates, l’actif de la réunification allemande et de la construction européenne a été laminé par le passif d’un chômage record (4,3 millions de chômeurs en moyenne en 1998 et, dans l’ex-RDA, le double de l’Ouest). Avec dignité, Helmut Kohl a immédiatement reconnu sa «très claire responsabilité dans la défaite», annonçant sa démission de la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) qu’il présidait depuis 25 ans, et salué «le succès personnel de Gerhard Schröder». Ce dernier a de son côté proclamé que «l’ère Kohl est terminée» et salué «un changement de générations». Il a souligné que c’était «la première fois de l’histoire de la République fédérale, fondée en 1949, qu’un chancelier sortant est renvoyé dans ses foyers par les électeurs eux-mêmes». Gerhard Schröder sort ainsi le Parti social-démocrate (SPD) de 16 années d’opposition et devient le troisième chancelier social-démocrate de la République fédérale après Willy Brandt et Helmut Schmidt. Il sera le premier chancelier depuis 1945 à diriger l’Allemagne depuis sa capitale, Berlin. C’est à lui que reviendra la redoutable charge de faire entrer dans le XXIe siècle le plus puissant des pays européens avec un double défi: préparer la première économie d’Europe et la troisième au monde aux réformes indispensables dans une compétition mondiale exacerbée et préserver le consensus d’un peuple ayant pris l’habitude d’un haut niveau de confort et de protection sociale. La victoire du SPD accentue encore le caractère «rose pâle» de l’Union européenne, seuls deux pays seulement, l’Espagne et l’Irlande, étant dirigés par des gouvernements strictement conservateurs. Mais, s’il a gagné les législatives, Gerhard Schröder devra sans doute former un gouvernement de grande coalition avec les remuants écologistes puisque, selon les dernières estimations des télévisions, il dispose avec cette formation d’une majorité absolue de députés au Parlement avec une avance de dix sièges. Quant aux communistes rénovés du PDS, fortement implantés dans l’ex-RDA, mais diabolisés à l’Ouest, ils auraient obtenu de 5,2 à 5,3% des voix (4,4% en 1994) et disposeraient ainsi d’un groupe parlementaire de plus d’une trentaine de sièges. Dans cette configuration, une coalition SPD-Verts tournerait autour de 340 sièges. Il n’en reste pas moins que le président du SPD, Oskar Lafontaine, a renvoyé une décision sur une coalition à lundi, se bornant à déclarer que «l’important sera le programme à réaliser en commun». Réflexion identique de M. Schröder: «Il serait prématuré de dire aujourd’hui» quelle sera la coalition qui sortira des élections de dimanche, sans en connaître encore les résultats définitifs, a-t-il déclaré. «Je peux répéter que je ne dirigerai pas un gouvernement soutenu par le SPD», les communistes rénovés, a-t-il assuré. En attendant le résultat final, le SPD est crédité de 41 à 41,9% des voix (36,4 en 1994) contre seulement de 35 à 35,3% à la CDU-CSU (41,4% en 1994). C’est dans l’ex-RDA, qui court après «les paysages florissants» imprudemment promis par Helmut Kohl au lendemain de la réunification, que la décision s’est faite, d’après les instituts de sondage: le SPD est passé de 31,5% à 36%, tandis que la CDU essuyait une déroute dégringolant de 38,5% à 29%, soit une perte de près du quart de ses électeurs. Enfin l’extrême-droite, qui se présentait divisée, échoue une nouvelle fois dans sa tentative d’entrer au Parlement. Participation élevée La participation a été élevée, particulièrement dans l’ex-RDA, ce qui explique en partie le succès du PDS, héritier du parti communiste SED, qui, d’après les estimations des télévisions, a progressé à l’Est à nettement plus de 20% des suffrages (19,4% en 1994). En 1994, il était entré au Bundestag grâce à une disposition particulière du Code électoral qui permet à un parti de siéger à la Chambre basse s’il obtient au moins trois sièges dans une des 328 circonscriptions à pourvoir directement. Cette fois, en franchissant la barre des 5%, il disposera d’un véritable groupe parlementaire. Dans toute l’Allemagne, selon les estimations des télévisions, la participation a été de 79,1% par rapport à 79% au précédent scrutin. Le succès de M. Schröder aux législatives est complété par la victoire du SPD à l’élection régionale de Mecklembourg-Poméranie, un Land jusqu’à présent avec un gouvernement de grande coalition à direction CDU.
Le social-démocrate Gerhard Schröder a mis fin dimanche aux 16 années de l’ère du chrétien-démocrate Helmut Kohl, plus ancien chef de gouvernement européen en activité. Avec le très médiatique Gerhard Schröder, 54 ans, c’est un homme issu des générations de l’après-guerre qui arrive au pouvoir: la volonté de «changement», de «nouveauté», de «modernité» a...